Barthélemy O'Mahony
Comte O'Mahony
1748-1825
Lieutenant-général au service du Roi de France
Colonel dans l'armée britannique
Grand-Croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis
Chevalier de Malte (non profès)


Possible portrait de Barthélemy O'Mahony ( © collection particulière )



Cette miniature, qui n'est plus chez les O'Mahony, provient de la succession d'Alphonsine O'Mahony (1840-1929), petite-fille de Barthélemy et dernière vivante des enfants d'Arsène et Augustine Pasquier de Franclieu, succession recueillie par sa nièce, Madame de Jarente. Peinte sur ivoire, cette miniature de 5,5 cm de diamètre, n'est ni datée, ni signée, ni légendée. Donc rien ne permet de certifier qu'il s'agit de Barthélemy mais on peut légitimement penser que c'est la miniature "de mon grand-père en habit civil" que cite Paul O'Mahony dans un inventaire de ses biens (1871). On notera également le "nez aquilin" et le "menton petit" ainsi décrit sur un de ses passeports (voir plus loin).






"Dépouillé en Irlande de la fortune de mes Pères pour la cause de mon Dieu,
j'ai perdu tout ce que je possédais en France pour la cause de mon Roi".
1er juillet 1816


   
A gauche cachet de cire représentant les armoiries de Barthélemy, avec la croix de Malte
le blason est surmonté d'une couronne princière britannique (neveux de l'héritier du trône)
le cimier est le senestrochère que l'on retrouve dans toutes les branches O'Mahony



Fils de Michael O'Mahony, gentilhomme au comté de Kerry en Irlande, et d'Helena Holles, Bartholomew O'Mahony est né dans une famille d'illustre et ancienne origine, privée de tous ses droits par les lois pénales anglaises. Son arrière-grand-père Thadée, le dernier d'une lignée de hauts shérifs du comté de Kerry, tué à Anghrim en 1691, avait été proscrit ainsi que son fils pour cause de religion. Il a été baptisé le 5 janvier 1748 à Castle Island, en ce même comté. Son parrain est Denis Mac Mahon et sa marraine Elizabeth FitzGerald. Il a un frère aîné, Owen (Eugène), décédé sans postérité de son mariage avec une demoiselle de Courcy, de la maison des lords de Courcy, premiers barons d'Angleterre et trois sœurs, dont on ne connait rien.


   
Extrait du registre des baptêmes de Castle Island
(Dossier militaire de Barthélemy au Service historique de la Défense)
-cliquer sur les miniatures pour agrandir-



Né irlandais, dans une famille victime depuis 1652 de la proscription et de la séquestration des biens, infligées au titre de rebellion armée et fidélité à la religion catholique, interdit d'éducation et de nombreuses professions, Barthélemy, comme bien d'autres jeunes irlandais ambitieux, n'a d'autre perspective que de se rendre sur le continent, ce qu'il fait dès l'âge de quinze ans. Il y est reçu à Paris, en 1763, par son oncle paternel Barthélemy Joseph, médecin du Roi.


Officier du régiment de Clare 1763-1776

Barthélemy s'engage le 6 septembre comme cadet dans le régiment de Clare, dont le colonel propriétaire est Charles O'Brien de Clare, vicomte de Thomond, et le colonel commandant Thomas Tyrell, comte de Betagh. Le 1er février 1765 Jean Vinflantey, exerçant l'office de roi d'armes du royaume d'Irlande, dresse signe et scelle un tableau généalogique des auteurs de Barthélemy, sur huit degrés. Le 21 février 1765 le roi d'armes du royaume d'Irlande dresse sa généalogie, scellée du sceau du dit roi d'armes, légalisée par Lord Hamilton, vice-roi d'Irlande, et le comte de Guerchy, ambassadeur du Roi près le roi d'Angleterre. Elle débute avec Fyneen O'Mahony, sénéchal en Desmond du roi Mac Carthy Mor puis Haut Shériff du comté de Kerry par lettres de créance de la reine Elizabeth datées du 20 juin 1565.



Tableau généalogique sur 8 générations dressé en 1765
Voir ici


Voir également ici les ancêtres de la branche du Kerry (depuis 1327)



Naturalisé Français par lettres données à Versailles le 26 mars 1767, Barthélemy fait une demande en novembre pour être admis dans l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (Malte). Il a 19 ans et sa demande est rejetée car à cette époque l'Ordre limitait l'accès aux étrangers.



Document autographe de l'évèque du Kerry (Nicholas Madgett), daté du 10 avril 1767, avec son sceau.
dans lequel il donne l'autorisation à Barthélemy d'être initié à la première tonsure cléricale
et de la recevoir d'un prêtre dûment reconnu par le Saint-Siège qu'il aura choisi.



Il est promu sous-lieutenant au même régiment le 25 décembre 1769 et avec rang de capitaine à la suite du dit régiment, le 23 janvier 1771.







Original sur velin des lettres de Naturalité signées du Roi et "scellées du Grand Sceau de cire verte sur lacs de soie verte et rouge"
Sur le repli la signature de Phelypeaux et un visa du Roi.
Le Grand Sceau vert (semblable à celui de l'image) a été perdu





Copie papier de lettres de Naturalité (A.N. P 2597)


"Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre, à tous présens et à venir, Salut. Notre amé Barthélemy O'Mahony, fils de Michel O'Mahony et d'Hélène Holles, ses père et mère, de la famille noble de Castel Island, au comté de Kerry, province de Mammony [=Munster], en Irlande, faisant profession de la religion catholique apostolique et romaine, nous a fait représenter que depuis longtemps il se destine à notre service et demeure en notre royaume, où il a fait pour toujours sa résidence, et que, pour participer aux droits, avantages et privilèges dont jouissent nos véritables sujets et régnicoles, il désirait qu'il nous plut le pourvoir de nos lettres de naturalité à ce nécéssaires, qu'il nous a très humblement fait supplier de lui octroyer. A ces causes et sur les témoignages qu'on nous a rendus de la fidélité et de l'attachement du dit S. O'Mahony, nous l'avons tenu censé et réputé et de notre grace spéciale, pleine puissance et autorité royale reconnaissons, tenons, censons et réputons par ces présentes , signées de notre main, pour notre vrai naturel sujet et régnicole, voulons et nous plait que comme tel, il lui soit permis de fixer sa demeure en telle ville de notre royaume que bon lui semblera, qu'il jouisse des privilèges, franchises, libertés, avantages et droits dont jouissent nos autres originaires sujets et régnicoles dans l'étendue de l'Ile de France et partout où il fixera son domicile ; qu'il puisse avoir et posséder tous biens, meubles et immeubles qu'il aurait acquis et pourrait acquérir dans la suite ou qui lui seraient donnés, légués ou délaissés et quelque sorte et manière que ce soit ; en jouir, ordonner et disposer par testament, ordonnance de dernière volonté, donnation entre vifs ou autrement, ainsi que de droit est permis ; et qu'après son décès, ses enfants, héritiers ou ayant cause en faveur desquels il en aura disposé puissent lui succéder, pourvu toutefois, qu'ils soient nos régnicoles, de même que si le dit Sr. O'Mahony était né dans notre royaume et sous notre obéissance, sans qu'en vertu des ordonnances et reglements d'icelui, il lui soit fait aucun trouble, ni empêchement et que nous puissions prétendre les dits biens nous appartenir par droit d'aubaine ou autrement en quelque sorte et manière que ce soit, l'ayant, quant à ce habilité et dispensé, habilitons et dispensons par ces mêmes présentes et sans qu'il soit tenu de nous payer ni à nos succeseurs Rois, aucune finance ni indemnité de laquelle, et à quelque somme qu'elle puisse monter, nous lui avons fait et faisons don par ces présentes, à la charge par le S. O'Mahony de finir ses jours dans notre royaume dont il ne pourra sortir sans notre permission expresse et par écrit, et de ne s'entremettre pour aucun étranger à peine de nullité des présentes, Ci donnons en mandement à nos amez et féaux conseillers, les gens tenans notre Chambre des comptes à Paris, Présidens, Trésoriers de France et généraux de finances en la généralité de la ville que ces présentes nos lettres de naturalité, ils ayent à faire registrer, et de leur contenu jouir et user le dit O'Mahony pleinement, paisiblement et perpétuellement, cessans et faisant cesser tous troubles et empêchemens contraires, car telle est notre plaisir; et afin que ce soit chose frme et stable à toujours, nous avons fait mettre notre sceau à ces dites présentes".



C'est à cette époque que Barthélemy se serait vu confier la mission secrète relatée ici, sur proposition de son oncle ambassadeur d'Espagne auprès de la cour de Vienne.

Le régiment se rendit à Gravelines en mai 1763, à Philippeville en avril 1764, à Gravelines en novembre 1764, à Berghes en août 1765, à l'île de Ré en octobre 1765, à Blaye en octobre 1766, à Bayonne en juin 1767, à Marseille en octobre 1767, à Landrecies en juin 1768, à l'île d'Oléron en septembre 1769 et à Rochefort en janvier 1771.
Il s'embarqua dans ce port pour passer aux îles de France (Réunion) et de Bourbon (Maurice). Rentré en France par Brest et Lorient en juillet 1772, il arrive à Béthune au mois d'octobre, puis à Rocroi en octobre 1773, à Bouchain en septembre 1774, enfin à Valenciennes en juin 1775.
Ce fut là qu'on l'incorpora, par suite de l'ordonnance du 26 avril, avec le régiment de Berwick, qui forma son 2e bataillon et dont il prit le nom et les couleurs.



Commission de sous-lieutenant dans le régiment de Clare (23 janvier 1771)


Officier du régiment de Clare (1772)



En janvier 1774, Barthélemy fait une nouvelle demande pour être reçu dans l'Ordre de Malte.



mémoire envoyé le 12 janvier 1774 à M. Lagent
(AN M//909 pièces 94-138)


Le chevalier de Mahony a l'honneur de supplier très humblement son Excellence Monsieur le Bailly de Fleury [ambassadeur de Malte à Paris de 1767 à 1774] de vouloir bien accomander son mémoire et l'appuyer de son crédit auprès de Mgr le Grand Maître, en faisant valoir ses lettres de naturalité, ses services en France et son âge qui ne peut guèle lui premettre de jamais prétendre à aucune commanderie.
Il supplie aussi son Excellence de vouloir bien observer à Mgr le Grand Maître que si toutefois on a résolu de ne plus admettre d'étrangers, cette loi ne peut avoir lieu vis à vis le présent suppliant puisque sa première demande a été faite au mois de 9bre 1767 et que depuis lobjection que la vénérable langue a fait dans ce temps là, on a admis depuis deux chevaliers irlandais (M. Rothe et M. White) qui ne pouvaient pas prétendre à cette grâce par plus de titres que le dit suppliant qui étant d'une maison pour le moins plus ancienne a encore l'avantage d'être au service de la France.



              
Demande (non datée) d'enregistrement d'un bref pour être reçu dans les limites du Grand Prieuré de France



Cette fois-ci la demande aboutira et, le 27 juin 1774, il est reçu de majorité au rang de chevalier de justice de l'Ordre de Malte en la vénérable langue et Grand Prieuré de France, dont le chapitre se réunissait au Temple tous les ans le 12 juin [voir l'inventaire sommaire des archives des généalogistes de l'ordre souverain de Saint-Jean-de Jérusalem (Malte) pour les trois langues de France, p. 139 ici, et le catalogue des chevaliers de Malte, de La Roque, p.178, ici, et L'Ordre de Malte : ses grands maîtres et ses chevaliers par Saint-Allais.] Les chevaliers de justice étaient ainsi nommés car ils avaient fait leurs preuves de noblesse de nom et d'armes sans avoir besoin de recours à aucune dispense pour les établir. C'est parmi eux que se recrutaient les chevaliers profès. Le droit de passage qu'ils devaient payer était de 3 155 livres. D'après l'ordonnance de 1631, ils devaient se rendre au couvent à Malte à l'age de 25 ans pour pouvoir faire profession à l'âge de 26 ans. Cependant, dans L'ordonnance des Chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (Malte) édité en 1893, Montagnac écrit qu'une fois admis dans l'ordre les chevaliers de justice peuvent commencer leur noviciat quand bon leur semble, aucun terme ne leur étant fixé pour cela. J'ignore quand le changement eut lieu. On notera que Barthélemy a 26 ans ! Il avait acquitté au préalable la somme de 2 325 livres.



