Thomas Rivié
1653-1732

Conseiller Secrétaire du roi, maison et couronne de France en 1704,
munitionnaire, maître de poste de la Cour,
capitaine major de l'Artillerie de Versailles ...


buste   blasons

Buste de Rivié, dit "le Grand",
cheminée du salon au 1er étage,
Hôtel Rivié à Saint-Geniez-d'Olt (Aveyron)
-Base Mémoire du ninistère de la Culture-
et ses armoiries : "de gueules à une tête de cheval d'argent et à l'orle de huit besants d'or".




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Jeton de Thomas Rivié, secrétaire du Roi, 1706,
-photo aimablement communiquée par la Compagnie Générale de Bourse (cgb)-
ce jeton existait en cuivre et en argent
un autre jeton signalé par Florange (Armorial du Jetonophile 1907) nous apprend que Thomas Rivié
était sous Louvois administrateur des Messageries et des Coches d'eau.



Pierre Thomas Rivié, dit le grand Rivié, qui est à l'origine de la fortune de la famille de ce nom, n'était pas de noble extraction. Fils de Pierre, maréchal-ferrant à Sévérac-le-Château dans l'Aveyron, et de Marguerite Sauveplane, il est né en 1653 et fut baptisé le 4 mars (1).

Thomas dut son ascension sociale à Louvois, ministre de Louis XIV, dont il sut devenir l’ami et qui lui apporta la noblesse et la fortune : il lui obtint en effet une fourniture de chevaux pour l’armée et un office de secrétaire du roi le 20 décembre 1704. Ce n’est cependant pas cette charge qui lui apporta la noblesse car il la céda à son neveu le 12 janvier 1720, au bout de seulement 16 ans d’exercice (2), tout en obtenant pout lui-même des lettres de secrétaire honoraire.

Voici son histoire (3) : Il était une fois, en 1680, un jeune homme originaire de Séverac-le-Château, qui s’appelait Thomas Rivié, et qui était au service d’un maréchal-ferrant dans un village de Bourgogne. Vint à passer un jour Louvois, ministre de Louis XIV, dont le cheval était malade. Personne ne savait que faire, sauf Thomas Rivié qui guérit le cheval avec un remède qu'il avait appris à composer en Rouergue. Louvois, reconnaissant, attacha Thomas Rivié à sa personne et l'emmena à Paris. Il devint Mestre de la Poste et de la Cour et capitaine major de l'artillerie. Fortune faite, et résident à Versailles, il y retrouva d'autres Rouergats, dont Jean Paraté, originaire de Saint-Geniez et qui travaillait avec Mansart à la construction du château de Versailles. Rivié demanda alors à Paraté de construire une maison (4) à Saint-Geniez pour un membre de sa famille (6)

Dans ses Ephémérides Alexis Monteil, époux de Marie-Anne-Rose Rivié, d'une branche restée en Rouergue, mentionne un des aïeux de sa famille, à cause de la singulière origine de sa famille : un jeune paysan, nommé Rivié, connu trente ou quarante ans après, dans son pays, sous le nom de grand Rivié, après avoir fait un assez mauvais apprentissage de maréchal-ferrant, s'engagea dans un régiment de dragons. Pendant un de ses congés de semestre, que le jeune Rivié passait chez un maréchal ferrant à travailler de son métier, il arriva qu'un très beau cheval, appartenant à un grand seigneur, devint malade et fut amené à son maître. Le maréchal y fit tout ce qu'il sut ; ensuite ne sachant plus que faire, il déclara qu'il n'y avait plus de ressource. Le grand seigneur, qui tenait beaucoup à ce cheval, se désespérait. Le jeune Rivié se chargea de le guérir si l'on voulait le lui confier : le grand seigneur y consentit. Le jeune Rivié avait vu son ancien maître composer un purgatif très violent pour les robustes mulets du Rouergue. Son ancien maître le donnait aussi aux chevaux et aux ânes dans toutes les maladies, parcequ'il n'en connaissait pas d'autres. Le jeune Rivié le donna au cheval du grand seigneur. Ce purgatif opéra merveilleusement En peu de jours le grans seigneur fait venir le jeune Rivié, le comble de marques de bienveillance et le place dans les haras. Sous les ailes ou sur les ailes de son protecteur, le jeune Rivié ne cesse de s'élever. Il apprend à chiffrer et on lui enseigne une si bonne arithmétique, qu'ayant obtenu l'entreprise générale de la remonte des dragons, il y gagna plusieurs millions (...) La prospérité de Rivié augmenta enore. Il s'allia par ses enfants avec plusieurs grandes maisons et notamment, par une de ses filles, avec la maison de Lusignan. Et comme elle mourut sans enfants, une partie de la dot de ma femme portait sur une ancienne constitution de rente qui en provenait. Il lui revenait aussi un seizième de l'ancienne baronie de Luguas, dont le château est situé sur l'Aveyron. C'était une des riches successions qu'avait laissé un des descendants du grand Rivié.

