Paul O'Mahony
1828-1886

3e comte
1858-1886



Paul O'Mahony
En plus de ce portrait, on connait l'existence d'un portrait en pied de Paul (et un autre de sa femme), que possédait sa sœur Gabrielle, dont la succession est sortie de la famille O'Mahony au profit des Franclieu, très proches de leurs neveux et cousins. Gabrielle est morte en 1923, trois ans après son demi-frère Maurice (qui laissait pourtant deux fils âgés de 40 et 36 ans). On attachait alors moins d'importance aux portraits de famille qu'on ne le fait aujourd'hui, ce qui explique sans doute que ce ne soit pas Michel O'Mahony, alors âgé de 40 ans, qui en ait hérité. L'actuel propriétaire des portraits ne souhaite pas leur diffusion.



Marie Michel Jean "Paul" Barthélemy Augustin O'Mahony est né le 23 décembre 1828 à Versailles, chez ses père et mère, rue d'Anjou, n°78, de l'union d'Arsène et de sa deuxième épouse Augustine Pasquier de Franclieu. Il a été ondoyé le même jour à la maison paternelle d'après l'autorisation de Monseigneur l'évêque et baptisé le 21 mars 1829 en l'église royale cathédrale et paroissiale de Saint-Louis. Son parrain est Jean Antoine Louis de Pasquier, marquis de Franclieu, lieutenant-colonel de cavalerie, chevalier de Saint-Louis, son cousin, représenté par Marie Aimé Louis Anselme Florentin de Pasquier, frère de sa mère ; sa marraine est sa tante Aurore des Salles, qualifiée "marquise de Bulgnéville", veuve du comte de Ludres, demi-sœur de son père, représentée par Eléonore Aglaé de Pasquier, sour de sa mère. Arsène est qualifié sur l'acte de baptême "lieutenant-colonel de cavalerie, chevalier de l'ordre souverain de Saint-Jean de Jérusalem et de l'ordre noble de Hohenlohe". Pour la déclaration à la mairie, le 26 décembre, il était accompagné des comtes de Buisseret, visiblement amis très proches de la famille. Nous ne possédons malheureusement pas de portrait de Paul.

Paul avait 2 ans quand la famille "s'exila" à Fribourg (Suisse) et 18 ans au retour en France. La famille conserve des lettres adressées au pensionnat des RR PP Jésuites à Estavayer-le-Lac, annexe du pensionnat de Fribourg, qui avait été ouverte en 1836.





Le pensionnat des jésuites à Estavayer-le-Lac, aujourd'hui hospice de la Broye.



            
Lettres adressées à Paul au pensionnat, le 24 novembre 1838 par sa mère, le 5 janvier 1839 par ses parents, le 29 janvier par sa mère et sa sœur (sans doute Célestine) et le 29 mars par sa mère.
On apprend dans la première que Paul est le parrain de son frère Joseph.






En 1857, Paul avait 29 ans et était qualifié "étudiant en droit" dans l'acte de vente du château de Montvallon pour laquelle son père l'avait mandaté.



Paul semble avoir fait toute sa carrière à la société d'assurances La Providence, crée en 1838, devenue Groupe Présence, aujourd'hui absorbé par Axa.



Quand la guerre de 1870 éclate, Paul a 42 ans. Paul est à Bruxelles où il soigne ses rhumatismes "très forts dans les reins et parfois dans les jambes" qui l'ont empêchés de s'engager, et d'où il écrit à son frère Maurice.



           
Lettre de son frère Paul à Maurice, non datée mais devant être de début novembre 1870



Paul habitait alors à Paris, rue de Lille, n°57. Le 24 mai 1871, les Versaillais prennent Montmartre, l'Hôtel de Ville, le Panthéon. En se retirant, les Communards incendient tous les édifices publics : les Tuileries, la Cour des Comptes, le Conseil d'Etat, le Palais de la Légion d'honneur, le Ministère des Finances, la Bibliothèque du Louvre etc. Le brasier se propage rue de Rivoli, rue de Lille, rue de Bac. L'appartement de Paul est dévoré par les flammes le 23 mai et tous les biens qu'il n'a pas réussi à évacuer les jours précédents sont brûlés. Ainsi partent en fumée correspondances, papiers de famille, portraits et souvenirs. Dans les pertes mobilières qu'il déclare à l'assurance se trouvent un tableau de Guido Reni (1575-1642), dit le Guide, représentant la Vierge et l'Enfant Jésus, un petit portrait par Guérin. Il a également laissé un inventaire de ce qui se trouvait dans son appartement, sans que l'on sache s'il a été effectué au moment de la déclaration à l'assurance ou à une autre date. Dans cet inventaire on trouve notamment : La plupart de ces objets ne sont pas dans la liste pour l'assurance, ce qui confirme que, voyant les évènements prendre une mauvaise tournure, Paul avait réussi à faire sortir de Paris un certain nombre de choses importantes à ses yeux. La plupart des objets de la liste ci-dessus ont néanmoins disparus !