Quittance du 10 juin 1774 d'une somme de 2 325 livres
"pour êre reçu de majorité au rang de chevalier de justice en la vénérable langue et grand prieuré de France"



Par une quittance du 27 mars 1775, on sait que Barthélemy a payé 600 livres d'accompte du procès verbal de ses preuves. Au mois de juillet, il reçoit un document relatif à la première tonsure.



Bref de Jean Dominique Mainard à noble seigneur Barthélemy O'Mahony soldat de la vénérable langue de France,
donnant licence pour que l'archevêque ou l'évêque, dûment reconnu par le Saint-Siège,
qu'il aura choisi puisse l'initier à la première tonsure cléricale et que ce soit valide



A cette époque, quand Barthélemy n'était pas avec son régiment, il logeait chez son oncle le docteur O'Mahony, ainsi que Daniel O'Connell, son parent et "ami de cœur". Le 29 mars 1775, le dit oncle remet à Barthélemy un testament holographe qu'il déposera chez maître Truta, notaire à Paris, le 29 novembre suivant, lendemain du décès du docteur. Dans l'acte notarial, il est qualifié "Messire Barthélemy de Mahony, chevalier non professe de l'ordre de St Jean de Jérusalem, capitaine au régiment irlandais de Berwick, demeurant chez M. de Mahony son oncle ci-après nommé, à l'hôtel de Valois, rue de Tournon, paroisse Saint-Sulpice." On voit ainsi que Barthélemy fut effectivement incorporé au régiment de Berwick. Son oncle décédé, il dut quitter l'hôtel de Valois et déménagea alors rue du Regard.



Testament holographe du docteur O'Mahony
-cliquer sur la miniature pour agrandir l'image-



"Mon très cher neveu, je vous remet ce papier où vous trouverez en peu de mots mes dispositions en votre faveur par lesquelles je vous déclare mon seul et unique légateur universel sans que vous soyez responsable à personne ni dans la nécessité de rendre compte à personne de tout ce que je pense avoir après ma mort. J e vous exhorte d'avoir toujours avant vos yeux l'amour et la crainte de Dieu. Soyez toujours honnête homme que l'honneur et la probité soient vos guides. En cas que je ne puisse donner à madame Missier trois mille livres avant ma mort, je vous engage de lui donner cette somme et en outre j'exige de vous de les placer sur sa tête pour lui faire une rente viagère qu'elle ajoutera aux deux cents livres de rente viagère qu'elle a de moi provenant de deux mille livres dont je lui ai fait présent et qu'elle a mise chez Maitre Bxo notaire. En outre je vous recom cette dame son lit, chaise et elle recevra de vous. De rechef je vous la recommande. Je compte sur votre sincérité. Cette déclaration en votre faveur suffira en attendant que je puisse l'écrire en meilleure forme. A Paris ce 29 mai 1775."



Officier du régiment de Walsh 1776-1784

Barthélemy reçoit alors une commission de capitaine en second dans le régiment de Walsh-infanterie, compagnie de chasseurs (27 juin 1776) et est promu colonel à la suite du dit régiment, le 29 décembre 1777 (brevet expédié le 15), avec un traitement de 3 000 livres. Le régiment de Walsh, alors commandé par Georges de Kendall, se rendit à Quimper en juillet 1778. Il était tout entier à bord de la flotte du comte de Guichen pour la campagne de 1780-81 aux îles du Vent et sous le Vent, et se trouvait aux combats des 17 avril, 15 et 19 mai, entre cet amiral et Rodney. En 1781-1782, le régiment prend part à la troisième campagne de la guerre d'indépendance des Etats-Unis, sous le commandement de l'amiral de Grasse, et se distingue à la prise de l'île de Tabago. Dans les états de services de Barthélemy, seules sont citées pour cette période "les campagnes de 1780 et 1781 avec le régiment de Walsh aux Iles du Vent et dans le Vent, dans le grade de colonel". Mais dans les archives des Colonies se trouve un mémoire dans lequel Barthélemy demande "la place de commandant de la Partie du sud vacant à Saint-Domingue par la mort de M. de Bouillé". Charles Pierre Antoine, marquis de Bouillé occupait cette place depuis un mois, lorsqu'il mourut le 17 novembre 1780. Sa demande ne fut pas exhaussée et il rentra en France avec l'escadre du comte de Guichen qui quitta la Martinique le 1er juillet 1780, et il arriva dans les premiers jours de janvier 1781.


          
Commission pour tenir rang de colonel d'infanterie et lettre d'accompagnement (29 décembre 1777)
ordonnance du 6 avril 1778 et commission de colonel d'infanterie à la Martinique (10 octobre 1779)

  
Mémoire demandant la place de commandant de la partie sud de Saint-Domingue (1780)
Accord du ministère pour payer ses appointements (1781)
Pour d'autres documents des colonies, voir ici


Officier porte drapeau et chasseur du régiment de Walsh


Combat naval de la Dominique, le 17 avril 1780, par Gilbert-Pierre Julien
-Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon-



Luc Urbain de Bouexic, comte du Guichen (1712-1790), vient d'être promu lieutenant général des Armées navales lorsqu'il est envoyé, le 3 février 1780, aux Indes Occidentales (les Antilles) avec une escadre forte de 16 vaisseaux de ligne et de 4 frégates. Sous le vent de la Martinique il est opposé à l'amiral Rodney, adversaire redoutable, qu'il vainquit lors des affrontements des 17 avril, 15 et 19 mai, connus sous dans les archives navales comme "Les trois combats de M. de Guichen".



Certificat de vie du chevalier de Mahony daté du 7 janvier 1780, déposé le 16 chez le notaire (MC/ET/LVIII/496).
Il en existe un autre daté du 30 septembre suivant ((MC/ET/LVIII/501).



"Nous Messire Olivier Bergevin du Loscoat, conseiller du Roi, son sénéchal, premier magistrat, civil, criminel et de police au siège royal de Brest, certifions que Monsieur Barthélemy de Mahony, chevalier de Malthe et colonel d'infanterie attaché au régiment de Walsh, né à Castel islande dans le comté de Kerry en Irlande, est vivant par s'être présenté ce jour devant nous, en foy de quoi donnons le présent qu'il signe avec nous en notre hôtel de Brest, ce jour sept janvier mil sept cent quatre vingt."



Don Demetrio, comte O'Mahony, lieutenant général, ambassadeur d'Espagne à Vienne, commandeur de l'Ordre de Saint-Jacques, était décédé le 26 décembre 1777, sans descendance. Sa nièce, la princesse Giustiniani est son héritère. Barthélemy perdait ainsi un important appui. Quelques mois auparavant l'ambassadeur, exécuteur testamentaire d'un parent et homonyme, le lieutenant-colonel O'Mahony, mort au service de l'Espagne, commandeur d'un ordre distingué, avait chargé le chevalier Barthélemy O'Mahony d'enquéter auprès de ses amis irlandais pour retrouver les héritiers (O'Mahony de Tranlanloe) et d'expédier à M. French, marchand à Cork, les 2 000 livres à leur remettre.

Rentré en France, Barthélemy obtient (achete ?) en 1781 la charge de gouverneur-châtelain de Câteau-Cambrésis, qu'il conservera jusqu'à la Révolution (voir ici). Patrick Clarke de Dromantin signale qu'en 1781 le chevalier Barthélemy O'Mahony fut admis aux Etats du Cambrésis en fournissant une généalogie du héraut d'armes d'Irlande remontant à ses sextaïeux paternels et maternels alors que les trisaïeux étaient suffisants. Il s'agit là d'un cas unique, l'auteur n'ayant pas trouvé d'autre exemple de Jacobite étant entré dans des Etats provinciaux. Et d'ajouter : "Ce chevalier O'Mahony devait être un inquiet puisqu'en 1788, il sollicita des lettres de reconnaissance de noblesse ..." [Les réfugiés jacobites dans la France du XVIIIe siècle et A.D du Nord C 1840]. En fait Barthélemy n'avait fait que fournir un document qu'il possédait déjà à d'autres fins !

De même, le 19 août de la même année, il est reçu chevalier de Saint-Louis.

En 1783 il écrit au grand maître de l'Ordre de Malte, Emmanuel de Rohan-Polduc, pour lui signifier qu'il envisage de se marier et qu'il sollicite la faveur d'être autorisé à continuer de porter la croix de l'ordre. Nous n'avons pas copie de cette lettre, mais nous avons la réponse de grand maître, datée de Malte le 2 novembre 1783, dans laquelle il demande, pour obtenir la "nouvelle faveur", de fournir des témoignages authentiques sur l'alliance que vous aurez contractée et qui prouve qu'assortie à votre naissance elle ne contredit point la distinction qui devra suivre votre établissement.


   
Emmanuel de Rohan de Polduc, 70e Grand-Maître (1775-1797) et Lettre du 2 novembre 1783

Ce grand maître convoqua un chapitre général en 1776, le premier depuis 1631, qu'il présida lui-même. Il promulgua en 1787 un code nouveau (le code de Rohan), plus conforme aux mœurs et aux usages des habitants de Malte.



Rien ne permet de penser que l'épouse préssentie était Monique de Gouy d'Arsy, mais rien ne permet non plus de penser le contraire et d'adhérer à l'hypothèse émise par le général Bertrand O'Mahony, selon laquelle il y aurait eu quelques obstacles à surmonter pour que cette union soit célébrée. Si obstacles il y eut, ils devaient être de taille, car il fallut 4 ans pour les lever ! C'est en effet le 27 mai 1787 que Barthélemy épouse Monique, comme nous le verrons plus loin.


Le dernier colonel commandant du régiment de Berwick 1784-1792



                 
Composition du régiment de Berwick - Etat Militaire de France années 1785 à 1790
-cliquer sur la vignette pour voir l'image-



Le 1er janvier 1784, Barthélemy est nommé colonel (mestre de camp) en second du régiment de Berwick, le colonel propriétaire étant Jacques-Charles, 5e duc de FitzJames et le colonel commandant le chevalier de FitzJames.


     
Commission de mestre-de-camp en second du régiment de Berwick, lettre d'accompagnement, et note du Bureau des Graces



Le régiment était alors aux îles de Ré et d'Oléron où il restera jusqu'en octobre 1784 date à laquelle il est cantonné à La Rochelle.



Signatures des chevaliers de FitzJames et O'Mahony,
Mestres de camp commandant et en second du régiment de Berwick,
apposées sur le registre des mariages de Saint-Martin-de-Ré en 1787
à l'occasion du mariage d'un officier de ce régiment.



Le 18 mai 1785, le prince Charles Edouard Stuart, petit-fils du roi Jacques II, roi de Grande-Bretagne, lui accorde une attestation précisant que la famille O'Mahony est l'une des plus anciennes et illustres d'Irlande. Le 28 juillet de la même année, les pairs et membres de la Chambre des Communes du Parlement d'Irlande authentifient la généalogie entreprise par le Roi d'Armes irlandais en 1765 et complétée en 1786.


    
Début et fin de la généalogie de Barthélemy O'Mahony "chevalier de Malte et colonel en second du régiment d'infanterie de Berwick" authentifiée par les pairs du parlement d'Irlande en 1786

voir ici le document complet (en anglais) et la traduction ici


Un "mémoire pour une retraite" d'un certain Guillaume Pestou, est signé du chevalier de Mahony le 14 août 1786 à l'Isle de Ré où le régiment de Berwick est cantonné.

Barthélemy épouse le 27 mai 1787, au château de Malpierre à Rigny-la-Salle, dans la Meuse, Monique, fille du marquis de Gouy d'Arsy, veuve du comte des Salles et mère d'une petite Aurore. Les premiers bans avaient été publiés le 13 mai 1787 à Saint-Sulpice, Saint-Germain-l'Auxerrois et Saint-Martin en l'Ile de Ré. Un contrat avait été passé par devant Me Georges, notaire à Veaucouleurs le 24 mai contenant les conditions du mariages (voir ici). Dans une lettre à son frère, écrite à Paris le 22 février 1788, Daniel O'Connell écrivait : "Chevalier Mahony, maintenant appelé comte Mahony, a fait un mariage peu riche pour le moment mais qui le deviendra certainement plus tard." De cette union est issu un fils unique, Arsène, né le 31 décembre au Vieux Louvre, dans un appartement qui avait été donné par le Roi à Madame de La Lande, sous-gouvernante des Enfants de France, arrière-grand-mère de la mariée. Est-ce son ami Daniel O'Connell qui a mis en relation les époux ? On sait qu'il était amoureux d'une vicomtesse de Gouy, charmante veuve, qu'il voulait épouser quand sa situation le permettrait, mais qu'il n'épousa pas, sans doute parce qu'elle mourut trop tôt (dans les années 1795). Quel était le lien entre cette vicomtesse de Gouy et Monique (On sait que Michel-Balthazard, oncle de Monique, était titré vicomte de Gouy) ?



