Ajout et correction page 309
Arsène O'Mahony à Fribourg
1830-1845
Passeport britannique d'Arsène en Suisse (recto-verso)
Nous Algernon Percy
Plénipotentiaire de Sa Majesté Britannique près la Confédération Suiie,
Prions et requérons tous ceux à qui il appartiendra de laisser passer et librement circuler Monsieur le comte O'Mahony, sujet de S.M. Britannique avec sa suite, etc...
Le 25 juillet 1830, le roi Charles X signe une ordonnance restreignant la liberté de la presse. Le lendemain les journalistes se réunissent dans les bureaux
du National et quarante-quatre d'entre eux, dont Thiers, signent une protestation. Le 27 juillet les presses de quatre journeaux sont saisies ce qui
déclenche ce qu'on appelera "la Révolution de juillet" ou "les Trois glorieuses", qui aboutira à l'arrivée au pouvoir
de Louis-Philippe qui prête serment le 9 août.
Un mois plus tard, le 7 septembre, "la fantaisie ayant pris aux légitimistes d'une nouvelle émigration", Arsène s'exile à Fribourg
-où il est reçu en tant qu'irlandais- s'imaginant, selon M. Prelot, prouver au monde que la France était devenue inhabitable sous le règne du roi bourgeois
(Le libéralisme catholique, Armand Colin, 1969). Il y retrouve, à l'ombre du collège des jésuites, l'abbé Rauzan qui a fui la "maison des missionnaires" mise à sac par les "héros de juillet, Mgr Forbin-Jeanson, évêque de Nancy
chassé par ses diocésains, Mgr Tharin, évêque de Strasbourg, Mgr de Rohan-Chabot, archevêque de Besançon, etc.
C'est à cette époque également qu'il se détache de Lamennais qui a fondé l'Avenir en octobre 1830, et devient,
en qualité de directeur de l'Invariable, qu'il qualifia "Nouveau Mémorial Catholique" malgré les protestations de l'Avenir, un de ses adversaires les plus irréconciliables.
Pour surveiller et dénoncer l'Avenir, il s'était entouré entre autres de Jacques-Benjamin Binsse de Saint-Victor, d'Henri de Bonald, de Charles de Haller et de l'abbé Desgenettes, et publiait des
correspondances des abbés Gerbet et Rochbacher. Il lança des attaques retentissantes contre Lamennais et Montalembert.
Des courriers écrits en 1830-1831 montrent qu'Arsène habitait à cette époque aux Pilettes, près Fribourg. Il n'y
habitait pas seul car son beau-père
Anselme de Franclieu y vivait également avec femme et enfants.
Ce baron de Franclieu, très pauvre, avait été dans sa jeunesse officier de marine. Après son mariage, il vécut, d'abord à Baugy, près de Compiègne, puis à Saint-Germain-en-Laye. A la Restauration il fut nommé commandant en second de l'Ecole de Marine à Brest; mais perdit cette situation quand l'Ecole fut transférée à Angoulème. Il acheta alors le petit castel du « Bois de la Pierre », près de Laigle (Orne) où il vécut jusqu'en 1830 avec ses quatre enfants, dont un fils, Anselme, une fille qui épousa le Docteur (sic) O'Mahony et une autre le baron des Garets. Effrayé de la révolution de juillet, il passa alors dans une petite campagne près de Fribourg (Allemagne) dont il ne revint au "Bois de Pierre" qu'en 1834." (Comptes rendus et Mémoires, Société d'Histoire de d'archéologie de Senlis, 1950)
C'est pendant qu'il demeurait aux Pilettes qu'un incident se produisit.
Un publiciste connu par ses nombreux écrits et par sa coopération au Mémorial catholique, qui avait marqué sa place parmi les écrivains distingués de l'époque, M. le comte O'Mahony, Irlandais, résidait aux Pillettes depuis environ deux ans. Quelques malveillants se portèrent durant une nuit aux abords de son domicile, y firent du tapage et brisèrent des vitres. Au lieu de sévir contre les auteurs de ce fait scandaleux, le Conseil Secret écrivit au Préfet, le 8 Février 1831, dans la teneur suivante :
« Il est à notre connaissance que M. O'Mahony, domicilié près de cette ville, est l'objet de l'animadversion publique, parce qu'on a lieu de supposer que cet écrivain fournit à la rédaction du journal le Vëridique des articles dirigés contre le nouvel ordre de choses, et abuse ainsi de l'hospitalité qui lui est accordée.
