Arsène O'Mahony
Comte O'Mahony
1787-1858
Chevalier des ordres de Malte, Saint-Maurice et Saint-Lazare, Hohenloe, etc.
Officier de cavalerie (1802-1817)
Un des plus brillants écrivains de la presse royaliste sous la Restauration
1 (1818-1841)
III.- La famille
III.2- Vie de famille
Versailles 1823-1830
Avant son mariage, Arsène vivait chez son père à Versailles et avait un pied à terre à Paris (rue Cassette) comme le rappelle
Le Monde Artiste Illustré qui publie le 30 septembre 1906 une
lettre écrite le 18 décembre 1807 par
M. Alexandre de Chambry, à son ami Arsène O'Mahony.
Arsène donnait comme adresse en mars 1822 celle de ses parents, rue de la Chaussée d'Antin, n°58, à Paris.
Après le décès de sa mère, il perdit l'usufruit qu'il avait de cet hôtel parisien et sa sœur Aurore des Salles demanda au tribunal la délivrance du legs que lui en avait fait son grand-père,
le marquis de Gouy d'Arsy.
C'est donc
vraisemblablement à cette époque, et pensant sans doute à un prochain mariage, qu'il s'établit à Versailles, rue Saint-Honoré, n°1. A son premier mariage en 1824, Arsène y habitait avec son père, qui est décédé le 16 mai 1825 "au domicile
de M
r son fils". Sa fille Marie y est née le 15 septembre 1825. Sa première épouse y est décédée le 21 septembre 1825.
Monique y est née le 1er décembre 1827, ainsi que Paul, le 13 décembre 1828 et Célestine le 24 mars 1830. Quand Arsène quittera Versailles, il conservera cet appartement pour le sous-louer.
L'appartement de la rue Saint-Honoré, à deux pas de la cathédrale Saint-Louis, était à mi-chemin entre le château et le cimetière Saint-Louis
L'immeuble comporte 9 fenêtres en façade de la rue Saint-Honoré et 7 en façade de la rue du général Leclerc (autrefois rue de l'orangerie) où semble actuellement se trouver l'entrée.
A gauche : cadastre de 1813, section de Saint-Louis
Carte postale ancienne. Le n°1 doit être l'immeuble sur la droite au bout de la rue.
En 1825 Arsène dépose un dossier à la préfecture de la Meurthe pour obtenir l'indemnité due pour la maison de Nancy confisquée pendant la Révolution.
A cette époque il effectuait de fréquents voyages, comme en témoigne un passeport délivré à Caen le 29 juillet 1826 pour aller en Angleterre
et un autre délivré à Turin, le 23 octobre de la même année par le marquis de Latour du Pin, ambassadeur du Roi à la cour de Turin,
pour laisser librement passer Arsène "chargé de nos dépêches". Au dos du passeport délivré à Caen se trouvent des visas pour la Sardaigne (6 septembre 1826), Genève (6 octobre),
Turin (15 octobre) etc.
Demande d'indemnité (1825) et passeports (1826)
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Lettre écrite à Arsène le 23 mars 1830 par un oncle ou une tante.
Prière écrite pour la première communion de Célestine
Fribourg 1830-1846
Sur cette période, voir
ici et lire de livre de Véronique Winther :
Sur les pas de Marie O'Mahony.
Il arrivait à Arsène de retourner en France, comme en mai 1839, où une lettre d'une amie de Besançon nous apprend qu'il y était avec sa fille Marie, rue du jardinet, n°3, ou
durant l'automne 1841 avec son épouse, Augustine, qui s'y fit peindre le portrait par Paulin Guérin.
Si je fais le voyage projeté, je compte arriver à Paris dans la première semaine d'août. Mais je ne puis encore vous dire le reste de mon itinéraire car je dois
aller en Picardie et en Normandie, où je passerai (ensemble) à peu près un mois, et
le moment de ces deux courses dépend d'arrangements et de rendez-vous de famille qui ne sont pas encore déterminés. De toutes manières je compte passer un mois à Paris et puisque vous
auriez la bonté d'y revenir à cause de moi, je voudrais ne rien perdre du temps que vous me destinez. J'aurai donc soin de vous tenir au fait de ce qui se décidera. Ce qui est certain c'est
que je dois être de retour avant le 15 octobre. Ainsi 15 jours pour aller et revenir, un mois en course, un mois à Paris, voilà la distribution du temps (lettre d'Arsène à Leclère d'Aubgny, datée de Fribourg le 24 avril 1841)
Lissieu 1846-1857
En 1846, l'exil Suisse prend fin. Le 30 juin, Arsène achète sur la commune de Lissieu, à une dizaine de kilomètres au nord de
Lyon, le
château de Montvallon, grande bâtisse sans beaucoup de cachet, entourée de beaux arbres et de onze hectares de terres, où il n'éprouve sans doute aucune difficulté à loger toute sa famille.
