Version imprimable


François-Philippe de SCORRAILLE


Chevalier de Malte (jusquà son mariage) et de Saint-Louis
Baron de Bouhans puis marquis d'Escorailles en 1713
Colonel de dragons, maréchal des camps et armées du roi en 1711


  
François-Philippe de Scorraille et ses armoiries
-collection particulière-




François-Philippe de Scorraille (Scoraille, Escorailles ...), fils de François, baron de Bouhans (en Saône-et-Loire, acquis du baron d'Aubigny par son père, Jourdan), seigneur de La Barre (paroisse de Livry dans la Nièvre, hérité de son frère en 1676) et de Saint-Germain-au-Bois (proche de Bouhans, acheté en 1670), et de Jeanne de la Balme, dame de Saubertier (renommé la Balme à partir de 1710) est né au château de ce lieu le 13 novembre 1666. Il avait un frère aîné, Gaspard Adrien, mort à 20 ans en 1679, étant alors lieutenant au régiment du Dauphin, et une sœur, Marie Charlotte, marraine de la nouvelle cloche de l'église de Bouhans en 1725, deux fois mariée puis religieuse à Lons-le-Saulnier et à Paray-le-Monial. François-Philippe devait avoir 2 ou 3 ans à la mort de sa mère, âgée de 27 ans.


  
Plan cadastre du château de Saubertier-La Balme


La Balme est un hameau de la commune de Bouhans en Saône-et-Loire qui doit son nom à la famille de La Balme qui, ayant acquis la seigneurie de Saubertier et d'autres, transmit son nom à ce hameau bressan. Une foire très importante avait été accordée en 1645 à Louis de La Balme qui avait construit le château entre 1610 et 1630 sur l'emplacemnt d'un ancien château féodal. Ce château consistait «en un bâtiment principal construit en briques et couvert en tuiles, ayant deux étages, une grande cour, trois puits, pavillon carré bâti en briques et élevé d'un premier étage au-dessus du rez-de-chaussée, grenier, remises, écuries, logements du portier et du jardinier, colombier, pavillon dans le jardin, une grande grille de fer formant la principale entrée du château et deux petites de côtés, en fer ; deux fossés remplis d'eau et empoissonnés ; devant chaque fossé se trouve une pépinière plantée en chênes et marronniers, deux grandes avenues ». La famille conservera le château jusqu'en 1816 et il sera démoli quelques années plus tard.



Seigneur de Saint-Germain-du-Bois, la Faye, la Balme (Sauberthier) et autres lieux, François Philippe de Scorraille, d'abord baron de Bouhans, eut ses terres de Bresse, au diocèse de Chalons-sur-Saône, érigées en marquisat de Bouhans par lettres patentes de juillet 1713. Il obtint l'année suivante que le nom de son marquisat fut changé en Scorraille. Les dépendances du marquisat étaient alors Bouhans, Saint-Germain-du-Bois, La Balme et le grand Balosle.

Il était issu d'une des plus puissantes maisons de la haute Auvergne, une des premières dans la haute chevalerie de cette région, qui tenait son nom d'un ancien château aujourd'hui en ruine, situé au sud de Mauriac, dont Pépin le bref s'était rendu maître en 767. Ce château, resté en la possession de la famille de Scorraille durant plus de huit siècles, n'en est sorti qu'en 1745, par le mariage de Marie-Charlotte à Bertrand d'Humières de Vareilles. La famille a fourni un grand nombre d'évêques, d'abbés, de chevaliers des ordres, de lieutenants généraux, de sénéchaux de province et des officiers en si grand nombre qu'on en compta sous Louis XIV cinquante deux sous les drapeaux. Mais si elle ne s'est pas rendue célèbre dans les fastes de la monarchie, cette maison l'a été dans ceux de la galanterie, puisqu'elle a fourni une favorite à Louis XIV (1679-1680), Marie-Angélique de Scorraille, duchesse de Fontanges.