Extrait des registres des mariages de Rigny-la-Salle

Sur Monique de Gouy d'Arsy, voir ici


Le mariage étant interdit aux chevaliers de Malte, Barthélemy dût quitter l'Ordre et faire une demande auprès du Grand Maître pour avoir la permission de continuer de porter la croix.

Le registre des délibérations de MM de l'ordre de la Noblesse aux Etats du Cambrésis du 17 novembre 1787 nous apprend à propos de la remise en cause du réglement du 6 novembre 1786 qu'étant "nécessaire qu'il y ait un membre de l'ordre à portée d'instruire les ministres, [MM] ont adjoint M. le comte O'Mahony à leurs commissions [les marquis d'Havrincourt et d'Estournel] qu'il a bien voulu accepter."

Le 21 janvier 1788, il obtient les honneurs du Carrosse du Roi (B.N. Chérin 127), suit le Roi à la chasse le 30, obtient le 6 février la permission de porter l'habit d'équipage du Roi quand il le souhaite. On pouvait lire dans le Mercure historique et politique de Bruxelles : Le lendemain [21 janvier 1788], le comte Armand d'Allonville, le chevalier Antoine d'Allonville,le comte du Bobéril de Cherville, le comte O'Mahony, le comte O'Connel, le comte de Gibon de Kerisouet et le chevalier de Lamoignon, qui avaient précédemment eu l'honneur d'être présentés au Roi, ont eu celui de monter dans les voitures de Sa Majesté, et de le suivre à la chasse. Notons que le réglement du 17 avril 1760 prévoyait que nul homme ne pourrait être admis à monter dans les carrosses de Sa Majesté et la suivre à la chasse, qu'il n'ait préalablement produit devant le généalogiste de ses Ordres, trois titres sur chacun des degrés de sa famille, tels que contrats de mariage, testaments, actes de tutelles, donations etc., par lesquels la filiation sera établie clairement depuis l'an 1400.

Le 30 avril son épouse est présentée, par la duchesse de Fitzjames, au Roi, à la famille royale, et à la cour (son habit de présentation lui coûtera 2 400 livres). Si l'heureux gentilhomme admis aux honneurs n'en possédait pas déjà un, il était autorisé à porter devant son nom le titre de vicomte, comte ou baron, titre qui, bien que non attaché à une terre, était de fait héréditaire. Barthélemy cesse alors de porter le titre de chevalier pour celui de comte.



Table de la Gazette de France du 30 décembre 1788


        
de gauche à droite : Généalogie écrite par Chérin d'après les documents fournis par Barthélemy (cliquer sur l'image pour lire le texte complet),
lettre de Chérin, certificat du prince Charles Eugène de Lorraine, lettre d'un Bourbon (cliquer sur les vignettes pour agrandir)



Chasse de Louis XVI, montrant l'habit d'équipage, bleu galonné d'or.
Détail d'une plaque sur porcelaine de Sèvres de 1781
- Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon -


Barthélemy avait reçu une lettre du Grand Maître de l'Ordre de Malte, datée du 6 mars, l'autorisant avec autant de plaisir que je l'ai déjà fait le 2 novembre 1783 à entreprendre les démarches pour être habilité à reprendre, à titre de dévotion, la croix de l'Ordre.



Lettre du 6 mars 1788


Ayant fourni une généalogie de la maison de Gouy d'Arsy, il obtient l'autorisation de continuer à porter de dévotion la croix d'or de l'ordre, comme l'atteste un bref sur parchemin daté du 9 avril 1788 intitulé "Facultas gestandi crucem aurea devotionis causa pro Nobe Bartholomeo Ô Mahony" et rédigé en latin. Cela lui coûtera 300 livres (quittance du 10 mai). Il rentre dorénavant dans la catégorie des chevaliers non profès comme "chevalier d'honneur et de dévotion", dont le seul engagement est de prendre part aux œuvres humanitaires de l'Ordre.




Bref du 9 avril 1788 sous forme velin, d'Emmanuel de Rohan,
l'autorisant à porter au cou la croix en or spécifique de l'ordre, avec toutes les indulgences associées.
Toutefois ce privilège est annulé si le bénéficiaire se marie avec une femme de condition inférieure, etc.
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le même sous forme papier
au dos est écrit : Noble O'Mahony. Croix de Dévotion




Barthélemy reçoit le commandement du régiment le 10 mars 1788. On peut lire dans le Supplément aux Nouvelles Extraordinaires du 1er avril 1788 : « Vendredi dernier, les lettres pour la Promotion des Brigadiers au grade de Maréchal-de-Camp furent expédiées. Cette promotion est fort nombreuse, puisqu'elle comprend tous les brigadiers de 1784, excepté quelques Brigadiers Lieutenants-Colonels, qu'on veut encore conserver aux régiments auxquels ils sont attachés. Le lendemain on eut la liste des nouveaux Colonels-Commandants, qui remplacent les Colonels-Brigadiers, créés Maréchaux-de-Camp. » Suit la liste, dans laquelle on trouve : Berwick, Chevalier de Mahony.


  
Commission de mestre de camp commandant du régiment d'infanterie irlandaise de Berwick et lettre d'accompagnement

  
Lettre d'attache


Louis Joseph de Bourbon, Prince de Condé, Prince du sang, Pair et Grand maître de France, Lieutenant général des armées du Roi, chevalier de ses ordres, Gouverneur et lieutenant général des provinces de Bourgogne et de Bresse, colonel général de l'infanterie française et étrangère,
Vu le présent certificat portant que M. Barthélemi Cte de Mahony, a été nommé le dix mars 1788 colonel lieutenant du Régiment de Berwick
Nous conffions à qui il appartiendra que M. le comte de Mahony colonel lieutenant du regt de Berwick a reçu notre attache en la dite qualité, en foy de quoi nous avons fait expédier la présente que nous avons signé et fait contre signer par le lieutenant général de l'infanterie française et étrangère
signé Louis Joseph de Bourbon et Bologne de Lascours


Le régiment est à Boulogne depuis le mois d'avril. Le 31 juillet, Barthélemy y reçoit le prince de Condé (voir ici). Le 20 décembre il comparait devant La Rue et Drugeon, notaires au Châtelet de Paris, comme témoin pour un acte de notoriété que fit faire François de Wogan, capitaine des régiments de Dillon et de Lally. Il est qualifié : Messire Barthélemy O'Mahony, colonel du régiment de Berwick, chevalier de l'ordre de Saint-Louis, chevalier honoraire de l'ordre de Malthe et gouverneur châtelain des ville et châtellenie du Câteau Cambresis. Les autres témoins sont Jacques O'Flannagan, Théobald de Dillon, colonel du régiment de Dillon, Daniel-Charles O'Connell, commandant du régiment de Salm-Salm, Christophe-Alexandre de Fagan, Jean O'Toole et Jean Burke, proviseur du collège des Irlandais. A Boulogne Barthélemy signe plusieurs Mémoire pour une retraite adressées au Roi, notamment le 14 août pour le Sieur Richard O'Doyer. Il ajoute chaque fois une notepour appuyer la demande. Pour O'Doyer il écrit : "Cet officier qui a servi le Roy avec autant de zèle que de valeur pendant 50 ans mérite les grâces de Sa Majesté. Il est âgé et infirme et n'aura pour exister dans ses vieux jours que la pension de retraite qu'il sollicite. J'ai l'honneur de le recommander aux bontés particulières de Monsieur de Brienne" (Vincennes, carton XB 95, dossier Berwick). Une inspection est effectuée le 14 septembre ; on peut lire dans la colonne état-major : "M. le comte de Mahony est un excellent chef de corps".

Le procès verbal de l'Assemblée générale des trois ordres du bailliage de Chaumont-en-Bassigny, en Champagne, qui se tint le 12 mars 1789, liste les participants. Pour la noblesse, on y trouve « Ch.-F. Maillart, maréchal des camps et armées, pour lui et pour Marie-Louise-Henr.-Monique Degony (sic, de Gouy), veuve de très haut et puissant seigneur Louis-Ant.-Gust., comte des Salles, maréchal des camps et armées, actuellement épouse de haut et puissant Sgr Barthélemi, comte de Mahony, chevalier honoraire de Malte, colonel du régt Berwick, et pour Melle Dessales, dame engagiste des domaines de la prévôté de Vaucouleurs, du fiel de Malpierre et d'Uny ». Barthélemy n'est pas cité comme y siégeant car il était présent aux États de Cambrais et du Cambrésis où il s'était fait inscrire en 1781.

Les O'Mahony habitent alors au château du Louvre comme l'indique un acte passé devant notaire le 20 avril 1789 par lequel Bathélemy est nommé cotuteur de sa belle-fille Aurore, avec le marquis de Gouy (grand-père), le duc de Montmorency-Luxembourg (parent), le vicomte de Gouy (grand-oncle), le duc de Villars-Brancas (grand-oncle), le marquis de Gouy d'Arsy (Louis Marthe, oncle), le marquis de Lusignan et le duc de Céreste. De plus, Barthélemy est autorisé, ainsi que son épouse, à procéder à la liquidation de la succession du marquis des Salles (Règlement de la succession Louis-Antoine-Gustave des Salles (1772-1785) - AD des Vosges 3 F 4).



Dernière page de l'acte de tutelle concernant Aurore



Le 28 avril 1789 les lettres patentes de reconnaissance de noblesse d'ancienne extraction, obtenues le 26 septembre précedent, sont enregistrées au Parlement de Paris [A.N O1 134-135]. Le baron de Breteuil s'était adressé à Chérin à cet effet le 14 mars 1788 : « Je vous envoye, Monsieur, une requête pour le comte O'Mahony qui demande des lettres de reconnaissance de noblesse. Il parait que les titres sont entre vos mains. Lorsque vous les aurez examinés, vous voudrez bien m'en envoyer votre rapport avec vos observations et votre avis. Je suis très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obeissant serviteur. » [Chérin 127, Dossier 2592, fol. 10] Le dit Chérin avait répondu le 18 juillet suivant : « Monseigneur, J'ai l'honneur de vous faire repasser la requête et les pièces de M. le comte O'Mahony, colonel commandant du régiment de Berwick infanterie, avec la copie du mémoire que j'ai composé au mois de septembre dernier pour la présentation de ce gentilhomme qui a obtenu les honneurs de la cour. M. O'Mahony demande par sa requête à être reconnu dans la noblesse d'ancienne extraction et de Chevalerie de nom et d'armes. La généalogie qu'il représent a été revêtue de toutes les formalités prescrites par les maximes du Conseil à l'égard des familles des trois royaumes d'Angleterre, d'Irlande et d'Ecosse qui viennent s'établir en France, ainsi je crois qu'il est très susceptible de la grâce qu'il demande. . »



           
A gauche, première et dernière pages des lettres patentes du 26 septembre 1788 signées par le Roi et avec son sceau (voir le texte ici)
à droite, première et dernière pages de l'arrêt d'enregistrement fait au Parlement de Paris le 28 avril 1789 (extrait des registres)
(originaux sur velin)

    
à gauche, couverture du manuscrit sur velin de l'arrêt de reconnaissance de noblesse
à droite, cachet montrant les nouvelles armoiries d'alliance O'Mahony-Gouy d'Arsy
On notera la forme britannique des écus et la couronne princière britannique


Lettres de reconnaissance de noblesse chevaleresque et d'origine royale
-imprimé en 1790 à Nancy, où Barthélemy avait acheté un hôtel particulier-


Arrêt du Conseil d'Etat


Le 10 avril 1790 le beau-père de Barthélemy décède à Paris, en son hôtel de la rue de la chaussée d'Antin. Le marquis de Gouy d'Arsy est inhumé le surlendemain dans le caveau des seigneurs d'Arsy, sous le pupitre de l'église du village. Cet hôtel particulier, qu'il avait acheté en 1775, se situait à l'angle de la rue de Provence et de la rue de la Chaussée d'Antin. Il avait une entrée rue de Provence par une porte cochère à colonne et une autre rue de la Chaussée d'Antin, par une porte cochère simple. Il consistait en quatre corps de bâtiments. C'est Aurore des Salles, sa petite-fille, qui en hérite, mais Monique hérite de la jouissance et de l'usufruit, selon le codicille du 8 janvier 1789 par lequel elle perçoit la somme de 500 000 livres, son argenterie montée, sa cave de Paris, tout le mobilier de sa maison de Paris, et la jouissance pendant sa vie de cette maison. Le marquis laisse une succession lourdement grevée de dettes et dans un grand désordre. De plus des difficultés surgissent entre Monique et son frère Louis-Marthe que le testament désavantage à la suite de désaccords survenus avec son père peu de temps avant. Monique passera le reste de sa vie de procès en procédures pour récupérer ce qui lui revient de cette succession.