La rue de Lille après l'incendie, au niveau de la Caisse des Dépôts et Consignations, 56 rue de Lille.
Paul habitait au n°57. La maison de Mérimée était au n° 52.
Photographie de Hippolyte Blancard (1843-1924).



Paul avait 52 ans quand il a épousé le 14 juin 1881 à Paris 8e Victorine Colombe "Louise", fille de Prosper Tarbé des Sablons, elle-même âgée de 39 ans. Un contrat de mariage avait été conclu le 10 juin devant Me Semin, notaire à Paris. Les témoins étaient Maurice, alors conseiller de Préfecture d'Orléans, frère de l'époux, "François Gabriel Charles Léonce du Trousset de Valincourt, marquis d'Héricourt de Valincourt, propriétaire âgé de 59 ans, 89 rue du Cherche Midi, cousin de l'époux", et Henry Marie Louis Lestre, beau-frère de l'épouse. La mariée était trop âgée pour espérer mettre au monde des enfants.



Registre des mariages de Paris 8e arrondissement
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Paul n'aura été marié que 5 ans puisqu'il est décédé le 30 décembre 1886 à Amélie-les-bains (Pyrénnées orientales) devant être en vacances chez son cousin le baron Amé de Viry. Il était âgé de 58 ans et qualifié "rentier", domicilié à Paris, boulevard Malesherbes, n° 24. Un service religieux sera donné à la paroisse de La Madeleine à Paris le 11 janvier 1887 suivi de son inhumation au cimetière Saint-Louis de Versailles. Son frère Maurice le fit exhumer en 1895 pour l'inhumer dans une concession voisine de celles de leurs grands-parents Barthélemy O'Mahony et Monique de Gouy d'Arsy. La famille effectua un regroupement en 2017 et les restes de Paul reposent désormais dans la tombe de ses grands parents.

Dans son testament il léguait aux Franclieu le crucifix que Mme Elisabeth avait donné à Mme de Tourzel : voir ici.



Registre NMD Amélie-les-bains 1883-1892 vue 120/334
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Faire part du décès de Paul
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Recueil périodique des assurances : revue mensuelle : doctrine, jurisprudence, législation des assurances terrestres et maritimes
par G. Sainctelette ; avec le concours de M. Paul Cauvin et de plusieurs autres collaborateurs
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Le Gaulois 10/01/1887



Stèle de la tombe de Paul (aujourd'hui disparue)



Dans son ouvrage intitulé : Modes et usages au temps de Marie-Antoinette paru en 1885, le comte de Reiset écrit ceci :
M. le comte O'Mahony m'a raconté qu'étant il y a quelques années à Auch, il fut pris par un orage à l'entour de la ville ; il entra sous le porche d'une maison isolée ; l'orage continuait ; il s'assit sur des pièces de bois de charpente qui étaient rangées au dessous d'un escalier extérieur placé dans la cour.
Etant revenu dans sa famille, il raconta ce qui lui était arrivé et décrivit l'endroit où il était allé chercher un refuge contre la pluie. Madame de Marignan, chez laquelle il était, l'ayant écouté avec attention, lui dit : « Mais, mon cher comte, vous êtes entré chez le bourreau, et les pièces de bois dont vous parlez sont celles de l'échafaud de Louis XVI. » En effet, après l'exécution du Roi, on avait tiré au sort la ville qui aurait l'échafaud, et il échut à la ville d'Auch. C'étaient les pièces de bois de cet échafaud que le comte O'Mahony avait vues
.
L'intermédiaire de chercheurs et curieux du 20 avril 1894 reprend cet extrait et précise que le comte de Reiset a pris soin de ne rien raconter à la légère dans son ouvrage, et qu'il serait intéressant de vérifier cette assertion, car le musée Tussaud le revendique comme sa propriété.

Le comte O'Mahony dont il est question ici doit être Paul, mort un an après la parution du livre. A son propos l'auteur a placé une note disant ceci : « Le grand-père de M. O'Mahony était ambassadeur d'Espagne à Vienne, et fut chargé d'apporter les diamants de Marie-Antoinette à Paris. » Cette note est très intéressante, car c'est la première fois que l'histoire des diamants est mentionnée par une source autre que la famille. On dit en effet que c'est Barthélemy, le grand-père de Paul, qui fut chargé de porter à Vienne la "corbeille" destinée à Marie-Antoinette. Ce qui est étonnant c'est que cette note, probablement dictée par Paul, comporte des inexactitudes flagrantes puisque ce n'est pas son grand-père qui était l'ambassadeur d'Espagne à Vienne, mais son grand-oncle Démetrie, et que les diamants ne furent pas transportés de Vienne à Versailles mais firent le trajet inverse ! On peut alors s'interroger : est-ce donc le grand-père ou l'ambassadeur qui a transporté les diamants de Marie-Antoinette ? Nous continuerons de penser que c'est le grand-père, comme le veut la tradition familiale (lire à ce sujet l'annexe 4, page 83 du livre sur les O'Mahony).