François de Scorraille, arrière-arrière-grand-père de François-Philippe, vivant en 1458
-collection particulière-




François Philippe de Scorraille entra d'abord dans l'ordre de Malte et fit plusieurs campagnes en qualité de Volontaire. Il se trouvait au siège de Luxembourg en 1684 lorqu'il leva une compagnie dans le régiment de Dragons de Grammont par commission du 20 aôut 1688 (capitaine de dragons). Pendant que sa compagnie se formait, il continua de servir Volontaire aux sièges de Philipsbourg, de Maheim et de Franckendal sous M. le Dauphin en novembre 1688. Voltaire écrivait alors : Philipsburg fut pris en dix-neuf jours ; on prit Manheim en trois jours ; Franckensal en deux. Il commanda sa compagnie en Allemagne en 1689, au siège de Mons en 1690, au combat de Leuze en 1691, au siège de Namur (où il fut blessé) et au combat de Steinkerque en 1692, à l'armée de la Moselle, puis à celle de l'Allemagne sous Monseigneur (Louis de France, nommé le "Grand Dauphin" après sa mort) en 1693, à l'armée d'Italie en 1694, sur la Meuse en 1695.

Le comte de Payzac (ou Paysac, Jean du Mas) acheta le 3 janvier 1696 au marquis de Grammont-Follon son régiment, auquel il donna son nom. Premier capitaine de ce régiment, François Philippe en devint le mestre de camp (colonel commandant), par commission du 12 mars 1696, et le commanda à l'armée de la Meuse cette année là et la suivante.

Son régiment de dragons fut réformé par ordre du 18 novembre 1698 (Dangeau, 30 novembre, VI p. 467) sans doute à la suite du traité de Ryswick (septembre 1697). Il servit donc par la suite comme officier réformé avec un régiment sur pied, et à ce titre était payé à raison de 3 livres par jour. Le Roi ajoutait à cela, pour les mestres de camps de régiments portant leur nom, 150 livres par mois, qui est la moitié de ce qu'il touchait pour l'état major de son régiment, et 562 livres par an qui fait la moitié de la pension qu'il avait étant mestre de camp (Reglemens et ordonnances du roy pour les gens de guerre 1706 tome XIV p. 458). Il servit ainsi en Flandre et se trouva aux combats de Nimègue et d'Eckeren en 1702 et 1703.

Il fut promu brigadier de cavalerie par brevet du 10 février 1704 : On a pris plusieurs mestres de camp de cavalerie qui ont été faits brigadiers (...) dans les dragons : d'Escorailles, Lautrec et Cylus. Toute la promotion est censée faite du 10 février (Journal de Dangeau, IX p. 440), et employé à l'armée de la Moselle sous le comte de Coigny la même année, à l'armée de Flandre en 1705.

Il leva par commission du 26 novembre 1705 un régiment de dragons de son nom : Escorailles-dragons (Histoire de la cavalerie française par Louis Susane). Le 24 février 1706, le marquis Dangeau écrivait dans son journal : M. d'Escorailles, brigadiers de dragons et dont le régiment fut réformé à la paix, a eu la permission d'en lever un nouveau (X p. 478). Il commanda ce régiment en Savoie pendant la campagne de 1706 et s'en démit le 23 mars 1707.

Il acheta alors le régiment d'Anjou-cavalerie en 1707. A la date du 27 février le marquis de Sourches écrit dans ses Mémoires : "Le 27 on sut que le comte de Scoraille avait eu la permission de vendre son nouveau régiment de dragons au comte de Saumery pour le prix de soixante-douze mille livres, et en même temps d'acheter soixante-quinze mille livres le régiment de cavalerie d'Anjou du marquis d'Alègre, qui l'avait pris pour cette somme du comte de Curton (Jacques de Chabannes), en échange du régiment de Cravates qu'il lui avait donné, et dont il avait eu la disposition après la mort de son fils unique." Le dit comte de Saumery est Jean-Baptiste-François de Johanne de La Carre. On notera à propos de Jacques de Chabannes que son père épousera en secondes noces en 1709 Catherine Gasparde de Scorraille, veuve de Sébastien de Rosmadec, marquis de Molac (voir ici), et sœur de la duchesse de Fontanges, maitresse de Louis XIV. Le marquis de Dangeau en parle également, à la date du dimanche 13 mars : M. d'Escorailles, colonel de dragons et qui avait levé un nouveau régiment l'année passée, l'a vendu depuis quelques jours 72,000 francs à un gentilhomme qui était dans les mousquetaires qui s'appelle M. de Saumery, et M. d'Escorailles a acheté le régiment d'Anjou-cavalerie 25,000 écus de M. d'Alègre, qui l'avait à vendre depuis longtemps (XI p. 317). Il commanda ce régiment aux sièges de Lerida la même année, à celui de Tortose et de plusieurs autres places en 1708, en Espagne sous le Maréchal de Besons (Jacques Bazin de Bezons) en 1709, à l'armée du Dauphiné en 1710.

