Malouinière de la Chipaudière

propriété de la famille depuis le XVIe siècle





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Située à Saint-Malo au cœur du Clos Poulet (anciennement à Paramé), cette superbe malouinière classée aux monuments historiques ainsi que ses jardins réputés être de Lenôtre, est toujours habitée par les Magon.

[dans la suite, les ancêtres de Maurice O'Mahony sont surlugnés en jaune]

La Chipaudière appartenait au XVIe siècle à la famille Pépin, une des plus anciennes de Saint-Malo, admise aux réformations et montres de 1478 à 1513. Le premier que l'on trouve qualifié sieur de la Chipaudière, est Julien Pépin. Né le 20 octobre 1552, Jacques Cartier assista à son baptème. Il prit une part très active aux affaires de Saint-Malo au temps de la Ligue comme on peut le voir dans les Mémoires indédits de N. Frotet de La Landelle : Saint-Malo au temps de La Ligue et mourut le 15 août 1604.

De son mariage avec Jacquette Yvon, restait une fille Françoise Pépin qui hérita de la Chipaudière. Le 16 septembre 1607, elle épousa Bernard Grout, seigneur de la Villejaquin, qu'elle perdit en 1632 et auquel elle survécut jusqu'au 21 février 1657. De leur nombreuse postérité fut Perrine Grout, née le 4 décembre 1609, mariée le 14 avril 1633 à Noble Homme Nicolas Magon, sieur de la Lande. Le 9 mars 1643, Françoise Pépin, dame de la Villejaquin, vendit la Chipaudière à son gendre Nicolas Magon, sieur de la Lande, et à sa fille Perrine, qui la payèrent des deniers de la communauté.

Les nouveaux propriétaires firent différentes acquisitions pour arrondir leur terre, qui comprenait, lors d'une estimation faite le 5 juin 1677, 37 journeaux 63 cordes, relevant de plusieurs seigneuries ; sa valeur était estimée à 18 500 livres. Le "journal", unité de superficie la plus utilisée sous l'Ancien Régime, était la quantité de terre qu'une charrue pouvait labourer, ou qu'un homme pouvait travailler, ou la quantité de pré qu'il pouvait faucher, etc. en une journée, soit environ 32 ares. Nicolas Magon, sieur de la Lande, mourut le 10 janvier 1661. Perrine Grout survécut de nombreuses années à son mari et mourut en 1701, âgée de 92 ans. Le 20 octobre 1683, voulant se débarrasser du souci des affaires, elle fit procéder au partage entre ses enfants de la fortune de son mari, de la sienne à échoir, et de celle restée indivise de son beau-frère Magon de la Gervaisais. Le tout représentait un actif considérable. Dans le premier lot, choisi par son fils aîné, écuyer Jean Magon, sieur de la Lande (voir ici), conseiller secrétaire du Roi, se trouvait compris : "le maison, terres et héritages de la Chipaudière, en la paroisse de Paramé, qui consistent en la maison principale du dit lieu couverte d'ardoise, où il y a une salle basse, cuisine au côté, dalle et commodité de latrines en appentis, petit cabinet ou antichambre, deux chambres et une autre chambre au dessus des dites salles, cuisine et cabinet, et deux autres chambres de ravalement et grenier au dessus ... plus une écurie et grenier au dessus couvert d'ardoise." Sont décrits ensuite les bâtiments de ferme, la cour avec sa grand'porte et guichet de pierre de taille, séparée en deux, l'une pour le seigneur, l'autre pour le fermier, le jardin clos de murailles, etc. Cette vieille habitation était assez modeste puisque le tout était prisé ne valoir de rente et revenu annuel que la somme de 740 livres. Jean Magon,, sieur de la Lande, et son épouse Laurence Eon jouirent paisiblement de leur terre pendant 41 années, au cours desquelles, il y joignirent 4 ,400 livres d'acquets nouveaux, ce qui porta à 38 journeaux 41 coreds.

Le 26 octobre 1708, Jean Magon, sieur de la Lande, et sa femme donnèrent cette terre, en avancement d'hoirie et sur le pied de 22 000 livres à leur fils François-Auguste Magon, sieur de la Lande, officier de la Vénerie du Roi, qui épousa l'année suivante Marie-Gertrude Magon de l'Epinay. Le couple posséda la Chipaudière jusqu'en 1761, c'est à dire près de 53 ans pendant lesquels ils ont fait bâtir une maison à la moderne sur le fond de l'ancienne basse-cour, cellier, écuries, remise, pressoir, chapelle, et y ont annexé pour 8 150 livres d'acquets, de sorte que cette terre se trouvait contenir 62 journeaux 57 cordes. Cette maison à la moderne est le château actuel. Madame de la Lande étant devenue veuve le 23 avril 1761, donna la propriété à son fils Nicolas-Auguste Magon, sieur de la Lande. Devenu trésorier général des Etats de Bretagne, il posséda la Chipaudière pendant 32 ans et acheva la constitution du domaine actuel qui comprend un peu plus de 36 hectares. A la suite de la conjuration de la Roüerie, on ordonna des fouilles dans les châteaux des environs de Saint-Malo, et le 4 mars 1793 une troupe se présenta à la Chipaudière sous le commandement du lieutenant Besnier. Mme Magon de la Lande et ses filles, qui y habitaient, couraient un grand danger car non seulement elles possédaient des papiers comprometants, mais elles donnaient asile à des proscrits. L'une d'elles, Charlotte, s'étant aperçut que le chef du détachement n'avait d'yeux que pour elle, lui promit de l'épouser s'il réussissait à les tirer, sa mère, ses sœurs et elle de ce mauvais pas. La perquisition s'arrêta aussitôt et Charlotte tint parole et épousa M. Besnier. A la mort de Nicolas-Auguste, survenue à la Chipaudière le 8 novembre 1793, la propriété passa à son fils Erasme-Charles-Auguste Magon, sieur de la Lande, qui ne devait pas en jouir longtemps car il fut guillotiné le 19 juillet 1794. La Chipaudière fut confisquée comme bien de condamné et sa veuve dut racheter la propriété en 1803. Elle revint alors l'habiter avec Charlotte, qui avait épousé M. Félix Besnier, et qui deviendra propriétaire de la Chipaudière au décès de sa mère en 1832. Elle y résida avec son mari et y mourut le 26 mai 1861. La Chipaudière échut alors à son fils Félix-Marie-Charles Besnier. Sa fille Louise Besnier vendit la Chipaudière le 30 juillet 1902 au général et à Mme Magon de la Giclais. Cette branche cadette des Magon, issue du frère de Jean Magon, sieur de la Lande, possède toujours cette proprièté.