Voulant nous édifier à cet égard, nous vous chargeons d'interpeller M. O'Mahony et d'exiger de lui une déclaration littérale de la part qu'il a prise jusqu'ici et de celle qu'il prend encore à la rédaction du dit journal. »
On peut voir par cette lettre jusqu'où allait l'inquisition à cette époque et au moment même où la loi sur la presse venait d'être promulguée.
Voici quelques passages de la réponse qui ne se fit pas attendre par M. le comte O'Mahony, puisqu'elle est du lendemain 9 Février :
« J'aurais désiré qu'il fût dit en vertu de qu'elle loi, un homme, fût-il étranger, est obligé de déclarer ce qu'il a écrit, quand rien de ce qu'il a écrit n'est repréhensible aux yeux de la loi : ce qui est toujours incontestable, tant qu'une condamnation judiciaire n'a pas établi le contraire.
J'avais ouï dire que la liberté de la presse était proclamée dans le canton de Fribourg, et j'en avais conclu naturellement que cela signifiait que l'on pouvait écrire librement, sauf à répondre devant les Tribunaux, mais seulement devant eux, de ses écrits et de leurs conséquences....
Au reste, si je fais ces remarques, c'est seulement dans l'intérêt de certains principes de justice générale qu'il est bon de rappeler chaque fois que l'occasion s'en présente ; car en ce qui me concerne personnellement, je n'ai jamais eu ni l'intention, ni le besoin de renier mes écrits
Je répondrai donc sans peine à la sommation extra-judiciaire qui m'est faite en déclarant que, ni dans Le Vëridique, ni ailleurs, jamais je n'ai défendu l'ancien gouvernement de ce pays, ni attaqué le nouveau, et cela par la raison que je n'avais pas eu le temps de connaître le premier, et que je n'ai point encore l'honneur de connaître le second. Dans le très-petit nombre d'articles que Le Véridique a bien voulu accueillir, je me suis borné à des réflexions générales sur des matières religieuses et à réfuter quelques journaux étrangers.
Quant à l'hospitalité qu'on veut bien m'avoir accordée, je dois dire que je me croyais en Suisse en vertu du seul droit des nations, justement comme les Suisses sont en Angleterre, en Allemagne, en France, où ils ont la liberté de penser, de parler et d'écrire, tant qu'ils le font sans enfreindre les lois du pays, et je n'avais pas cru que, précisément dans une république, aucune de ces trois facultés pût être exceptée du droit commun des étrangers. »
Cette affaire n'eut pas d'autre suite.
Plus étonnant encore que la précipitation de son départ, Arsène, dans cette nouvelle aventure, se réclame une fois de plus de sa double nationalité :
c'est en effet en tant que "sujet de sa Majesté Britannique", qu'il obtient à Berne, le 20 février 1831, du Ministre plénipotentiaire anglais près de la Confédération Helvétique,
un passeport l'autorisant "à voyager et à séjourner" en Suisse avec sa suite. Ce document officiel britannique, semble être sa pièce d'identité de base, pendant les seize années
que dure son exil volontaire en Suisse (1830-1846). Y figurent en particulier les visas délivrés par l'Ambassade Française à Berne, l'autorisant à entrer en France.
Ce qu'il ne fit vraisemblablement d'ailleurs qu'en de rares occasions.
En 1832 Arsène déménage rue de Morat.
Son ami de Saint-Victor s'expatrie deux ans en Amérique, d'où il lui écrit régulièrement pendant deux ans des lettres qu'il fera paraître
dans
l'Invariable et qui seront éditées en 1835 à Lyon sous le titre "lettres sur les Etats-Unis d'Amérique écrites
en 1832 et 1833 et adressées à M. le comte O'Mahony". Le 2 juillet 1832, Alphonsine meurt, âgée de 11 mois.
À partir de 1833 il devient également le principal correspondant de La Gazette du Lyonnais : son article communiqué provoque la démission du général d'Hautpont, gouverneur d'Henri V.