Maréchal des camps et armées du roi par brevet du 14 février 1711, il fut employé par Lettres du 17 juin à l'armée du Dauphiné, où il continua de servir jusqu'en 1712. Il se démit au mois de décembre et ne servit plus. Le marquis de Dangeau mentionne dans ses mémoires la cession de ce régiment au marquis de Louvois, à l'entrée du dimanche 7 février : M. de Courtenvaux avait traité du régiment d'Anjou-cavalerie avec M. D'Escorailles, qui en est mestre de camp et à qui il en donnait 94,000 francs (livres) pour le marquis de Louvois, son fils aîné, qui est dans les mousquetaires depuis trois mois. Il en demanda l'agrément au Roi, qui lui a répondu qu'il fallait attendre que son fils eût été un an entier dans les mousquetaires, et qu'alors il lui donnerait l'agrément, mais que pour à cette heure il n'y fallait pas songer et à l'entrée du lundi 28 novembre 1712 : M De Courtenvaux, capitaine des cent-suisses, a obtenu l'agrément du roi pour acheter le régiment d'Anjou-cavalerie pour le Marquis De Louvois son fils, qui est dans les mousquetaires ; il en donne 30000 écus (soit 90 000 livres) et un pot de vin de 4 000 livres. C'est le Marquis D' Escorailles, qui fut fait maréchal de camp à la dernière promotion, qui lui vend ce régiment qui est dans l'armée du Prince De Tzerclaës en Catalogne (Journal tome XIV 1711-1713 p272).

Il était chevalier de Saint-Louis comme précisé dans le registre des audiences civiles de bailliage (A.D. de la Nièvre, présidial de Saint-Pierre-le-Moutier B.573) à la date du 18 mars 1722 dans lequel il est qualifié : messire Philippe-François d'Escorailles, chevalier, seigneur de Villume, Livry, marquis de Bouhan, chevalier de l'ordre militaire de Saint-Louis, maréchal des camps et armées du roi, demeurant habituellement à Paris. Son logement à Paris était l'hôtel d'Entraygues (Entragues), rue de Tournon, que son fils continua d'habiter. Une autre entrée au registre, du 26 juillet 1714, montre qu'il n'était pas encore chevalier de Saint-Louis à cette date.

Il reprit la terre de Trepot le 21 juin 1712. Seigneur de Saint-Germain-du-Bois, il obtint une foire devant y être tenue chaque année le lendemain de la Trinité, qu'il inaugura le 28 mai 1714. Pour cette terre il présentait foi et hommage à la duchesse de Nemours.