Le 8 mai 1790, Barthélemy fait l'acquisition d'un hôtel particulier à Nancy, connu sous le nom d'Hôtel O'Mahony, et le 22 septembre Monique écrit une lettre aux autorités militaires, datée du château de Malpierre (voir ici). Nancy, où plusieurs lettres de Monique montrent qu'elle y séjournait généralement, est idéalement situé pour qu'elle s'occupe des biens de son premier mari, notamment de Rigny-la-Salle, ce qui explique sûrement en partie le choix de cet achat.

Le 1er mars 1791 il est promu maréchal des camps par brevet donné par Louis XVI, contre signé du Portal,


Brevet de maréchal de camp, signé de Louis XVI


Au mois de septembre, son régiment est à Berghes. Deux mois après, des intrigues, dont les faits ultérieurs expliquent le but, le firent envoyer à Landau, place enclavée dans le Palatinat et voisine de Coblentz. Au mois de juillet 1791, le colonel O'Mahony et une partie de son régiment vont rejoindre l'armée des Princes. Pendant ce temps Monique gère l'héritage de sa fille. On sait par exemple que, le 11 mai 1791, les récollets de Bulgnéville ayant abandonné leur couvent, et le directoire du district de Neufchâteau se proposant de le vendre comme bien national, elle fit opposition à cette décision en tant que tutrice de sa fille mineure.

     ▶  Pour cette période, voir ici : Le régiment de Berwick en émigration sous le commandement du comte O'Mahony.

Le 23 novembre 1792, cette armée est licenciée, et le comte de Provence remet au colonel O'Mahony, comme aux autres colonels des régiments irlandais (Berwick, Walsh et Dillon) un drapeau d'adieu portant la devise 1692 - 1792 - 'Semper et Ubique Fidelis' (voir ici)



Régiment de Berwick : au centre, le colonel
Jusqu'en 1775, le collet et les distinctives de l'uniforme étaient noirs.


Drapeau colonel remis au régiment de Berwick par Louis XV au lendemain de Fontenoy
© collection particulière
Soit Barthélemy l'a conservé en tant que dernier colonel, soit il en fit confectionner un autre dans l'espoir d'un usage ultérieur.



Commissaire des Princes 1793-1794

Les alternatives pour les officiers irlandais se résument alors à trois : trouver un emploi considéré comme subalterne par des généraux habitués au commandement, rejoindre les royalistes en Vendée, renoncer aux honneurs militaires et retourner en Irlande. Alors que Daniel O'Connell, déjà cité, et le comte Dillon sont à Londres où ils cherchent à lever des régiments irlandais, Barthélemy restera encore deux ans dans la région, comme commissaire des Princes dans les Electorats de Trèves et de Cologne. On sait peu de choses sur cette période durant laquelle il était chargé de régler tous les problèmes et contentieux occasionnés par la dite dissolution, sinon que les O'Mahony ont loué un logement à Coblence, au baron d'Esch, du 1er novembre 1793 au 1er octobre 1794.

On ignore ses activités militaires d'alors. Un témoignage de chevalier de Lamase, qui s'est distingué à l'armée de Condé, nous apprend cependant que Barthélémy était au combat de Malines le 15 juillet 1794 : "C'est la franche et loyale vérité que j'ai été nommé caporal sur le champ de bataille [du canal] de Louvain par le colonel de Mahony qui fit former le carré ; les compliments dont il m'honora seraient longs à rapporter" (Le chevalier du Diable émigré d'Henri de Bruchard).

Afin d'assurer la saisie de tous les biens des émigrés, la Convention ordonne par la loi du 28 mars 1793 la formation, l'impression et la publication de listes départementales d'émigrés, ainsi que la confection, à l'aide de toutes celle-ci, d'une liste générale qui serait envoyée et publiée dans toute la République. Tout individu inscrit sur ces listes était réputé émigré, banni à perpétuité du territoire français, puni de mort en cas de rentrée ou déporté si c'était une femme de moins de 21 ans, et si elle rentrait seulement pour la première fois. Mort civilement, il était représenté par la nation qui s'emparait de ses biens et de tous les héritages qui lui étaient échus ou qui pourraient lui échoir pendant 50 ans à dater de la promulgation de la loi du 28 mars, sans qu'on pût opposer la mort naturelle survenue dans l'intervalle. Or ces listes étaient remplies d'erreurs. Pour éviter les effets de l'inscription sur la liste des émigrés, il fallait s'en faire rayer par une procédure qui devait supprimer à peu près toute possibilité de fraude.

Monique de Gouy et sa fille Aurore des Salles sont inscrites sur la liste du département de la Meuse du 5 février 1793. Aurore allait avoir 14 ans et sa mère jugea nécessaire que sa fille revienne en France pour que, bénéficiant de sa minorité, elle puisse être radiée de la dite liste. Ainsi le citoyen Jean-André Hystes, demeurant à Port-sur-Seille (Meurthe-et-Moselle) la ramena en France. Elle fut effectivement radiée (provisoire) de la liste des émigrés le 7 juin 1793 par le département de la Meuse, mais ce que n'avait pas prévu sa mère c'est que, demeurant chez son oncle de Ludre, celui-ci l'épousa l'année suivante (28 thermidor an II) , à l'insu de ses parents, au château de Port-sur-Seille, autrefois propriété de la famille des Salles, à laquelle succéda celle de Ludre. Elle avait 15 ans, il en avait 53 ! L'autorisation qui est indispensable, puisqu'Aurore est mineure a été donnée par deux voisins de Port sur Seille, "les citoyens républicains Chipel et Menil". On dit dans la famille que Monique fut très contrariée quand elle apprit cet événement et encore plus quand le mari viola allégrement les dispositions du testament du comte des Salles qui avait institué Monique son unique héritière (ce qui reste à vérifier !). Monique et Aurore seront définivement rayées le 20 octobre 1800 et le 8 juin 1801 respectivement.

Le 30 janvier suivant, les livres qui étaient dans la maison mahony à Nancy, sont enlevés et placés à la bibliothèque publique de la ville. L'inventaire portait qu'il y avait un exemplaire de l'Encyclopédie, édition de Liège in 4°, comptant 74 volumes reliés, et de plus, trente quatre brochés et environ cent cinquante volumes de différents ouvrages de différents formats, tant reliés que brochés .



Colonel au service de la Grande Bretagne (Brigade irlandaise du roi Georges et régiment de Broglie) 1794-1802

En 1794 O'Connell présente à William Pitt, alors Chancelier de l'Echiquier et plus tard premier ministre, le plan d'une nouvelle campagne. Conquis par ce plan, le ministre lui offre une place dans l'armée britannique et le charge de former une nouvelle brigade appelée « the irish » et composée principalement des anciens officiers des régiments de Clare, Lally, Dillon, Berwick, etc. On notera qu'à cette époque, dans l'armée britannique, les catholiques ne pouvaient pas atteindre un grade supérieur à celui de colonel. La brigade fut ainsi composée de six bataillons dont les colonels étaient respectivement : le duc de FitzJames, le comte Walsh de Serrant, Henry Dillon, le comte Daniel O'Connel, le vicomte Walsh de Serrant et James Henry, comte Conway.

C'est dans ce dernier régiment, le sixième, dit régiment Conway, que servit Barthélemy. Le général O'Connell avait adressé une lettre à Evan Nepean, sous secrétaire d'état à la guerre, datée du 30 avril 1794, pour recommander fortement Barthélemy pour cet emploi. Après avoir ironiquement souligné les trente années des loyaux services de Barthélemy à la France, y compris celui contre la Grande Bretagne, O'Connell insistait sur sa naissance irlandaise qui le qualifiait pour une commission britannique.

Le roi d'Angleterre signa le 1er octobre 1794 la lettre de service le nommant lieutenant-colonel du James Henry count Conway regiment of foot, capitaine d'une compagnie de ce régiment [Barthélemy écrivit le 8 mai 1795 au duc de Portland pour demander la correction de sa commission pour qu'elle inclue son titre de comte "que sa Majesté très chrétienne m'a accordé jusqu'à présent (...) car ce pourrait être essentiel pour moi, et pour mon fils par la suite"]. Mais cette brigade irlandaise, au lieu d'être envoyée combattre sur le continent européen, fut expédiée dans les neiges d'Amérique et la chaleur des tropiques où elle fut en grande partie décimée par la maladie et la mort. Fort heureusement Barthélemy eut un autre destin. Il fut autorisé à partir à l'étranger, à la demande du maréchal de Broglie, pour servir dans un régiment qu'il voulait lever et dans lequel il avait l'espérance d'un grade supérieur à celui qu'on lui donnait dans la brigade.



Lettre de service du 1er octobre 1794
-cliquer sur l'image pour l'agrandir-


The Scots Magazine, février 1795




Il s'était installé à Londres avec Monique et Arsène. Cette situation ne l'empêcha pas de gérer les affaires des neveux de Monique, dont le père Louis-Marthe de Gouy d'Arsy avait été guillotiné, et dont il avait été nommé tuteur des habitations de Saint-Domingue pour mes neveux et curateur pour ma belle-sœur d'après l'avis de colons de Saint-Domingue, fait à Londres le 2 septembre 1794, pour gérer ou faire gérer les dites habitations, pour le plus grand avantage de ma belle-sœur et de mes neveux, qui sont restés en France, et ce, du moment où elles seraient sous la domination du gouvernement anglais. Il profita également de sa qualité d'étranger pour demander la restitution des domaines de sa femme, situés en Seine-et-Oise et dans la Meuthe (Jean Vidalenc dans Quelques cas particuliers du cosmopolitisme en France au XVIIIe siècle). Dans une lettre datée du 12 juin 1795, Monique disait y avoir installé une maison. Mais à cette date Barthélemy devait déjà être en Allemagne où Monique le rejoignit bientôt.

Barthélemy fut donc recruté comme major du régiment d'Infanterie de Broglie (1794-1795). Ce régiment fut levé par le maréchal duc de Broglie, sur intervention directe du comte d'Artois, par capitation du 10 octobre 1794 (les commissions des officiers sont de cette date, avec effet au 10 septembre pour le traitement), pour le service britannique. Bien qu'il ne soit pas un des 8 régiments à cocarde blanche levés en août 1794 (Autichamp, Viomenil, Bethisy, Montmorency, Mortemard, Castries, Dresnay, Hervilly) il fut autorisé à porter cette cocarde. Ce corps, qui reçut le nom de "premier régiment d'infanterie française à la solde de Sa Majesté Britannique" devait comprendre un état major composé d'un colonel, colonel commandant, lieutenant-colonel, major, 2 aides-majors, 2 sous-aides-major, ingénieur, quartier-maître-trésorier, 2 adjudants, aumônier, chirurgien-major et 2 aides, tambour-major, caporal tambour, 3 maîtres tailleurs, cordonnier et armurier. La liste des officiers du régiment fut approuvée par le comte d'Artois le 17 novembre et comprenait comme colonel le maréchal de Broglie, comme colonel commandant son fils, le prince de Revel, comme lieutenant-colonel le marquis de Verteillac et comme major le comte O'Mahony.

