Ajout



Lettre de Barthélemy O'Mahony, datée de "Rennes, Dimanche matin 1er décembre", adressée à son fils Arsène.

Celle lettre a été écrite en 1816. Barthélemy est alors commandant de la 13e division militaire à Rennes, et Arsène est à l'état-major de la 1ère division militaire à Paris.

Dans cette lettre est évoqué un portrait que Barthélemy a fait faire de lui, peut-être un des trois portraits qui étaient chez son petit-fils fils Paul, à Paris sous la Commune...



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Je ne sais, mon bon ami, si cette lettre éprouvera le même retard que celle d'y a 8 jours. Je ne comprends pas d'où cela peut venir. Crois-tu devoir l'attribuer aux curieux ? [comprendre : la censure] Je serai bien aise d'avoir ton opinion sur cela.
J'ai trouvé très bien la lettre que ta bonne mère t'a chargé d'écrire pour elle. J'espère que si M. Goulhot a pu se charger de la remettre lui même et d'obtenir qu'elle ait été lue en sa présence, nous en aurons une prompte réponse. Je crois que tu as bien fait de t'être décidé de solliciter les bontés de notre excellent prince dans cette occasion, d'autant plus qu'il est présumable que ce sera la dernière grâce que je lui demanderai pour moi. Je regarde ma carrière militaire absolument terminée car le congé ne pouvant mener qu'à la retraite, je n'aurai plus rien à prétendre. J'espère au moins que la manière dont j'aurais servi le Roi jusqu'à la fin, comptera un jour pour quelque chose à mon cher enfant. Je n'ai jamais eu d'autre ambition, et cela est bien pardonable à un père qui ne vit que pour son ...

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... son fils et pour la meilleure et la plus tendre des femmes et des mères.
J'espère [que ce] qu'Henri t'aura envoyé est arrivé dont la lettre que je lui ai donné pour le bon Miche. Je t'engage à aller voir son oncle, il te dira ou en est ma créance portugaise dont il est possible que nous tirions encore quelque chose. Que Dieu le veuille !
Monsieur de Favancourt [sans doute François Antoine Bernay de Favancourt, d'une famille de Nancy] a reçu une lettre du ministre qui dit qu'on reconnait le droit qu'il a à un grade de chef d'escadron, mais qu'on ne lui en délivrera le brevet que lors qu'il pourra être employé en activité dans ce grade, soit dans la ligne, soit dans l'état major.
Je trouve fort nobles les raisons que ta bonne mère donne pour ne pas demander que le congé soit avec appointements [Barthélemy a demandé un congé de trois mois le 20 novembre, après avoir essuyé un premier refus le 2 novembre] et j'approuve toujours ce qui est noble et digne. Comme je n'ai jamais servi le Roi pour de l'argent, je ne veux jamais qu'on puisse m'en soupçonner un seul instant.
J'espère que ce qu'on dit de toutes les réformes qu'on veut faire est sans fondement. J'espère également que nous conserverons notre bon ministre que je regarde comme le palladium de la royauté [le maréchal Clarke, duc de Feltre, d'une famille d'origine irlandaire, ami des O'Mahony semble-t-il ; il démissionnera en septembre 1817 pour raison de santé et mourra un an plus tard, à 53 ans]. Sa retraite serait une calamité ...




... publique et d'autant plus facheuse qu'elle entrainerait celle de plus d'un fidèle serviteur du Roi. J'en connais plus d'un dont cela serait le signal de la retraite [C'est ce qui arrivera à Barthélemy en septembre 1817].
La lettre que je recevrai de toi demain, mon bon ami, me dira si le portrait du pauvre exilé t'a fait bien plaisir ; quoique j'en suis persuadé d'avance, il serait heureux de le lire de ta main, et de celle de ta tendre mère qui me fera un récit bien exact de la bonne réception qu'elle et toi m'avez faite. Je désire savoir surtout si tu y as trouvé de la ressemblance. Il aura au moins été une preuve de mon désir de faire quelque chose qui peut procurer un moment de jouissance à mon cher enfant.
Lorsque tu iras dans les Bureaux, je te prie de t'informer dans celui de M. Micques sur la demande que j'ai faite au ministre par mon avant dernier courrier pour obtenir que M. Dartois soit nommé adjudant de place à rennes, en remplacement de M. Heron (qui est mauvais) y est parvenu. Calmies est dans l'âge de le retraite, et comme je n'y ai nulle confiance je voudrais en être débarrassé. Je sais qu'il est en relation et lié avec plusieurs fédérés (?) et sujets véreux de la ville, de sorte que non seulement je ne puis pas m'en servir, mais même qu'il ...

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... pourrait mais s'il n'était surveillé.
Tous les rapports reçus ce matin de ma division disent que tout y est calme et en bon ordre. Le général Gognelas me mande [=dit] de Brest qu'enfin l'inspecteur général Leval s'est décidé à aller faire son instruction à Belle-Isle, ou bien de faire venir pour sa plus grande commodité les troupes qui y sont. Je voudrais bien que tu puisses me procurer quelques informations exactes sur le degré de confiance que je puis donner au collègue inspecteur général que je nomme dans ma lettre d'aujourd'hui à ta bonne mère. Sur ce, mon bon ami, reçois avec cette tendre mère toutes les coupes de mon coeur.
Mes amitiés à tes deux excellents chefs.