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Renobert de MESMAY


Premier Maître en la Chambre des Comptes de Dole en 1565


   
Renobert de Mesmay et ses armoiries
portrait peint de son vivant par un artiste flamand
représenté en Premier Maître en la Chambre des Comptes, en robe de velours noir, col d'organdi et manchettes blanches en toile de Hollande.




Renobert de Mesmay, écuyer, né le 20 juillet 1513 à Arguel, est le fils aîné d'Etienne le jeune, dit Moussardet, et d'Anne Moussardet (sur la famille de Mesmay, voir ici). Il semble d'abord s'être destiné à l'état ecclésiastique selon des lettres de tonsure et cléricature qui lui furent octroyées le 9 mai 1525 et qui lui permirent par la suite d'être institué notaire apostolique de l'archevêché de Besançon. Dès 1533 il exerce à Mesmay, Liesle et environs, les fonctions de notaire public.

Mais la mort subite de son père en 1535 modifia ses projets. Devenu chef de sa Maison, il va continuer la tradition familiale selon laquelle, de père en fils, les de Mesmay comptaient parmi les officiers chargés de l'administration des domaines des Chalon, et le 18 avril 1535, le comte de Nassau, chambellan de Charles-Quint, l'institua son procureur et receveur pour les seignureis d'Arguel et de Montfaucon. Du fait de ce double office qu'il exercera pendant vingt ans (1536-1557), Renobert rend la justice en les dites seigneuries, de concert avec les châtelains, et il adjuge amendes et défauts au cours des assises tenues périodiquement. Il procède aux accensements et amodiations des terres et aux ventes des produits et récoltes. Il reçoit les reconnaissances des habitants. Il perçoit les tailles et autres revenus, acquitte les dépenses et rend des comptes annuels au Receveur Général des revenus de la Maison de Chalon.

A ces offices de procureur et receveur d'Arguel et de Montfaucon, s'ajouteront de 1536 à 1557 ceux de portier d'Arguel, de scribe ès bailliage et châtellenie de Chenecey, de lieutenant ordinaire ès bailliage de Montfaucon, Arguel, Abbans et Vaire; de bailli de Montferrand, de châtelain de Chalamont, de Montfaucon et de Vaire, de châtelain et receveur à Abbans, de receveur du Quartier des Montagnes, c'est à dire des seigneuries de Chalon situées en montagne. Le cumul de tous ces emplois le prépare à l'administration générale des biens du prince et en 1556 il est institué Procureur Général de la Maison de Chalon, tant pour les terres et seigneuries du comté de Bourgogne que pour celles de la principauté d'Orange. Il conservera ces fonctions jusqu'en 1565.

Après avoir habité rue de Battant, à Besançon, Renobert réside rue des Granges quand le 24 juin 1543 à l'issu de lamesse à Saint-Pierre, il est élu l'un des quatre notables du quartier de cette paroisse. Ils sont 28 dans toute la cité, qui se réunissent pour éxaminer la gestion de celle-ci au cours de l'année écoulée, et procéder ensuite à l'élection des gouverneurs. Nommé à l'unanimité en 1544 président des 28 notables, il se verra renouveler son mandat presque chaque année jusqu'en 1553 où il fut élu co-gouverneur, pour le quartier de Saint-Pierre. N'ayant pas été réélu l'année suivante, il est nommé le 10 février 1554 Juge en la Gardienneté (le Gardien de la Cité est l'empereur Charles, duc et comte palatin de Bourgogne, qui entretient un capitaine, un juge et un receveur) Renobert cumule cet emploi avec celui de Juge en la Vicomté, du fait duquel il a été institué "en l'estat et dignité de viscomte palatin".

L'empereur octroie en 1553 des lettres recognitives de noblesse aux sept frères de Mesmay, dans lesquelles il leur concède les armoiries ci-dessus et ordonne que ces de Mesmay, déjà réputés nobles, soient "par tous et chacuns tenus, dits, écrits et nommés comme tels, c'est à dire comme vrais nobles." Ils jouiront désormais des privilèges dont usent les vrais nobles du Saint Empire Romain et dans les actes et écrits ils seront distingués par le titre de Messire, et leurs épouses par celui de Dame.

En janvier 1555 il accompagna à Salins 2 gouverneurs pour soutenir devant le Parlement les intérêts de la cité dans un différend qu'elle avait avec le chapitre métroplitain. En 1557, la cité de Besançon étant en conflit avec le Parlement de Franche-Comté, c'est encore Renobert qui intervin comme conciliateur. En 1565, il se trouve à nouveau à Salins où opère une Commission flamande envoyée par Marguerite de Parme pour une vaste enquête administrative et financière prescrite par Philippe II.