Lors du recensement de 1834, habitent au 215 rue de Morat, à côté du couvent de la visitation, [vue 100/501 DI Iia 15] :
- Le baron Anselme de Franclieu, propriétaire, venant du Bois de la Pierre, et la baronne de Franclieu, son épouse,
avec leurs enfants Eleonore (28 ans) et Anselme (30 ans), et deux servantes : Caroline Leroy (39 ans) et Vanette Terrier (23 ans)
- Le comte O'Mahony Arsène, propriétaire venant d'Irlande, et comtesse Marie née Franclieu, avec Marie (9 ans), Monique (7 ans), Paul (6 ans), Célestine (4 ans), Joseph (2 ans), Henry (1 an) et 2 servantes de 23 ans (Adélaïde Pillard et Jeannette Moulle) et une nourrice de 29 ans (Marie Dumont, née Beauvais, et un domestique de 38 ans (Frédéric-Martin Vicourt)
- Le vicomte Desgarets Francisque, propriétaire venant de Lyon (26 ans) et son épouse Béatrice, née Franclieu (26 ans), avec deux servantes (Claudine Braillard 29 ans et Mariette Bétique 18 ans)
Fribourg en 1830
en rouge le couvent de la Visitation, voisin de la maison des O'Mahony et Franclieu
En juin 1836, Marie (10 ans) et Monique (8 ans) entrent comme pensionnaires à l'institution du Sacré-Cœur de Montet créé par la mère Barat 5 ans auparavant.
Le comte O'Mahony écrivait le 21 février 1836 au père (jésuite) Nicolas Deschamp, professeur au pensionnat de Fribourg : « Si pour exciter votre plume, il
fallait un autre motif que votre désir de faire le bien, je
vous dirais que cet Invariable, que vous avez créé, que
vous avez dirigé, que vous avez longtemps enrichi,
vient de recevoir un double encouragement. D'abord une
collection entière a été prise pour la Bibliothèque du Vati-
can ; ensuite le Saint-Père a versé sur le pauvre et indigne
directeur une de ces grâces spéciales, récompense inap-
préciable aux yeux du chrétien. »
Le 11 décembre 1837, Henri décède à 4 ans.
En juin 1838 Arsène se rend à Kirchberg, en Autriche, pour rendre visite au roi en exil Louis XIX, fils de Charles X. Il y reste un mois. Sur la route du retour il passe à Salzbourg
pour remettre à la princesse de Beira, infante du Portugal, une lettre de la reine douairière de Naples.
Lors du recensement de 1839 [DI Iia 33 vue 40/234] ne se trouvent plus au 215 rue de Morat que
"O'Mahony Marie Arsène 42 ans Gentilhomme venant d'Irlande, Augustine, sa femme, Célestine (9 ans), Louis (3 ans), Elisabeth (3 ans), Ignace, (2 ans), Marguerite Bovet (20 ans) domestique, Elisabeth Prost (17 ans), femme de chambre, Marie Behon, (38 ans), bonne d'enfant,
Françoise Martin (40 ans), cuisinière, Françoise Molac (16 ans), ouvrière, Julien Bestide (18 ans), domestique,
Georges Delly (30 ans) domestique". Ne sont plus là : Marie, Monique, Paul, et
Joseph. Marie, et sa sœur sont au pensionnat du Sacré-Cœur à Montet, les garçons au pensionnat des jésuites de Fribourg, à Estavayer-le-Lac.
Le décès d'Henri était signalé dans la revue de ce pensionnat.
La famille conserve des lettres adressées à Paul, au pensionnat des RR PP Jésuites à Estavayer-le-Lac, annexe du pensionnat de Fribourg, qui avait été ouverte en 1836.
Il semble en effet que les fils d'Arsène aient été élévés au Pensionnat de Fribourg, un des nombreux établissements
tenus par les jésuites, comptant plus de 400 élèves dont les Suisses
forment la minorité. Ce pensionnat est admirablement tenu et l'instruction y est bien solide. Les pères y ont réuni "tout ce qui peut distraire
l'esprit inquiet de l'enfance pendant le longue captivité des premières études".
Arsène se donnait la charge de dresser et diriger les jeunes élèves désignés pour monter sur la scène et jouer des pièces de choix : comédies, opéras. Il s'en acquittait si bien qu'il est resté légendaire
parmi les élèves fribourgeois. Philippe (Goiran 1832-1895) fut un des élèves du comte devenu professeur (le livre d'or des élèves du Pensionnat de Fribourg en Suisse, Noël Le Mire, 1893).