On a peu de renseignements précis sur la formation de ce corps mais le comte de Terssac, dans ses Mémoires, spécifie que « ce fut au mois de mars 1795 que le maréchal rassembla à Pyrmont [principauté de Waldeck] les officiers qu'il avait nommés pour former son régiment ». Le régiment y fut passé en revue par le capitaine Gardiner, commissaire anglais. En mai 1795, le régiment prêta serment au roi George d'Angleterre en présence du colonel Woodford. Le 8 juin Louis XVII étant mort au Temple, le comte de Provence devint le dépositaire légitime de la couronne de France et prit le nom de Louis XVIII. Le 4 juillet le maréchal de Broglie fit faire un service pour le jeune roi Louis XVII auquel tous les régiments à cocarde blanche assistèrent. Le gouvernement anglais, constatant l'impuissance des colonels à trouver des recrues, se décida, le 11 juillet 1795 à licencier la plupart des corps à cocarde blanche. Le régiment de Broglie fut dirigé sur la Souabe, en vue de son incorporation au régiment de Condé, que la Grande Bretagne venait de prendre à sa solde. Le 3 août le régiment prêta serment à Louis XVIII. Le 26 août le régiment "complet en officiers, mais très faible en soldats" quitta Pyrmont et rejoignit Rottenburg-am-Neckar le 25 septembre. Le 25 octobre, le régiment fut licencié à Seebronn par le capitaine Gardiner dans les mêmes conditions que les autres corps à cocarde blanche. La plupart des officiers rejoignirent l'armée de Condé ...



Grenadier du régiment de Broglie en 1795


Le 15 mars 1795, son cousin Darby Demetry O'Mahony mourut à Abbeville. Il avait été incarcéré à Arras sous la Terreur.

Dans une lettre adressée au comte O'Mahony, Eusebio Ballester y Sastre, descendant de Daniel O'Mahony par sa fille Honorée, auteur d'un livre paru à Madrid en 1990 sur les Irlandais dans l'histoire de l'Espagne, de la France, des Deux-Siciles, etc., nous apprend qu'avec la recommandation de son oncle Demetrio, ambassadeur d'Espagne à Vienne, Barthélemy envoya de Londres une requête datée du 12 août 1795, adressée au roi d'Espagne et à Godoy, Prince de la Paz, son premier ministre, pour entrer au service de l'Espagne, où il "espère obtenir de la grâce de Sa Majesté les mêmes faveurs que les vôtres ont déjà remplies, et qui vous rendent si attrayant de mettre votre épée au service de l'Espagne." Cette demande n'aboutit pas !

Après la dissolution du régiment de Broglie, Barthélemy resta en Allemagne dans l'espoir d'y trouver un emploi. Il se retira à Brunswick, où se trouvait le Roi Louis XVIII, qui le confirma dans son grade de maréchal des camps par un brevet du 10 juillet 1796 (brevet contre signé par le baron de Flacklanden dans lequel il est expressément dit que le comte O'Mahony prendra rang dans le dit grade à dater du 1er mars 1791).




Brevet de maréchal de camp (confirmation de celui de 1791)


Préférant être en demi-solde dans la Brigade irlandaise que sans ressources, Barthélemy activa ses relations pour faire annuler son remplacement par le comte de Sutton. On trouve aux Archives nationales britanniques un mémorandum expliquant que le lieutenant-colonel Barthélemy doit être réintégré dans le 6e régiment de la Brigade irlandaise [régiment du comte Jacques-Henri Conway] à compter du 3 mars 1796. Dans ce mémorandum daté du 18 octobre 1799, envoyé au duc de Portland par le général Cornwallis, alors Lord-lieutenant d'Irlande, on explique que Barthélemy est parti à l'étranger, à la demande du « Marshall Braglio » [maréchal de Broglie], dans l'espoir d'obtenir un grade de maréchal de camp dans un régiment qu'il voulait lever, que ceci ne se fit pas et que dans l'intervalle on avait disposé de sa commission dans la Brigade irlandaise [donnée au comte Sutton de Clonard], pensant à tort qu'il était pourvu (National Archives HO 42/48/99 Folios(s) 193-195 Memorandum stating that Lieutenant Colonel Bartholomew O'Mahony of the late 6th Regiment, Irish Brigade, is to be reinstated from 3 March 1796). Ce mémoire était accompagné des témoignages du comte d'Artois et du comte de Clanricarde (John de Burgh).


                 
Mémorandum du 18 octobre 1799
-cliquer sur les vignettes pour agagrandir-




A Brunswick Monique loua une maison jusqu'en 1800. Elle avait une femme de chambre, Mademoiselle Dorothée, et possédait une voiture. C'est là qu'elle a rédigé un "état de l'actif et du passif de ma fortune au 1er janvier 1799". De même, le 6 mai de la même année 1799, Barthélemy y rédigea un "plan d'études" pour son fils, âgé de 12 ans. Des courriers adressés depuis Brunswick aux d'Héricourt durant l'été 1796 font état d'ennuis de santé de la comtesse O'Mahony. Elle a peu de moyens pour vivre comme l'indique cette lettre :

Elle [sa fille Aurore] sait que depuis sept ans que je suis dans la plus affreuse détresse, je n'ai pas reçu le plus léger secours d'aucun des miens qu'une somme de mille écus que son mari m'a envoyé au mois de septembre 1797, accompte sur celles considérables qu'elle me doit , et que, ne pouvant avoir aucun crédit en pays étranger, je n'ai pu y exister pendant un si long temps, surtout dans l'état déplorable de ma santé, qu'en faisant des opérations de finances les plus onéreuses, pour y trouver les fonds nécessaires pour subsister.


Le 1er novembre 1797, Aurore met au monde au château de Port-sur-Seille, Charles, plus tard comte de Ludre, officier de dragons et député de la Meurthe, dont le fils Auguste-Louis, comte de Ludre et marquis de Frolois, épousera Valentine Le Gonidec de Kerdaliel, qui sera la marraine de Patrice O'Mahony (1887-1936).

Parmi les derniers emprunts contractés par Monique à Brunswick celui de six cents livres sterling fait par billet du 10 juillet 1799 à son beau-frère Eugène O'Mahony à Molahiffe en Irlande, est particulièrement intéressant car il montre que Barthélémy et son frère étaient toujours en relation. Le dernier emprunt effectué est celui de 200 livres fait le 10 mai 1800, sans billet, auprès de Madame la princesse héréditaire de Brunswick.

Nous avons peu de renseignements sur cette période. Ayant obtenu sa radiation de la liste des émigrés, Monique rentre en France pour tenter de recouvrer ses biens saisis par la Nation, et nous la savons à Paris en 1801. Pendant ce temps Barthélemy doit être en Angleterre, probablement sans affectation. A Londres, le 1er mai 1800, il signe un certificat en faveur de Charles MacCarthy qui avait servi dans son régiment.


"I, the undersigned, Brigadier-General [Marechal de Camp], formerly Colonel in command of the Irish Regiment of Berwick, in the Service of the King of France, certify that Mr. Charles MacCarthy has served without intermission, and with the highest distinction, in that Regiment until the unfortunate period of its dissolution in 1792. That his conduct has won him the esteem of his superiors and the friendship of his comrades, that no officer gave higher proofs of devotion to the King's service and the cause of Monarchy, and I know no one whose actions and talents more deserve recognition by his Majesty.
" Having borne testimony to the virtues and merits of this excellent officer, I join my entreaties to his, to those of Mr. Charles Thadeus MacCarthy, his Uncle, Lt.-Col. of Cavalry, to beseech his Majesty to grant them the favour they solicit.
" If the greatest zeal and the most perfect fidelity in the service be grounds on which to obtain it, I think no one better deserves this favour.
" The antiquity and distinguished position of the McCarthys in Ireland are too well known to your Majesty for it to be necessary to place them before your Majesty's notice.
" In verification of which certificate I have affixed here- unto my signature and armorial seal.

"LE COMTE O'MAHONY.
"London, May 1, 1800."


Le 30 septembre 1800 Aurore met au monde à Port-sur-Seille Auguste de Ludre, dont le fils, Gaston, comte de Ludre, auteur d'un livre sur Charles X et d'un autre sur Napoléon IV, sera témoin en 1881 au mariage de Maurice O'Mahony et Marthe de Pontbellanger, mariage dont il fut à l'origine, dit-on dans la famille.

Il n'avait toujours pas d'affectation en octobre, comme le montre une lettre manuscrite datée du 1er octobre 1800, du comte O'Connell à un destinataire inconnu, concernant le rétablissement des rang et paie du colonel comte O'Mahony, alors à Brunswick, dans la brigade irlandaise et son désir de rejoindre l'armée britannique ("National Library of Ireland" MS 49,491/2/420).


Lettre du comte O'Connell à un destinataire inconnu
concernant le rétablissement des rang et solde du colonel comte O'Mahony
dans la dernière brigade irlandaise et son désir de joindre l'armée britannique (1er octobre 1800)
(National Library of Ireland)


"I beg leave to acquaint Your Grace that I have received a letter from Colonel Count Ô Mahony from Brunswick desiring me to return you his most humble and warm thanks for the great favor bestowed on him in restoring him to his rank and halfpay in the late Irish Brigade. He is extremely anxious to have his name inserted in the army list with the other late Field officers of that corps, but being informed from the War Office that his name can not be inserted in that list until such time as Your Grace is pleased to notify officially to the Secretary at War that Count Ô-Mahony has been restored to the rank of Lieutenant Colonel in the late Irish Brigade, he charges me humbly to sollicit in his name of Your Grace this additional favor by which he will find himself fully reinstated in the rank he had in that Corps.
I have the honor to be with the greatest respect
My Lord Duke,
Your Grace's
Most humble and obedient servant"



LeNew Annual Register for the year 1801 indique à la date du 3 février la promotion de Barthélemy : "Brevet. Lieut.-col. count Bartholomew O'Mahony, of the late 6th regiment of the Irish brigade, to be colonel in the army". Barthélemy avait ainsi atteint le plus haut grade accessible à un catholique.



Brevet de colonel dans l'armée anglaise (1er janvier 1801)





Le 12 juin 1798, Malte avait capitulé. Après que Napoléon en ait expulsé l'Ordre, les chevaliers, indignés de la capitulation de leur Grand Maître Ferdinand von Hompesh, le déposèrent et quelques deux-cent chevaliers trouvèrent refuge auprès du Tsar Paul Ier, Protecteur de l'Ordres depuis 1797, qu'ils élurent 72ème Grand Maître le 27 octobre 1798. Cette élection fut acceptée par le Pape qui envoya le comte de Litta lui porter à Saint-Pétersbourg les insignes de la souveraineté de l'ordre. A cette époque, en France, l'ordre n'existe plus : le gouvernement révolutionnaire avait confisqué et nationalisé tous ses biens et ceux de ses membres. Paul 1er s'empressa de faire notifier à tous les souverains du monde son avènement à la grande maîtrise, et il fit précéder cette notification de deux manifestes, l'un du 15 novembre 1798 et l'autre du 21 décembre suivant, par lequel il faisait un appel à tous les chevaliers et aux prieurés, leur promettant tous ses soins pour l'accroissement de l'ordre et son rétablissement dans un état respectable et invitait, en outre, les gentilhommes de l'Europe qui voudraient faire partie de l'ordre et pourraient faire les preuves exigées par les statuts, à lui adresser leurs demandes. Le grand prieuré russe catholique fut placé sous l'administration du prince de Condé.




Paul 1er en habit de grand-maître de l'ordre par Borovikovski (1800)



Barthélemy et Arsène répondirent à l'appel, si l'on en croit les lettres datées de Saint-Pétersbourg le 22 juin 1800 qu'ils reçurent à Brunswick du commandeur de Maisonneuve, vice chancelier de l'ordre, dans lesquelles il les informe que Sa Majesté Impériale l'Empereur et Grand-Maître a très gracieusement daigné vous agréger, en qualité de chevalier de justice, à son Grand Prieuré Russe Catholique. Sur le courrier pour Barthélemy, il précise que toutes les commanderies de ce prieuré étant possédées par de plus anciens chevaliers, il ne peut en obtenir.