De même à Bouhans où il avait obtenu du Roi, dès 1680, des avantages fiscaux pour la foire de La Balme, notamment qu'un bureau de traites foraines (douane intérieure) soit créé au Pont de l'Etalet (sur la Seille), tout près du champ de foire, facilitant grandement la venue des marchands de Comté (devenue française), de Suisse,etc. Ces avantages étaient obtenus, selon certains, grâce à la position de favorite de sa cousine. Quoi qu'il en soit, pour ses faits de bravoure, il obtint en 1722 toute latitude pour voir la foire en grand : on construit des grandes et petites halles, on spécialise des rues selon l'activité, on crée des cabarets et des lieux de jeux traditionnels, on négocie les bestiaux, les gendarmes assurent la surveillance, on tient une cour de justice, avec son carcan, sa prison, etc. (foire-de-la-balme.com). Il en résulte que Bouhans était, et est toujours, connu pour sa foire renommée qui se tient encore fin aôut chaque année. A Bohans toujours, il avait eu en 1713 un différent qui dura plus de dix ans avec l'abbé Fiot, seigneur de Bojan, qui prétendait avoir un droit de péage sur l'étendue de la rivière de Breine qui passe sur la terre de Bouhans, dont le marquis de Scorraille est le seul seigneur. La sentence des Requêtes du parlement de Dijon, rendue le 9 avril 1715 était favorable à l'abbé, mais fut contestée par le marquis voyant là un jugement de complaisance à l'égard de l'abbé dont plusieurs neveux étaient présidents au dit parlement de Dijon ! L'affaire alors fut portée devant le parlement de Paris qui rendit un arrêt le 11 février 1721 donnant encore raison à l'abbé Fiot. Une requête en cassation fut présentée au Roi ... Les documents trouvés à la B.N.F ne permettent pas de savoir la fin de l'histoire !


Début du mémoire conservé à la B.N.F sous la côte FOL-FM-5696


Il était aussi co-seigneur de Livry (Nièvre) avec les prieur de Saint-Pierre-le-Moutier, et possédait "la maison seigneuriale où est le colombier, prison dans la tour ; il a le droit de mesurage des bleds et vin, le droit de bleirie, toutes prérogatives, le pouteau où est attaché un colier de fort, où l'on met les delinquans, qui est planté dans le milieu du bourg de Livri, et sont mises ses armes au dessus dudit pouteau; il a son banc dans le cour ses armes, en pierre dans lad. église".


La Barre, près de Saint-Pierre-le-Moutier, lui venait de sa grand-mère Marguerite de La Barre
son père, François, y était né.


Il venait de recevoir l'avis du régent, qu'il allait le nommer Lieutenant-Général, quand il mourut après avoir été munit des sacrements de pénitence et d'extrème onction, le 12 février 1724 en son château de La Balme, 5 ans avant son père (A.D. 71 Bouhans, BMS 1670-1740 vue 179/223 voir registre). Il a été inhumé "dans l'église de Scorraille" (Bouhans).

Il avait épousé en 1698 Marie Françoise "Aimée" de Poutier, fille unique et héritière du seigneur de Chalezeule et de Trépôt, dont il eut trois enfants : Etienne Marie, marquis de Scorraille et lieutenant général, Elisabeth Marie, mariée quelques mois après la mort de son père à Bénigne Berbis, marquis de Rancy et baron d'Esbarres, dont nous descendons (sur cette famille, voir ici), et Claude Marie, tué à 32 ans lors de la guerre de succession d'Autriche. Elle est décédée à Besançon, rue des granges, le 5 août 1761, âgée de 87 ans et a été inhumée en l'église paroissiale de Saint-Pierre (A.M. Besançon, BMS 1761 vue 28/50 voir registre).

Il cousinait avec Marie-Angélique de Scoraille (1661-1681), duchesse de Fontanges par la grâce de Louis XIV dont elle fut la dernière favorite, avant l'arrivée de Madame de Maintenon dans la vie du souverain.


   
la duchesse de Fontanges et son père, Jean-Rigal de Scorraille, marquis de Roussille
-collection particulière-



Sources :
Chronologie historique-militaire par Pinard 1763 tome VI p. 617 (de Scorailles) pour la carrière militaire
Armoiries et familles nobles de la Bresse louhannaise par Lucien Guillemaut
Description des principaux lieux de France page 600 (Jacques-Antoine Dulaure)
Le voyageur françois, ou La connoissance de l'ancien et du nouveau monde 1765. page 93
Annuaire de la noblesse, 1877 p201
Travaux d'Henri Bourjade








Lien de Parenté

François-Philippe de SCORRAILLE
¦
Elizabeth-Charlotte de SCORRAILLE
¦
Marie-Marguerite BERBIS de RANCY
¦
Bénigne CHIFFLET d'ORCHAMPS
¦
Victoire BOQUET de COURBOUZON
¦
Adèle LE BAS de GIRANGY
¦
Marie-Eugénie GARNIER de FALLETANS
¦
Maurice, comte O'MAHONY