Montvallon n'est qu'à une centaine de kms de Longpra, où une tour nommée
tour O'Mahony semble indiquer que les enfants d'Arsène étaient des habitués du lieu.
On disait dans la famille que l'état de santé de son épouse, aggravé en 1845 par la mort de deux enfants (Patrice,
né le 7 juillet 1843 et Marie-Arsène, né en juillet 1845) et par l'attente d'un quinzième enfant pour la fin de l'année,
avait provoqué ce retour en France. Il est cependant plus vraisemblable que ce soient les troubles qui
suivirent les débats à la Diète pour l'expulsion des jésuites et l'alliance secrète des cantons catholiques de 1845 qui aboutirent à la guerre civile, dite de Sonderbund, de 1847 qui motivèrent ce retour.
Recensements de 1846 (population éparse)
21 personnes comptées au château et à la ferme
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Ce retour ne sera guère salutaire à Augustine, puisqu'elle mit au monde un petit Patrice le 11 octobre et mourut le 5 décembre suivant, suivie de peu dans la tombe par Patrice (25 janvier 1847).
Le décès de son épouse conduit Arsène à rédiger son testament le 2 février 1847 :
Au nom de la Très Sainte Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ainsi soit-il.
Ma femme bien aimée m'ayant exprimé des intentions testamentaires qu'elle n'a pu écrire elle-même, je lui ai promis d'y suppléer. Je commence par remplir ce devoir sacré , en
les consignant ici dans le cas où je ne pourrais pas les accomplir moi-même avant de mourir. Elle a désiré, que sur ce qui devait lui revenir des successions de son père et de sa mère, et lors de leur liquidation définitive, deux legs pieux fussent prélevés. En conséquence, et en son nom, je lègue sur la portion disponible de ma fortune, une somme de cinq cents francs (500fr.), une fois payée, à la Communauté de la Visitation Sainte Marie, de la ville de Rennes, laquelle somme devra être remise à Madame Pauline du Plessis Parseau, religieuse visitandine dans cette maison, pour qu'il en soit fait l'usage le plus profitable à la communauté, sans qu'il soit besoin d'en justifier l'emploi à mes héritiers. Je lègue, également en son nom et de sa part, une somme de cinq cents francs (500frs) une fois payée, à Monsieur le chanoine et doyen de Saint Nicolas (de Fribourg), à la destination de l'acquittement ou de l'entretien de la maison des frères maristes qu'il a fondée à Fribourg, sans contrôle de qui que ce soit, et sans qu'il soit tenu de rendre de l'emploi à mes héritiers. Je recommande aux sus dits légataires de prier pour le repos de l'âme de Madame O'Mahony, de la mienne, et pour mes chers enfants.
Conformément encore au désir de ma femme bien aimée, je veux et j'ordonne que sur la part disponible de ma fortune une somme de huit mille francs (8000fr.) soit consacrée, hors part héréditaire, aux frais d'éducation et d'instruction de mes deux fils Louis et Ignace, et qui seraient faits pour eux dans ce but, à dater du jour de mon décès ; et dans le cas où à cette époque, leur éducation serait soit terminée, soit avancée, le surplus non employé de la dite somme de huit mille francs retournerait à la masse de ma succession.
Sur la part disponible de ma fortune, je lègue à M. Rupert, ancien secrétaire rédacteur de l'Invariable et père de mon filleul Maurice, une somme de quinze cents francs (1500fr.)
payables en cinq portions de trois cents francs chacun, et d'année en année, le premier payement un an après l'ouverture de ma succession.
Dans l'espérance que mon fils Paul ne déviera jamais de la ligne de l'honneur que ses Pères ont constamment suivie, je lui laisse l'épée, les croix et plaques de l'ordre de son vénérable ayeul, en lui recommandant de se montrer digne de ce legs, en restant, comme lui, invariablement fidèle à son Dieu et à son roi légitime.
Plus tard, et si Dieu m'en donne le temps, je spécifierai quelques objets particuliers que je désire distribuer entre mes chers enfants, mes beaux frères et belles sœurs, et quelques amis à titre de souvenirs. Si le temps me manque, mon fils Paul, d'accord avec ma fille Monique, feront la répartition de ces objets qu'ils connaissent, et, autant que possible, comme ils croiront que je l'aurais fait moi-même.
Je nomme et j'institue, par le présent testament, monsieur le Baron de Franclieu, mon cher excellent beau frère, le tuteur de mes chers enfants mineurs, que je recommande à son amitié.