Au cours des travaux de la Commission, Ronobert s'était fait remarquer par ses qualités de juriste et d'administrateur, aussi, le 25 mai 1565, Philippe II, dont les finances obérées réclamaient des compétences, le nommait Premier Maître en la Chambre des Comptes de Dole où il succéda à Constance de Marenches (voir ici). Les officiers des Comptes ne pouvant exercer aucune charge de justice ou de recette domaniale, Renobert dut délaisser ses fonctions de procureur général de la Maison de Chalon qu'il avait servi pendant 31 ans. Guillaume de Nassau lui adressera une lettre datée de Bruxelles le 29 aôut 1565 disant que c'est parcequ'il tient "son bon amy" en haute estime qu'il a "volontier condescendu" à sa nomination flatteuse de la part de Sa Majesté Catholique. Tel Renobert avait servi les Chalon, tel il servit son souverain, en administrateur loyal et avisé.

Renobert avait fait fortune en cumulant les offices et en se mariant quatre fois, ce qui vaudra à ses héritiers de riches héritages. Le 31 août 1538 il a traité à Dole son mariage avec Philippe de Boisset, fille d'un conseiller au parlement. Le mariage fut célébré le 29 septembre et de cette union naquirent sept enfants, dont seule une fille survivra. Philippe mourut le 7 août 1550, à Besançon, dans la maison de rue des Granges. Le 9 novembre suivant (1550), à Montbozon, Renobert épousa en secondes noces Jacque Rousselot dont il eut Rémond qui fut Minime puis Jésuite, et Philbert qui ne survécut pas à sa mère morte en gésine le 3 juillet 1533 et inhumée aussi à Saint-Donat de Besançon. Le 20 novembre 1553 il contractait mariage à Dole avec Léonore Le Clerc sa troisième femme, fille unique d'un conseiller de l'empereur en sa cour de Dole. La cérémonir nuptiale est célébrée le 2 janvier 1554 à l'église Saint-Paul. De cette union naquirent Etienne, Léonard, Pernette, Renobert, Louis, Philippe qui ne vécut pas et Marguerite.

Devenu succéssivement seigneur de Larnod, de May près de Beure, et de Saint-Raphaël en Provence, il avait hérité à la mort de son père d'un cinquième des biens de Mesmay, Lombard et ailleurs, rierre de la seigneurie de Quingey. Du côté maternel tous les biens Moussardet situés à Quingey seront réunis entre ses mains. De plus il fit l'acquisition de nombreux biens. C'est ainsi qu'il laissera à ses héritiers : trois maisons de ville à Besançon (rue de Battant, rue des Granges et rue de la Boucherie), une à Dole (rue Franche, dite d'Arans) et une à Salins; trois meix (habitation rurale avec dépendances) à Quingey, un à Abbans-le-Château et un à Rochefort; une chevance (bien) située sur le territoire de Besançon; de nombreuses terres. A cela s'ajoutaient des rentes annuelles, ce qui faisait de Renobert un homme "riche et opulent".

Renobert rédigea ses dernières volontés en août 1572 dans la maison de la rue d'Arans (des Arènes) à Dole, qu'il avait acheté le 20 septembre 1568 pour y résider après avoir été nommé Premier Maître en la Chambre des Comptes. Il se dit atteint d'une grave affection et interdit à ses fils de faire le partage de ses biens avant les dix-huit ans de Louis, le plus jeune. Il meurt sept mois plus tard (7 mars 1573) et est inhumé à Dole en l'église Saint-François des Frères Mineurs, au milieu de la nef où avant la Révolution se lisait encore son épitaphe : "Ci gist Messire Renobert de Mesmay, écuyer, vicomte et gouverneur de Besançon, président des vingt huit l'an 1540, comme aussi président d'Orange, conseiller de sa Majesté et son premier en la chambre des comptes de Dole qui décéda le 1er avril 1573 et voulu être inhumé sous la tombe avec le corps de demoiselle Eléonore Leclerc, sa femme. Dieu ait leurs âmes.".


L'hôtel de Mesmay à Dole (aujourd'hui 20 rue du Mont-Roland).











Sources :
Une maison franc-comtoise au cours de cinq siècles d'histoire par le général Jean-Tiburce de Mesmay, 1952








Lien de Parenté

Renobert de MESMAY
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Etienne de MESMAY
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Humbert de MESMAY
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Jacques de MESMAY
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Jean-Antoine de MESMAY
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Claude-Antoine de MESMAY
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Marguerite de MESMAY
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Paul-Eugène GARNIER de FALLETANS
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Marie-Eugénie GARNIER de FALLETANS
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Maurice, comte O'MAHONY