Monsieur Veyret, dans son Histoire de Marines, pense que : "si le lieu de naissance de Thomas Rivié était connu, cela permettrait de vérifier la légende prétendant que ce riche seigneur fut jadis un simple maréchal ferrant. Cette tradition n'est pas sans vraisemblance, car elle s'est conservée dans la famille de Gouy d'Arsy, c'est-à-dire parmi ses héritiers. On assure que Louvois fit gagner à Rivié des sommes considérables, en lui procurant des fournitures de chevaux à l'armée, soit parce que le ministre avait trouvé de l'intelligence au maréchal ferrant un jour qu'il referrait un de ses chevaux sur la route de Flandre, soit parce que Thomas Rivié avait réussi à guérir le cheval favori de Louvois d'une maladie dont nul autre vétérinaire ne pouvait venir à bout. A l'appui de la légende, nous voyons Thomas Rivié être en 1697 commandant des équipages de l'artillerie en Flandre, emploi qui correspond à celui de chef de remonte. Il fit une fortune colossale, mais rien ne prouve qu'il fût anobli".

Contrairement à ce que pense monsieur Veyret, Thomas de Rivié fut certainement anobli, car sa réception à foi et hommage par le roi Louis XIV date du 19 janvier 1707, et par suite de succession au trône, il accomplit la même formalité le 10 juin 1722 devant Louis XV. On dit même qu’il avait été anobli par Louis XIV pour avoir procuré à Sa Majesté des chevaux anglais qui avaient été élevés au château de Ricquebourg (5) . Quoiqu'il en soit il était baron de Chars, titre dont il se qualifiait volontiers, et notamment dans son testament, et, de plus, on notera sur le jeton ci-dessus qu'une couronne de comte surmonte son blason.

Mais c'est surtout dans le Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV, d'un contemporain de Thomas Rivié, Me Barbier, avocat au Parlement de Paris, que nous avons confirmation de cette histoire : "Ce Rivié était garçon maréchal du temps de M. de Louvois, qui lui fit sa fortune à cause de la guérison d'un cheval de prix. Il a tant gagné dans les entreprises de chevaux et autres, durant les dernières guerres, qu'entre autres biens, il possède actuellement dans le Vexin François pour 35.000 livres de rentes en terres qui appartenaient au Maréchal de Créqui".

Thomas Rivié retrouva à Versailles d'autres Rouergats, dont Jean Paraté, originaire de Saint-Geniez d'Olt et qui travaillait avec Mansart à la construction du château de Versailles. Il lui demanda de construire à Saint-Geniez une maison pour un membre de sa famille établi dans cette ville. Jean Rivié, avocat au Parlement et lieutenant pour le Roi aux judicatures de Saint-Geniez y est décédé le 4 octobre 1810 et ses héritiers le vendirent le 29 novembre 1816.


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Intérieur de l'hôtel de Rivié à Saint-Geniez d'Olt (site Saint Geniez d'Olt)
L'escalier de Pierre est classé monument historique.

A l'occasion des partages suivant le décès de Louvois en 1691, des comptes furent faits sur les revenus de la terre de Louvois, notamment depuis 1696 jusqu'en 1702, par lesquels on apprend que le "sieur Rivié" s'était chargé de faire exploiter les bois de cette terre, dont la coupe en était le plus considérable revenu. (Journal des principales audiences du parlement, tome 7, 1757)

Thomas Rivié offrait ses services au département de la guerre au moins depuis l'année 1701. Dès 1702 il avait été chargé par Chamillart d'approvisionner en chevaux l'armée des Flandres et s'était peu à peu spécialisé dans les équipages et les transpors de subsistances. Lors de l'hiver 1709 il fut un auxiliaire précieux pour l'intendant Maignart de Bernières, auprès duquel il fit voiturer de grandes quantités de grains tirés de Picardie. C'était en outre un ami de Chamillart auquel il avait prêté beaucoup d'argent. En 1712 le ministre lui constitua pour le rembourser de ses prêts une pension annuelle de 5 000 livres qui lui fut versée jusqu'à sa mort.