Je nomme Monsieur Thureau Dangin mon exécuteur testamentaire, en le remerciant du zèle affectueux qu'il a mis constamment dans la conduite de mes affaires et je le prie d'accepter en souvenir de ma reconnaissance l'exemplaire sur vélin inachevé avec l'atlas de gravures du Tableau de Paris, qui se trouve dans ma bibliothèque.
Un an plus tard, le 21 février 1848, Arsène épouse à Dole (Jura) Eugénie Garnier de Falletans. Deux enfants naissent à Montvallon : Maurice (1849) et Marie (1851).
Richard Antoine, auteur d'une "Vie de J.-B. Leclère (d'Aubigny), avocat, membre de plusieurs sociétés savantes, mort le 17 avril 1850", publiée en 1851, écrit :
Il prit la résolution de se refermer dans le cercle de ses études et de vivre plus étroitement pour Dieu. Il ne vit plus que quelques amis vrais, avec lesquels il entretint correspondance jusqu'à sa mort. Nous ne pouvons pas ne pas nommer ici M. Edouard Dumont,
ancien professeur d'histoire au collège de Saint-Louis, "un des écrivains catholiques de France
les plus éminents en savoir et en piété" ; M. le comte O'Mahony, l'Addison français,
et catholique dont le talent d'observation et le style incisif rappèlent J. de Maistre ;
M. Paulin-Guérin, "notre vrai peintre chrétien, qui nous a si bien retracé dans Adam et Eve, dans Caïen et dans le mystère du Calvaire,
dans Sainte Anne, Sainte Catherine, Sainte Cécile, les premières douleurs de l'humanité, ses maux réels, ses hautes espérances et quelques reflets de sa beauté primitive." Quelques ecclésiastiques ont aussi compté parmi ceux qui lui furent toujours chers et qui étaient heureux de la connaître et de l'aimer.
En octobre 1856, le château et les terres de Montvallon sont vendus pour la somme de 70 000 francs, l'acte de vente est signé de Paul qui avait reçu, à cet effet, une procuration de son père, ce qui peut laisser croire à une mauvaise santé de celui-ci.
Recensement de 1851 (agglomération)
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Lyon 1857-1858
La rue de Bourbon, aujourd'hui rue Victor-Hugo, fut tracée à Lyon pendant le Premier Empire et achevée en 1842. Arsène s'y installa au 53.
La maladie fût-elle la raison de ce déménagement, ou la surprit-elle peu après, toujours est-t-il qu'il mourut le 15 mars 1858 après une longue agonie.
Sur ces derniers instants, voir
ici.
registre des décès de Lyon
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L'an 1858 et le 17 mars, nous curé de cette paroisse (Lissieux) soussigné, avons donné la sépulture ecclésiastique à Marie Arsène Barthélemy Daniel, comte O'Mahony, ancien lieutenant colonel de cavalerie, chevalier des ordres de Malte, Saint-Maurice et Saint-Lazare, décédé à Lyon le 15 du dit mois, dans sa71e année, sur la paroisse
d'Ainay) et conduit par nous jusqu'à la paroisse de Lissieux en laquelle il avait désiré être inhumé, près d'Augustine Fortunée de Franclieu son épouse.
Témoins Messieurs Paul, Louis, Ignace O'Mahony, ses trois fils qui signent avec nous le présent acte
Extrait du registre paroissial de Lissieux (recopié par Patrice Bougrain-Dubourg)
Dole et Sampans
Eugénie ne resta pas longtemps à Lyon. Aucun O'Mahony n'apparait dans la rue de Bourbon lors du recensement de 1861. Elle retourna dans le Jura, auprès de son père
2, veuf depuis 1857, qui mourut en juillet 1862.
Elle s'installe alors dans les propriétés dont
elle hérite, à Dole et à
Sampans (où elle apparait dans le recensement de 1866).
(1) Ainsi qualifié dans l'article nécrologique de la Presse du 31 décembre 1858, du Monde dramatique du 13 janvier 1859, etc.
(
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(2) Au 1er janvier 1861, il possédait une maison à Dole dans laquelle il occupait l'appartement du premier étage, louait
le rez-de-chaussée et laissait un petit appartement "leur vie durant" à deux domestiques ; un petit logement à la porte de la
maison, amodié ;
un domaine à Dole, amodié ; un domaine à Molay, amodié (dont il avait hérité de sa sœur Eugénie en 1846, et
qu'il avait "relaché" à sa fille Eugénie en 1850) ; un domaine à Choisey, avec une grande vigne, amodié ; un domaine à
Sampans, avec 22 journeaux de vigne, amodié sauf "une maison que j'habite
et un clos dont je jouis."
(
retour au texte)