Pendant les vacances de Paques 1839, Arsène emmène Marie à Paris pour un séjour d'un mois, pour lui faire connaître sa famille maternelle.
Marie rencontre sa Bonne
maman de Bearn qu'elle connait peu mais avec laquelle elle échange de nombreux courriers. Elle fait également la connaissance de la famille de sa mère.
Arsène emmene Marie également chez les Franclieu, au Bois de la Pierre, où il doit régler avec son beau-frère et sa belle-sœur
la succession de leur tante Aglaé de Franclieu, chanoinesse, qui rédige son testament (elle mourut en 1858).
A peine rentré à Fribourg, Arsène part à nouveau et se rend aux eaux de Saint-Gervais avec sa fille Célestine. Il rentre à temps pour la naissance de Béatrice,
le 22 juillet. A la rentrée Joseph rejoint ses frères à Estavayer. L'année suivante, en juin, c'est Célestine (10 ans) qui rejoint ses sœurs à Montet. En juillet, Arsène
part en cure avec Joseph, à Pfeffers. Alphonsine nait le 14 septembre 1840.
Dans une lettre écrite à son ami Jean-Baptiste Leclère, d'Aubigny, le 29 octobre 1840 il dit que le temps libre que lui laissent ses souffrances est bien court. Cet avocat ne s'inscrivit jamais au barreau et
préféra faire des recherches historiques dans l'intention de corriger la manière qu'il jugeait tendencieuse d'enseigner l'histoire depuis la Révolution. Il collaborait à L'Invariable qui publia la plupart de ses récits ainsi parvenus jusqu'à nous.
En 1841 l'Invariable cesse de paraître.
Le 31 mars Arsène lui écrit :
Votre penchant, Monsieur, à juger trop favorablement ma famille, vous a persuadé que vous y trouvriez aussi notre jeune collaborateur mensuel. Certes, c'est faire grand honneur à mon fils aîné ; mais ce cher enfant a du chemin à faire avant de le mériter ; il achève maintenant la cinquième
au collège des Jésuites ; et quand il écrit, sans fautes d'orthographe, une lettre de bonne année à ses grands-parents, j'en suis tout surpris et tout fier. Il a deux sœurs
aînées, et encore la plus âgée n'a que 15 ans. Vous voyez, Monsieur, que, dans tout ce petit monde, il ne peut y avoir encore rien de littéraire, pas même en herbe.
Heureusement, il y a mieux que cela : il y a de la foi, une foi vive, profonde, une piété vraie, et plus raisonnée que l'âge ne le ferait supposer. Un petit garçon surtout (Louis de Gonzagues, nom heureux!)
s'annonce comme plusieurs qui sont devenus saints ; il n'a que six ans, et fait tout en vue de Dieu. Sans cesse il prie, et même la nuit ... Mais mon cœur de père se laisse aller ; pardonnez-moi, Monsieur ; ou plutôt non, je ne vous en demande pas pardon, car la ? de Dieu est au fond de cela (...).
Et le 24 avril Arsène lui écrit à nouveau :
Mon cher malade (Joseph) m'occupe et réclame mes soins. Ces soins fatiguent mon corps, déjà bien
faible et bien infirme ; et cependant il faut encore accomplir le travail obligé. Tout cela est beaucoup pour moi.
Au mois d'août Arsène emmène toute la famille en France, à Paris, chez les Béarn à Déniécourt et chez les Franclieu, au Bois de la Pierre.
Ils ne rentreont à Fribourg qu'en novembre. Pendant ce séjour, au mois d'octobre, Paulin Guérin a peint le portrait d'Augustine.
Le 25 février 1842 nait Gabrielle. Dans une lettre qu'il écrit au même Jean-Baptiste Leclère le 18 avril 1842, Arsène parle de la maladie de son fils Joseph :
Toute cette petite famille, sauf mon pauvre Joseph toujours aussi souffrant, va bien. Ma femme est parfaitement remise ainsi que la petite Gabrielle. Pour moi, je continue
à payer pour tous, ce qui est bien juste et bien heureux.