  
Lettres du 22 juin 1800
à gauche celle pour Barthélemy, à droite celle pour Arsène, ici nommé Marie Bathélemy


La croix russe fut attribuée jusqu'en 1810



Arsène était alors avec sa mère puisqu'en 1804 elle lui écrivait : "Depuis 17 ans bientôt que tu es au monde, je ne t'ai pas quitté 24h, excepté pendant un mois, lorsque tu avais 2 ans, et qu'à peine tu pouvais le sentir" . Le 11 juillet 1800, un conseil de famille présidé par Eugène O'Mahony, frère aîné de Barthélemy se réunit à Tralee (Comté de Kerry) "pour prendre en charge les intérêts d'Arsène O'Mahony, enfant mineur qui se trouve probablement, aujourd'hui sans protecteur et sans appui en France". Il faudrait sans doute ajouter "autre que sa mère, dont les intérêts peuvent être en conflit avec ceux de son fils". Il s'agissait, en effet, de défendre les droits et intérêts du mineur toutes les fois qu'ils se trouveront en opposition avec ceux de la dite dame sa mère à demander en justice l'exécution du codicille fait olographe par Louis de Gouy son ayeul à Paris le 18 janvier 1789. Le dit conseil désigne alors comme procurateur et tuteur d'Arsène, l'abbé O'Connor à Paris, cousin [mort à Paris en 1819 âgé de 74 ans, il avait été aumônier de la Brigade irlandaise] conseillé par Vincent Corneille, homme de loi [de Monique], à Paris également. Le conseil était composé d'Eugène O'Mahony, de Molahiffe, Daniel O'Mahony, de Dunloe, Kain O'Mahony, de Killanah, Miles O'Mahony, également de Killanah, de Jacques O'Mahony, de la ville de Killarney, de Thomas et Christophe Gallwey, aussi de la ville de Killarney, Edward Dunne de la ville de Tralee, Jean Neaphy, aussi de la ville de Tralee.

Nous avons le compte-rendu non daté d'un autre conseil, qui se tint, sans doute à Paris, avec du côté paternel Daniel Bernard, abbé O'Connor ; Daniel, comte O'Connell, cousin ; Vincent, prince de Giustiniani, cousin [arrière-petit-fils de Daniel O'Mahony, le brave de Crémone] et du côté maternel de Thomas Louis Genevoise de Morant, ancien colonel, cousin issu de germains [petit-fils de Gabrielle de La Rivière]; Hugues Thibaut Henry Jacques de Lusignan, ancien maréchal de camp, cousin issu de germains [Lezay-Lusignan, cousin de La Fayette] ; Charles Emmanuel Sigismond de Montmorency Luxembourg, cousin (au 8e degré).




Signature et cachet de John O'Mahony (de Dromore), high sheriff du comté de Kerry apposé au bas de l'"acte de Tralee"

Voir ici les page 1 et page 2 du traité.
et ici les page 1 et page 2 et page 3 et page 4 du second conseil de famille.



Par arrêté du 8 thermidor an IX (28 juin 1801) le préfet a fait main-levée du séquestre au profit de Monique de sa maison de la rue du Mont-Blanc (actuelle rue de la Chaussée d'Antin) à Paris dont la valeur est alors estimée à 90 000 francs, qu'elle tenait de la succession de son père et dont la moitié était occupée par l'Administration des Charrois de la République par bail qu'elle avait fait le 12 vendémiaire an IV (4 octobre 1795). Cette maison avait été saisie comme bien national, rendue le 12 fructidor an III (29 août 1795) et séquestrée de nouveau le 17 frimaire an VII (7 décembre 1798).


Lieutenant général au service du Portugal 1802-1803

En 1802, le comte O'Connell revint en France et, durant son séjour à Paris, il fut invité par la Cour de Lisbonne à entrer au service du Portugal comme maréchal des camps de l'état-major. Il répondit que le grade de lieutenant-général, rémunéré convenablement, pouvait à lui seul inciter à entreprendre la tâche ardue de remodeler et de discipliner l'armée portugaise. Il est vraisemblable qu'il proposa Barthélemy pour ce poste puisque, en avril 1802, "avec la permission du Roi d'Angleterre", Barthélemy quitte la Grande Bretagne pour se mettre au service du Portugal qui lui offre le grade de maréchal de camp dans ses armées, "vacant par la démission du maréchal des camps O'Connell", avec promesse de le nommer lieutenant général "à la prochaine promotion" et l'assurance d'être fait inspecteur général de toute l'Infanterie portugaise à la retraite du lieutenant général Forbel (décédé deux ans après son admission à ce service) avec un appointement de 30 000 livres pour ce double emploi. Avant d'accepter cette proposition, il avait pris soin de demander à conserver le rang de colonel de l'armée anglaise avec demie paye, ce qui lui fut accordé, "Sa Majesté Britannique ayant gracieusement acquiescé cette demande" (Lettre datée de Londres le 7 juin 1802, émanant de S.A.R. le Duc d'York, Commandant en Chef de l'Armée Anglaise).



  
Patente du 12 avril 1802 du prince régent et lettre du 7 juin 1802 du général Brownrigg (traduction)



Il avait également obtenu que son fils Arsène, alors âgé de moins de 15 ans, l'accompagne en qualité d'aide de camp avec le grade de Capitaine dans la cavalerie portugaise. Arrivé à Lisbonne, Barthélemy obtint un congé de six mois pour aller chercher à Paris son épouse et son fils, et régler ses affaires ...

Il convient ici de rappeler que le 26 avril Bonaparte, premier consul, avait proclamé la loi d'amnistie accordée pour fait d'émigration. Mais parmi les conditions permettant d'en bénéficier, il fallait rentrer en France avant le 1er vendémiaire (23 septembre 1802) et ne pas avoir eu des grades dans les armées ennemies. De ce fait Barthélemy n'était donc pas qualifié pour l'amnistie, ce qui n'était pas le cas pour Monique.

Le 3 décembre 1802, Barthélémy tente de racheter son ancienne maison de Nancy (rue d'alliance, n°33), mise en vente par les citoyens Forel et Joussau qui l'avaient acquise comme bien national. Le procès-verbal de la vente indique que : « Est aussi comparu le Cen Barthélemy O'Mahony, général au service du Portugal, actuellement à Paris, rue Cassette N° 824, par le Cen Nicolas François Demetz, jurisconsulte demeurant à Nancy, son procureur fondé, qui se porte pour lui ; lequel, sous la réserve de déclaration de commande, a déclaré faire mise de la somme de trente trois mille francs, sur la maison énoncée au dit verval, et aux clauses d'icelui, et a signé, lecture faite. »

Pour sa carrière au Portugal, voir ici.



Arsène en uniforme de capitaine aide-de-camp de l'armée portugaise.
© collection particulière



Prisonnier de guerre en France 1803-1814

Se trouvant donc à Paris au mois de mai 1803 (rupture de la paix d'Amiens), Barthélemy, qui possédait également la nationalité britannique, fut compris, avec son fils, dans "la mesure arbitraire" de Bonaparte, constituant prisonnier de guerre tous les sujets britanniques qui étaient en France. "Mis en surveillance", ils resteront assignés à résidence pendant toute la durée de l'Empire (1804 - 1814) dans les différentes villes que le gouvernement français assignait pour prisons aux officiers étrangers. C'est ainsi qu'ils ont successivement habité Orléans, Fontainebleau, Nancy et enfin Versailles. A partir de 1813, plusieurs documents indiquent leur présence à Paris (38 rue Cassette, 58 rue de Provence, rue Traversière).

Pendant toutes ces années, ils se considérèrent comme officiers Portugais, et c'est en cette qualité qu'ils firent leur cour au Roi lors de la montée de Sa Majesté sur le trône (Première Restauration, 6 avril 1814).


  
Passeport portugais délivré à Barthélemy, son fils et leurs domestiques le 17 août 1804
pour aller de Paris à Orléans et Nancy, résidences assignées, avec Fontainebleau, de 1804 à 1814.
© collection particulière



Suite à une saisie immobilière, l'usufruit de l'hôtel de la rue de la Chaussée d'Antin est vendu au profit des créanciers de Monique, et c'est Arsène qui s'en rend adjudicataire (jugement du 5 aout 1813).

Le 14 juin 1814, Barthélemy et Arsène font partie de la députation composée des anciens officiers faisant partie de l'ancienne brigade irlandaise, qui ont eu l'honneur d'être présentés à Sa Majesté par le duc de FitzJames, qui a dit au Roi :

"Sire,
"Vos fidèles irlandais apportent au pieds de S.M. l'hommage de leur respect et de leur amour. Depuis cette époque, si chère à leur souvenir, où, pour prix de leur fidélité, V.M. daigna leur accorder cette noble devise qui, à jamais, fera leur gloire et leur orgueil, les Irlandais osent se flatter de n'avoir pas démérités. Toujours et partout fidèles, tout leur sang appartient encore à V.M. Daignez, Sire, en accepter l'offrande : les irlandais ne demandent rien qu'une épée, et le droit de mourir, s'il le faut, au pied d'un trône, dont V.M. les jugea dignes autrefois d'être les gardiens et les défenseurs."

Le Roi a daigné répondre :
"Je vous vois avec plaisir : les services de la brigade me sont connus; je ne les oublierai pas."
S.M. a ajouté :
"Il n'est pas nécessaire de me nommer ces Messieurs, je les connais tous en général, et chacun en particulier. Ils ne pouvaient choisir un meilleur interprète."



Lieutenant général commandant de Divisions Militaires 1814-1817

Le 15 août 1814, Barthélemy écrit au Roi :

"Sire, les rois, augustes ancêtres de votre Majesté, ont toujours fait la grâce à la Brigade Irlandaise de décorer du Cordon Rouge deux ou trois de ses officiers. Les trois honorés sont le Comte de Melfort, grand'croix, le Comte de Walsh et le Comte de Conway, commandeurs - Aucun d'eux n'existe aujourd'hui - Si il est dans la magnanime intention de votre Majesté de continuer aux officiers existants de cette valeureuse Brigade les mêmes faveurs, j'ose espérer qu'elle daignera y faire participer le dernier colonel du Régiment de Berwick. Je me trouve, Sire, le seul officier de cette brigade qui ait le grade de Lieutenant général. Ce grade m'a été accordé il y a douze ans au service du Portugal lorsque j'y passais avec la permission de Monsieur au nom de votre Majesté dans un temps où les circonstances ne me permettaient pas de le servir ailleurs avec plus d'utilité. Mais depuis l'heureux moment où votre Majesté a été rendue aux voux de ses fidèles sujets, j'ai constamment sollicité l'échange de ce grade à son service, ma plus grande ambition étant d'y vivre et d'y mourir".



  
Lettre similaire adressée au comte Dupont, ministre de la Guerre du 3 avril au 3 décembre 1814


Huit jours plus tard, le 23 août 1814, Louis XVIII souscrit à cette demande "d'échange" : Il confère à Barthélemy le grade de lieutenant général et la dignité de commandeur de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, sans pour autant lui confier aussitôt un commandement. Le 30 décembre, il lui accorde "le traitement de demie activité".

Le 26 septembre, Barthélemy, admis dans l'Ordre du Lys, est "autorisé à se décorer" de la Fleur de Lys.

Le 28 décembre, il reçoit un certificat de la Commission des langues françaises reconnaissant qu'il est fondé à porter la croix d'or de l'Ordre de Malte.

Le 30 décembre il est informé par le duc de Dalmatie que le traitement de demi activité de son grade lui est accordé.

Par "lettre de service" du 13 mars 1815, il est nommé au commandement de la 2e subdivision de la 12e division militaire à Nantes. Dans une lettre du 18 mars le duc de Feltre l'informe qu'il aura pour aide de camp M. d'Armaillé, chevau-léger de la garde du Roi. Sur demande adressée au marquis de la Grange, lieutenant général commandant les Mousquetaires de la Garde, il obtient qu'Arsène lui soit affecté comme aide de camp "avec traitement de chef d'escadron seulement".


               
1814 : Brevet de lieutenant-général, lettres de commandeur de Saint-Louis, signés du Roi, lettres de l'ordre du Lys signées du duc de Luxembourg, certificat de l'Ordre de Malte, lettre de demi solde signée du duc de Dalmatie


Journal royal, 16 mars 1815
Quel est donc ce grand seigneur dont Barthélemy a sauvé la vie ? En quelle occasion ?

  
Lettres de service du 13 mars et lettre d'accompagnement, signées du duc de Feltre



Ils n'eurent certainement pas le temps de rejoindre leurs postes : "les cents jours" avaient débuté le 1er mars et Napoléon est déjà à Lyon. Le 20 mars, il s'installe au château des Tuileries que Louis XVIII a quitté précipitamment la veille.