Le 10 octobre 1704, Jean Thevenin, conseiller secrétaire du Roi Maison et Couronne de France et de ses Finances, gouverneur de Saint-Denis en France, baron de Thoré, seigneur de Bernon, Tanlay, Auteuil et autres lieux, constitue une rente au profit de Thomas Rivié, commandant des équipages du corps de réserve des armées du Roi. Vers 1705 Thomas Rivié fit l'acquisition des seigneuries d'Etouy, de Litz et de la Rue-Saint-Pierre dont les justices avaient été réunies en un seul siège, à Etouy, afin d'accroître l'importance de ce domaine..



Ancien plan du château d'Etouy, situé à 7 kms de Clermont de l'Oise.
Thomas Rivié s'en défit en 1732
Le château d'Étouy, ayant alors cessé d'être habité, ne tarda pas à être détruit. Il n'existait déjà plus en 1758.

Le 22 août 1705, devant Caillet, s'intitulant seigneur d'Estouy et "commandant des équipages du corps de réserve des armées", il acquiert 1 806 toises de terrain pour 63 000 livres entre la rue Saint-Marc et le nouveau cours qui vient d'être ouvert (plus tard boulevard Montmartre). Il fait construire par Pierre Cailleteau, sur un dessin de Lassurance, un vaste hôtel côté rue Saint-Marc, hôtel qui bénéficie d'un beau jardin qui s'étend jusqu'au Cours. Devant s'établir à Versailles à cause de ses charges, il le revendra à peine achevé, le 16 octobre 1710, devant Lefebvre, pour 220 000 livres, à Nicolas Desmarets, marquis de Maillebois, contrôleur-général des finances et neveu de Colbert. Cet hôtel sera plus tard connu sous le nom d'hôtel de Montmorency-Luxembourg (voir ici), et aujourd'hui de Palais Vivienne.


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Côté rue et côté jardin

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L'hôtel parisien de Thomas Rivié, gouache de JB Lallemand (18e siècle)



Il fit construire en 1705 une maison à Versailles, sur une place à bâtir donnée par le Roi.

Les premières acquisitions que fit Thomas Rivié portèrent sur des terres située en Picardie. Il fut d'abord seigneur de Ricquebourg et de La Neuville(-sur-Ressons), terres contigues situées dans l'Oise, à une vingtaine de kilomètres de Compiègne, acquises pour 75.000 livres par adjudication au Châtelet de Paris le 16 janvier 1706 ; sur la première il fit rebâtir en 1712 le château sur les fondations de l'ancien manoir féodal. Ce château, détruit en 1916, fût reconstruit en 1925 (voir ici).

C'est en cette qualité d'Ecuyer, Seigneur de Ricquebourg et La Neuville qu'il acheta à Pierre de Saint-André le 21 mai suivant, par devant Henri Boutet, notaire à Paris, moyennant 64500 livres, la terre, baronnie et châtellenie de Ressons-sur-Batz consistant en haute, moyenne et basse justice, greffe, mesurage de grains, cens et rente, champarts, champost, vinages, 200 arpens de bois appelé le bois du Faye, le pré de l'étang de Berry etc. Suite à diverses acquisitions comme la terre de Bayancourt qu'il acheta par acte passé devant Brut et Guyot, notaires à Paris, le 10 férier 1709, et la maison et ferme de Plaisance, circonstances et dépendances d'icelles, situées aux territoires de Ressons, Bayancourt, Marqu-Eglise, Marigny, Vignemont et fief Séguin achetée par acte du 24 août 1710 chez Boucher et Demonchy, notaires à Ressons, les terres jadis sorties de la baronnie de Ressons (1551) se trouvaient réunies dans les mêmes mains. Le "baron" Rivié en était seul possesseur.

Monsieur Rivié, pour assurer davantage ses droits et rétablir la solidité du domaine, faisait naître ou profitait de la moindre contestation survenue à la suite de chacune de ses acquisitions, pour épuiser toutes les juridictions et faire juger en dernier ressort par le Parlement de Paris. Comme il était très riche et agissait de bonne foi, le Parlement lui donnait gain de cause.

En janvier 1765, à la demande du marquis de Gouy d'Arsy, les justices seigneuriales de Ressons, Bayancourt, Plaisance, Ricquebourg, La Neuville, Haut et Bas-Matz, furent réunies et toutes les audiences se tinrent par la suite à l'auditoire de Ressons.


château de Ricquebourg    château de Ricquebourg

Reconstitution 3D du château de Ricquebourg du temps de Thomas Rivié (site du château de Ricquebourg).
C'est le nom de cette terre que les héritiers de Thomas Rivié ajoutèrent à leur patronyme, se faisant appeler "(de) Rivié de Ricquebourg".
A droite, plaque de cheminée aux armes des Rivié, photo aimablement communiquée par M. Cambie.