J'ai reçu une lettre charmante de notre grand peintre (sans doute Paulin-Guérin). Il y règne une foi si profonde, si soumise et si confiante, qu'on ne peut la lire sans
attendrissement. Veuillez le remercier de ma part, du bien qu'il m'a fait au cœur et à l'esprit par ces douces et édifiantes paroles. Dîtes lui aussi le bonheur quotidien,
le bonheur de tous les instants, que je dois au précieux portrait que je regarde sans cesse, et que j'admire et surtout que j'aime chaque jour d'avantage. Jamais ce talent n'a
mieux servi l'amitié.
Et encore le 28 mai 1842, il annonce son déménagement :
A tous mes ennuis ordinaires, il faut ajouter celui d'un déménagement. Ma maison est achetée par les frères des écoles
chrétiennes, et mon très petit intérêt personnel a dû céder à un grand intérêt public. Je leur cède donc la place.
Mais j'ai manqué ne pas pouvoir trouver un autre gîte. Enfin, il s'en est présenté un tel quel,
et je m'occupe à m'y établir. Tout sera terminé, je crois, dans le courant du juin. Ce serait donc à la fin de ce mois
ou au commencement de juillet que je voudrais vous voir arriver .
C'est au 193 rue de Lausanne que la famille s'installe ; l'agent recenseur les y enregistre en 1845.
Avec ce billet à l'en-tête de la "Musique du Pensionnat de Fribourg",
Arsène envoie chercher chez lui deux partitions
(Les O'Mahony ont-ils habités au 191 avant le 193 ? ou était-ce la même maison ?)
Le 20 décembre 1842 Joseph meurt, âgé de 10 ans. Le 7 juillet 1843 nait Patrice. Sa marraine est sa sœur Marie.
En janvier 1844 Augustine perd son père. Elle dut attendre le mois de mars pour se rendre au Bois de la Pierre car Arsène est cloué au lit par une sciatique, que six enfants
ont la rougeole et deux domestiques sont malades. Le 12 mai Arsène, Marie, Célestine et Louis quittent Fribourg pour la France. Arrivés à Lyon, ils y retrouvent Augustine arrivée la veille
de Paris. Tous peuvent voir Monique, pensionnaire au couvent de la Ferrandière (Villeurbane). Après quelques jours à Lyon, Augustine rentre à Fribourg avec Célestine et
Louis, alors qu'Arsène se rend à Paris avec Marie pour régler les détails de son entrée au noviciat du Sacré Cœur car elle avait annoncé sa vocation
religieuse. C'est au cours de ce séjour que Paulin Guérin exécute le portrait de Marie. C'est aussi à ce moment que la maladie de Marie s'aggrave.
Arsène rentre à Fribourg le 1er juillet, laissant Marie qui est hébergé par sa grand-mère de Bearn. Le 20 août 1844 les médecins prennent la décision d'envoyer
Marie à Rome où le climat serait meilleur pour sa santé. Marie quitte Paris le 1er octobre et fait étape à La Ferrandière où se trouve Monique et où elle commence son postulat au Sacré Cœur.
Le 30 octobre, après onze jours de voyage, Marie arrive à Rome et s'installe villa Lante. Le 22 décembre décède la mère d'Augustine.
Par une lettre de Marie, de janvier 1845, nous voyons que la santé d'Arsène est "si délicate" ! Sa santé à elle s'agrave au point que mère Barat lui remet le 25 février
le voile du Sacré Cœur et lui permet de faire ses vœux.Trois jours plus tard, le 28 février vers 10h du soir, mère Barat recueillit son dernier souffle.
Le recensement dressé en septembre 1845 [DI Iia 45 vue 145/678] comporte pas mal d'erreurs pour les habitants du 193 rue de Lausanne, qui sont :
O'Mahony Jean (en fait Arsène 50 ans), propriétaire originaire d'Irlande,
Augustine (38 ans), sa femme, leurs enfants
Marie ( 21 ans - elle était morte depuis février ! ), Monique (19 ans), Paul (18 ans), Célestine (15 ans), Raphaël (en fait Henri, 12 ans),
Eloïse (en fait Louis, 10 ans), Elisa (Elisabeth, 9 ans), Ignace (Xavier, 8 ans) et 5 domestiques qui sont
Isidore Cormembouy (36 ans), Françoise Martin (40 ans), Louise Desponts (24 ans), Mariette Barbey (26 ans) et Elisa Koeggy (40 ans)
Outre le décès de Marie, cette année 1845 voit le décès de Patrice, en juillet, âgé de 2 ans à peine, et
d'Arsène, mort à sa naissance en juillet également.