Trois mois plus tard (18 juin), la défaite de Waterloo sonne définitivement le glas de l'Empire, et le 8 juillet le Roi revient à Paris.

Une nouvelle affectation intervient très rapidement pour Barthélemy : le 25 juillet 1815, il est appelé à commander la 21e Division militaire à Bourges ( Allier, Indre, Nièvre, Haute-Vienne, Creuse, Cher). De nouveau, il emmène avec lui son fils comme aide de camp. Le 3 août M. de Morant, un cousin de sa femme lui écrit une lettre (voir ici).


            
Ordonnance du Roi nommant Barthélemy commandant la 21e division militaire (25 juillet 1815), lettres de service et lettre d'accompagnement, signées du maréchal de Gouvion-Saint-Cyr, ministre de la guerre


Journal des Débats politiques et littéraires, samedi 29 juillet 1815



Le 1er août 1815, le maréchal Mac-Donald, chargé par le Roi de dissoudre l'Armée de la Loire, prend le commandement de sept des divisions militaires du royaume et installe son quartier général à Bourges, où se trouve Barthélemy O'Mahony, commandant une de ces sept divisions militaires. Avec le maréchal, Barthélemy participe étroitement à cette immense opération qui consiste à briser des cadres issus de la République et de l'Empire, et à gérer le devenir de cent mille soldats qui avaient tout sacrifié à leur pays. La tâche était difficile !



Gazette nationale ou le Moniteur universel, 15 septembre 1815 (cliquez sur l'image pour l'article complet)


C'est dans ce contexte que le 6 septembre 1815 Barthélemy reçoit l'ordre de cesser ses fonctions pour jouir du "maximum de la solde de retraite de son grade" en vertue de l'ordonnance du 1er août précédent relative aux réductions d'effectif.


  
Lettre de mise à la retraite, signée du maréchal de Gouvion-Saint-Cyr



Ne pouvant se résoudre à une telle éventualité, il demande une place de gouverneur d'une division militaire, compatible pense-t-il avec la retraite, par courrier au maréchal de Gouvion Saint-Cyr, son ministre, daté de Bourges le 10 septembre.


  


Monseigneur,

L'ancienneté de mes services me rangeant parmi les officiers que l'ordonnance du Roi du 1er août met à la retraite, je vais me voir privé du bonheur de servir Sa Majesté, au moment où mon plus doux espoir était de justifier le choix qu'elle avait daigné faire de moi, en me nommant, le 25 juillet dernier, au commandement de la 21ème Division militaire.
Si pourtant j'ai été assez heureux pour prouver à Votre Excellence, dans les rapports journaliers que j'ai avec Elle, qu'il me reste encore quelques moyens de servir utilement le Roi, je vous supplie, Monseigneur, de m'en procurer l'occasion, en sollicitant pour moi des bontés de S.M. une place de Gouverneur d'une Division. J'ai vu, par l'ordonnace du ... 7bre, que cet emploi était compatible avec la retraite.
J'ose me flatter que le Roi, qui jusqu'aujourd'hui ne s'est jamais rappelé mon zèle et mon dévouement que pour les récompenser, m'accordera cette dernière grâce, la seule à laquelle je puisse maintenant prétendre.
J'aurai même l'assurance de succès, si je puis, dans cette circonstance, inspirer à Votre Excellence, le même intérêt qu'elle a déjà daigné me témoigner, et dont ma reconnaissance se souviendra toujours.



Sa demande, appuyée par le maréchal Mac Donald, duc de Tarente, gouverneur de la division, fut soumise au Roi, mais n'aboutit pas. Il va alors s'installer à Paris, 10 rue Neuve Saint-Augustin.



"Les bons, utiles et anciens services du comte O'Mahony sont si honorablement connus que je me dispense de les faire valoir. Je les rappelle seulement à votre Excellence pour qu'elle veuille bien les mettre sous les yeux du Roi et favoriser la récompense que le comte O'Mahony sollicite de Sa Majesté".
Signé : Maréchal Mac Donald.



Monique, son épouse, s'en mêle également. Après avoir tenté sans succès un rendez-vous avec le ministre, elle lui écrit le 15 septembre ...



  

D'après la lettre que votre Excellence a bien voulu me faire écrire, j'ai vu que je devais renoncer au désir que je lui avais témoigné, à voir de l'entretenir d'une chose qui m'interpelle ; mais comme elle m'a fait savoir en même temps que je puis lui exposer par écrit l'objet de ma demande et qu'elle daignera la prendre en considération, et y répondre, j'ai l'honneur de vous adresser, Monsieur le Maréchal, un mémoire que le Cte O'Mahony m'a envoyé de Bourges où il est encore, dès qu'il a été informé que sa retraite lui était donnée. La bonté, l'ancienneté, et la fidélité de ses services, sont trop connues du Roi, qui a toujours daigné lui en témoigner sa satisfaction pour que je ne doive pas espérer que si vous voulez bien, en mettant sa demande sous les yeux de S.M. l'appuyer de votre intérêt, elle lui soit accordée. Je me joins à lui, Monsieur le Maréchal, pour vous en supplier, et aussi que d'agréer, avec bonté, l'assurance de la reconnaissance que nous en éprouverons tous les deux et l'hommage de tous les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être, ...



Mais c'est peine perdue ! Le ministre est intraitable et écrit à Barthélemy le 25 septembre pour lui signifier qu'il a été atteint par l'ordonnance sur les retraites et qu'il n'est pas possible de proposer d'exceptionnelle faveur. Le lendemain, le gouvernement Talleyrand tombe et le maréchal Gouvion Saint-Cyr est remplacé au ministère de la guerre par le maréchal Clarke, duc de Feltre. Plusieurs fois ministre, le duc de Feltre, irlandais d'origine, est un allié qui a plusieurs fois dans le passé fait preuve de ses bontés pour Barthélemy, qui lui écrit aussitôt.


         
Lettre du maréchal Mac Donald, duc de Tarente, au ministre - 21 septembre 1815
Lettre de Barthélemy au duc de Feltre, nouvellement arrivé au ministère de la Guerre, et proche des O'Mahony
(Là se trouve sans doute l'explication de l'annulation de sa mise à la retraite !)
- demande au Roi, par le duc de Feltre, ministre de la Guerre, d'une affectation pour Barthélemy - octobre 1815



Dès le 6 octobre, le ministre montre l'intention de donner à Barthélemy le commandement de la 8e Division militaire, "si le Roi approuve qu'il soit fait des exceptions à l'ordonnance du 1er août", car "M. le général O'Mahony, est un de ceux qui peut y avoir le plus de droits, et par son dévouement, et par les moyens qu'il a encore d'être utilement employé". Barthélemy reprend espoir de sortir de cette retraite qu'il vit si mal. L'occasion lui en est donnée par le comte de Vioménil qui, comme lui, avait servi en émigration dans l'armée de Condé puis en Angleterre, et qui vient d'être nommé gouverneur de la 13è division militaire. Le comte, depuis marquis et maréchal de France, demande au ministre d'en confier le commandement à Barthélemy, lui donnant l'assurance que d'après la confiance intime qui s'établira entre M. O'Mahony et moi, toute les parties du service de Sa Majesté, confiées aux autorités militaires de la 13e division seront bientôt améliorées d'une manière sensible. D'où cette lettre au ministre, datée de Paris 25 novembre 1815.




Autorisation de résider rue neuve saint-Augustin, n°10, à Paris



Monseigneur,
Monsieur le comte de Vioménil m'a fait l'honneur de me dire qu'il avait exprimé à votre Excellence le désir de me voir commander la Division dont il est gouverneur, et que vous avez bien voulu, Monsieur le duc, accueillir cette demande avec une grande obligeance pour moi.
Vous savez, Monseigneur, que personne n'a plus que moi le désir de consacrer ma vie entière au service du Roi, et que l'emploi que j'ambitionne le plus est celui où je pourrai donner à Sa Majesté le plus de preuves de mon zèle et de mon dévouement.
Accoutumé à servir avec plaisir sous les ordres de Monsieur le comte de Vioménil, je serai très heureux de m'y retrouver encore, et la satisfaction que j'en éprouverai ajouterai infiniment à ma reconnaissance pour les bontés de votre Excellence.
J'ai l'honneur d'être avec respect, ...



Deux mois plus tard, Barthélemy obtient satisfaction et se voit remettre le commandement de la 13e Division Militaire à Rennes par décision du 24 janvier 1816. Le ministre écrit à Barthélemy le 27 janvier lui signifiant que l'intention du Roi est que vous preniez le commandement de la 13è division militaire et lui demandant de vous rendre en poste à Rennes et m'informer de votre départ qui n'admet aucun délai. Il s'en acquitte dès le 1er février :



Monseigneur,
J'ai reçu la lettre que votre Excellence m'a fait l'honneur de m'écrire pour m'informer que l'intention du Roi est que je prenne le commandement de la 13e division militaire et que mes lettres de service ont été adressées à M. le lieutenant général comte de Vioménil.
Je partirai lundi, ou au plus tard mardi, pour me rendre à mon poste, et je vous supplie, Monsieur le duc, de me mettre à même de mener avec moi M. le marquis de Girac que j'ai proposé pour la place de mon premier aide de camp. Je désire l'avoir près de moi en arrivant à Rennes, où il me sera un paire pour le service du Roi.
J'ai l'honneur d'être avec respect, ...



       
Journal des débats politiques et littéraires du 25 février 1816 et Journal général de France du 7 juillet / Cuirassier du Dauphin, 1816

  
Lettres de service du 24 janvier 1816, et lettre d'accompagnement, signées du duc de Feltre


Passeport de 1816 pour circuler librement de Vitré à Paris
-cliques sur l'image pour agrandir-


Sur ce passeport il est dit mesurer 1,78 m, avoir les cheveux gris, le front découvert, les sourcils blonds, les yeux bleus, le nez aquilin, la bouche moyenne, la barbe blonde, le menton petit, le visage ovale et le teint coloré. Sur un autre passeport, fait trois ans plus tard, il mesure toujours 1,78 mètre, mais porte perruque, a le front haut, les sourcils châtain, les yeux bleus, le nez fort, la bouche moyenne, la barbe grise, le menton rond, le visage ovale et le teint clair !



On avait pu lire aux "Nouvelles étrangères" dans Le Conservateur impartial daté de Saint-Pétersbourg le 14 décembre 1815 (N° 100) :

Le Roi, pour donner une marque de sa bienveillance aux sujets catholiques des trois royaumes unis de la Grande-Bretagne, et pour terminer définitivement toutes les réclamations sur les prétentions respectives des parties, vient de former un bureau gratuit d'administration pour leurs établissement et collèges fondés en France. Ce bureau est composé de quatre membres honoraires, savoir : de MM. le maréchal Macdonald [grand chancelier de la Légion d'honneur au retour des Bourbons], du duc de FitzjJames [Edouard, 6e duc, petit-fils du duc de Berwick, membre de la Chambre des Pairs], le comte de Lally-Tollendal [ministre de Louis XVIII puis membre de la Chambre des Pairs, marquis et membre de l'Académie Française en 1816], le comte O'Mahony, lieutenant général, et de huit notables, membres ordinaires.



Le 18 mars 1816 Barthélemy est nommé juge au procès du général Travot (voir ici). Le 5 juin, il recommande au duc de Feltre son cousin Jean-François pour un prochaine promotion de maréchal de camp.


   


Je vous prie, votre Excellence, de me permettre de recommander à vos bontés particulières le Cte François O'Mahony mon cousin, colonel de la Légion de la Haute Loire. Vous connaissez comme moi, Monsieur le Duc, la bonté et la distinction de ses services et les dangers auxquels il a deux fois exposé sa vie à la tête du Corps qu'il commandait. La première à Anvers en lui faisant prendre la cocarde blanche malgré les ordres de Carnot, la seconde à Montreuil en voulant mener son régiment au Roi à Gand. Vous savez également la manière dont il vient de mériter la marque de confiance que vous lui avez donné en obtenant pour lui, des bontés du Roi, le commandement d'une Légion à organiser et à former. Je crois qu'il est un des colonels de l'armée qui s'est le mieux acquitté de ses devoirs comme il est un de ceux sur la fidélité duquel sa Majesté peut compter le plus.
J'ose espérer, Monseigneur, que tant de preuves de zèle et de dévouement pour le service du Roi, lui mériteront vos bontés pour obtenir d'être compris dans la première promotion des maréchaux de camp. Comme je prends à ce cousin le plus vif intérêt, je considérerai comme m'étant personnel tout ce que votre Excellence voudra bien faire pour lui, et je confondrai ma reconnaissance à la sienne. Ma femme partagera le même sentiment.


Le 30 octobre est soumise au Roi la demande qu'il a faite le 13 d'un congé de trois mois pour se rendre à Paris "afin de régler des affaires de famille de la plus haute importance et y faire un emprunt afin d'acquitter des dettes qu'il a été dans la nécessité de contracter pour représenter dignement dans l'emploi qui lui a été confié" (lettre du duc de Feltre au Roi). La demande est refusée car "Sa Majesté juge utile au bien de son service que vous ne quittiez pas en ce moment votre commandement", mais le Roi lui attribue une gratification extraordinaire de 4 000 francs pour soulager la gêne "où se trouvait cet officier général par suite des frais de représentation que lui occasionne son commandement." Le 28 novembre, c'est la comtesse O'Mahony qui s'adresse au ministre. Le 12 décembre la demande enfin est acceptée et le 22 décembre Barthélemy donne au ministre les dispositions de son remplacement provisoire ! Le 10 mars 1817, Barthélemy demandera une prolongation de sa permission jusqu'au 1er mai.


                        
Demande d'un congé de trois mois par Barthélemy (13/10), refus du Roi (02/11), "relance" par Barthélemy (20/11) et par Monique (28/11), acceptation du Roi (12:12) et détails du remplacement provisoire de Barthélemy


Le 1er décembre, Barthélemy écrit une lettre à Arsène.


Le 8 janvier 1817, Barthélemy obtient qu'Arsène soit affecté à ses côtés comme chef d'Etat-Major provisoire, "avec traitement de lieutenant-colonel seulement" (Anecdote amusante : en fin d'année, Arsène fera jouer à Rennes, devant le duc d'Angoulème, fils du comte d'Artois, Un jour de bonheur, vaudeville dont il est l'auteur, et dont les éditions se vendent au profit des pauvres).

Le Journal des débats politiques et littéraires du 17 janvier nous apprend que "le Roi a reçu, en audience particulière, M. le lieutenant-général comte O'Mahony, commandant la 13e division militaire, et maintenant en congé à Paris." De même du 27 avril : "Le Roi a reçu aujourd'hui M. le lieutenant-général comte O'Mahony, commandant la 13e division militaire. Le congé de cet officier-général étant expiré, il retourne à Rennes, chef-lieu de son commandement."



"Journal de Paris" du 10 mai 1817.



Le 27 mai, Barthélemy demande la grand'croix de Saint-Louis laissée vacante par la mort de M. de Cély, précisant que "la considération dont cette grâce y environnerait le commandant militaire ne pourrait que tourner à l'avantage du service public, dans une province, où plus que dans toute autre, le peuple mesure la confiance qu'il accorde aux dépositaires de l'autorité sur celle dont le Roi les honore".

Le 21 août Monique écrit une lettre à Barthélemy, pour leurs noces de perle (30 ans de mariage).



Almanach royal 1817, Gouverneurs des Divisions militaires, etc., p526


Arsène en uniforme de lieutenant-colonel, aide de camp (de son père)
(portrait exécuté en 1819)

  
"Gazette nationale" du 10 sept. 1817 et "Journal des Débats politiques et littéraires" du vendredi 3 octobre 1817.



Retraité 1817-1825

Ce congé de quatre mois a-il irrité en haut-lieu ? Toujours est-il que le 3 septembre 1817, le duc de Feltre propose au Roi de "faire cesser cette exception à l'égard de M. le comte O'Mahony et de lui appliquer les dispositions de l'ordonnance du 1er août 1815." Le 4 septembre il lui annonce son admission au maximum de la retraite de son grade et son remplacement. Le même jour, Barthélemy présidait à Rennes la journée de l'Asssociation paternelle des chevaliers de Saint-Louis. Le 12 septembre 1817, le mauvais état de sa santé détermine le duc de Feltre à donner sa démission.

On sait que la Restauration cherchait de sévères économies. L'une d'entre elles touche les divisions militaires où on comptait trois ou quatre lieutenants généraux au lieu d'un seul, nécessaire à la centralisation des ordres et des mouvements. La décision qui frappe Barthélemy n'est donc pas sans fondement : il a 70 ans et n'oublions pas, a demandé des congés de plusieurs mois pour régler ses affaires à Paris, refusés d'abord puis acceptés à force d'insistance ! On peut imaginer que le duc de Feltre, sachant qu'il allait démissionner, voulut faire en sorte que la sortie de Barthélemy se fasse dans les meilleures conditions, tant qu'il en avait encore le pouvoir. De toute façon l'issue était fatale puisque le nouveau ministre est le maréchal Gouvion Saint-Cyr, qui avait mis Barthélemy à la retraite une première fois, n'acceptant déjà pas les faveurs exceptionnelles.

Ainsi, par une ordonnance du 3 septembre 1817, Barthélemy est admis au maximum de la retraite de son grade. Il pensait avoir également droit à une pension de commandeur de l'ordre de Saint-Louis, mais il lui fut répondu en juin 1818 que les deux pensions ne pouvaient être cumulées.




Le duc de Feltre informe Barthélemy de sa mise à la retraite



Après 43 ans de services effectifs, dont 6 ans de campagnes, Barthélemy est ainsi mis à la retraite, définitivement cette fois-ci, avec 6 000 francs de pension, maximum de la retraite de son grade. Il écrit au ministre le 10 septembre pour lui faire part de ses difficultés financières et demander une avance de traitement ... qui ne pourra pas lui être accordée.
"Mais la perte de dix huit cent mille francs par suite de mon émigration, les dépenses successives faites dans les trois Divisions que j'ai commandées, et celle énorme que je venais de faire ici pour m'y fixer avec Mad. O'Mahony, mon fils et toute ma maison, m'ont forcé de contracter des dettes qui m'arrêtent encore à Rennes après y avoir encore acheté pour douze mille francs de meubles. Ceux que j'avais à Paris viennent de m'y être envoyés. Ce transfert m'a couté 3 000 francs et en coutera autant pour les faire repartir."

Lors du passsage du duc d'Angoulème à Rennes, il fit représenter devant ce prince, le 19 septembre 1817, un vaudeville de la composition de son fils Arsène, intitulé : Un jour de bonheur, dont le succès fut prodigieux dans les départements de l'Ouest, "par la vive peinture de ce royalisme ardent et pur que l'auteur avait puisé dans ses sentiments habituels".

Le 23 du même mois, il fut remplacé dans son commandement par le lieutenant-général Dubreton et admis à la retraite. Il annonça lui-même cette nouvelle aux troupes de sa division, par un ordre du jour qu'il terminait ainsi :
« ... Je prie tous les Bretons qui se trouvaient sous mes ordres directs, et principalement les braves gardes nationales, d'agréer mes remerciements de leur zèle constant à me seconder en tout ce que j'ai cru devoir faire pour le maintien de l'ordre, le rapprochement des partis et l'affermissement de l'autorité légitime. Je les ai trouvés tels qu'ils furent toujours, tels qu'ils seront à jamais : "fidèles à leur Dieu et à leur Roi". » (Extrait de Biographie des hommes vivants ou histoire par ordre alphabétique de la vie publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs actions ou leurs écrits. 4. LA-Oz / par Une Société de gens de lettres et de savants).


Le 8 avril 1818 il adresse une lettre au comte de Pradel, directeur général ayant le portefeuille de la maison du roi (voir ici).

Une ordonnance du Roi datée du 21 octobre 1818 porte liquidation de trente-deux soldes de retraites provisoirement payables sur le fonds des demi-soldes en attendant qu'elles puissent être inscrites au trésor : "ces soldes de retraites cesseront d'être payées sur le fonds des demi-soldes à compter du jour où elle pourront être imputées sur le fonds des pensions militaires". Suit le tableau des trente-deux officiers concernés. Barthélemy est de premier de la liste ; sa demi-solde était de 7 500 francs, et sa retraite est de 6 000 francs ( Bulletin des lois de la République française 1818-07).





        
les acteurs de gauche à droite : les maréchaux marquis de Gouvion Saint-Cyr, Clarke duc de Feltre, Mac Donald duc de Tarente et Houx marquis de Vioménil.
Le premier fut ministre en 1815 et de 1817 à 1819 et le deuxième de 1815 à 1817.




Ce combat était définitivement perdu ; il lui en restait un autre à gagner : la grand'croix de Saint-Louis !

Le Roi lui accorde en 1819 une pension annuelle de 2 000 francs sur les fonds de l'ordre de Saint-Louis. Le 5 juillet, il est témoin au mariage à Rennes de sa parente Charlotte Jacquemine Le Vaillant avec Louis Charles Putecotte de Reneville, garde du Corps. Il est alors qualifié : M. le comte Barthélemy O'Mahony, lieutenant général des armées du Roi, commandeur de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem,, majeur demeurant à Paris.


Signatures apposées sur le registre des mariages de 1819 à Rennes (vue 79/149)
On voit que Barthélemy était accompagné de Monique et d'Arsène, qui ont signé avec lui.




Le 2 juillet 1820, il adresse au ministre, le marquis de Latour-Maubourg, depuis la rue Royale à Versailles, une demande de la Grand'croix de Saint-Louis. Celui-ci lui répond le 25 août, lui disant que "le Roi lui avait témoigné le désir de voir bientôt se présenter l'occasion de vous accorder la dignité de grand'croix de l'ordre de Saint-Louis". Barthélemy le relance le 14 septembre pensant que "cette circonstance se présente aujourd'hui, à l'occasion de l'évènement heureux qui fait la jubilation de tous les bons Français".



Demande au ministre de la grand'croix de Saint-Louis



On notera qu'à cette époque Barthélemy est toujours colonel de l'armée britannique.



The Royal Military Calendar, 1820



En 1820 le couple quitte l'hôtel du 58 chaussée d'Antin à Paris pour s'établir à Versailles, 88 rue Royale. Barthélemy conserva néanmoins un domicile parisien.

Le 21 janvier 1821, jour anniversaire d'un éternel deuil pour la France et de méditation pour les chrétiens, il rédige son testament. Le choix de cette date n'est pas laissé au hasard et témoigne par là de la fidélité infinie de Barthélemy à la mémoire de Louis XVI, guillotiné le 21 janvier 1793.

Son épouse, Monique de Gouy d'Arsy, décède à Versailles le 4 avril 1823, en son domicile rue royale, n° 88, âgée de 73 ans (Voir son testament).

Suite à l'ordonnance royale du 16 avril 1824 relative aux ordres étrangers, nul ne peut accepter ni porter la croix de l'ordre de Malte sans l'autorisation de Sa Majesté, obtenue par l'intermédiaire du grand-chancelier de la Légion d'honneur. Tous les sujets du Roi, qui ont reçu l'Odre de Malte des grands-maîtres pendant leur règne, purent être admis à présenter leur demande en autorisation. C'est ce que firent Barthélemy et Arsène qui reçurent le 21 juin 1824 l'autorisation de continuer à porter cet ordre.



  
certificats de 1824



Barthélemy, dont le domicile habituel était 58 rue de la Chaussée d'Antin, à Paris, décède le 16 mai 1825, à Versailles, au domicile de son fils, 1 rue Saint-Honoré, âgé de 77 ans. Quelques temps avant sa mort, il avait éprouvé deux grandes joies. Le 25 août 1823, dans la salle du trône au château des Tuileries, Louis XVIII l'avait décoré des insignes de grand'croix de l'Ordre de Saint-Louis, dignité suprême de cet ordre militaire. Puis, le 27 septembre 1824, son fils épousait à Versailles Célestine de Galard de Bearn-Brassac.



Lettre du ministre annonçant la grand'croix et convoquant Barthélemy aux Tuileries


Lettres de Grand'Croix signées du Roi et scellées de son sceau de cire rouge



Médaille de commandeur de Saint-Louis et médaille + plaque de Grand'croix de Barthélemy
© collection particulière : reproduction interdite

     
Extraits des registres des décès de Versailles (Monique et Barthélemy) et annonce au ministre du décès de Barthélemy
-cliquer sur les miniatures-


Tombe de Barthélemy et Monique au cimetière Saint-Louis de Versailles



Quartiers de Barthélemy O'Mahony