C'est dans le Vexin français que Thomas Rivié continua sa campagne d'acquisitions. Cela commença par la baronnie, terre et seigneurie de Chars, et son château, achetés 136.000 livres par contrat passé le 24 juillet 1713 aux ducs de la Tremouille (Charles Bretagne), d'Albret (Emmanuel de la Tour d'Auvergne) et de Villeroy (François de Neufville) et pour laquelle, il rendit foi et hommage aux Dames de Saint-Louis le 12 août suivant (AD Yvelines). Il acheta ensuite la seigneurie de Marines, moyennant 580.000 livres le 19 mai 1714 à la veuve du maréchal de Créquy.

Il avait également d'autres possessions telles que les seigneuries de Santeuil, Liancourt-Saint-Pierre, Boizé, Bellay, Bercagny, Gérocourt, Livilliers, Frémencourt, Génicourt, Bréançon, le Rosnel, le Haulme, Royaumont, la Rivière, Neuilly etc... Il fit un terrier (7) dans chacune des seigneuries.





C'est sans doute en raison de son amitié pour son bienfaiteur que les plaques des cheminées portent les armes de Louvois. Rivié, qui était connu pour son amour des beaux arbres, en planta des quantités dans le parc du château mais aussi sur le bord des routes et dans les champs, ce qui lui valut l'inimitié des paysans (qui n'avaient pas le droit couper les arbres). Il fit également réaliser le captage des sources et la première fontaine sur la place du château en 1728. Le centre de Marines est profondément transformé par le nouveau tracé de la route royale adopté en 1745 : la rue dauphine, (actuellement Général de Gaulle) devient l'axe principal, délaissant la rue Vieille de Chars.



Dans son dictionnaire (8) sur les secrétaires du roi, Christine Favre-Lejeune écrit qu'il a "été employé par des ministres dans des affaires de confiance pour le service du roi", qu'il fut maître de poste (9) de la Cour et capitaine major de l'artillerie de Versailles. Selon Ch. Florange, un jeton nous apprend qu'il était sous Louvois administrateur des Messageries et des Coches d'eau (Etude sur les messageries et les postes

Il fut également administrateur de l'hôpital général de Paris (10).

Dans son livre sur le ministre Chamillart, Emmanuel Pénicaut parle de M. de Rivier (sic) en ces termes : Munitionnaire, entrepreneur des équipages de l'artillerie, Thomas Rivié offrait ses services au département de la guerre au moins depuis l'année 1701. Dès 1702, il avait été chargé par Chamillart d'approvisionner en chevaux l'armée des Flandres et s'était peu à peu spécialisé dans les équipages et le transport des subsistances. Lors de l'hiver 1709, il fut un auxiliaire précieux pour l'intendant Maignart de Bernières, auprès duquel il fit voiturer de grandes quantités de grains tirés de Picardie. C'était en outre un ami de Chamillart, auquel il avait souvent prêté de l'argent. Pour le rembourser de ses prêts, le ministre lui constitua en 1712 une pension annuelle de 5.000 livres qui lui fut versée jusqu'à sa mort.

Pour apprécier l'état de la fortune de Thomas Rivié, il suffit de savoir que, selon le Quatrière rôle contenant les taxes des gens d'affaire du 28 novembre 1716, il avait payé cette année-là 3.300.000 livres de taxes, ce qui correspondait à ce qu'on appelerait aujoud'hui un redressement fiscal ordonné par la Chambre de Justice établie pour rechercher le "abus, mal-versations et péculats commis ès finances de Sa Majesté".

Le 23 janvier 1715, il profita du désarroi inséparable de la fin d'un règne pour se faire octroyer des lettres de terrier, enregistrées à Pontoise le 28 du même mois. Il en fit faire un manuscrit. C'est un gros in-folio en deux volumes fort épais, qui contient les aveux et déclarations de tous les censitaires, ainsi que l'état des terres et fiefs mouvant immédiatement de la baronnie de Chars, et qui montre l'importance de ses possessions.

Le 25 janvier 1732 M. de Nicolaï rend foi et hommage à Thomas Rivié, seigneur de Bréancon, pour son fief de Sailly : Aujourd'hui en la présence des conseillers du Roi notaires à Paris soussignés, haut et puissant seigneur Messire Jean Aymar Nicolay, chevalier, marquis de Goussainville, seigneur d'Osny, Sailly ou Dampont et autres lieux, conseiller ordinaire du Roi en son Conseil d'Etat, Premier président de sa Chambre des Comptes et demeurant à Paris en son hôtel place Royale, paroisse Saint-Paul, s'est transporté en la maison de Thomas Rivié, écuyer, baron de Chars et de Ressons, seigneur de Marines, Bréançon, Génicourt, Géraucourt, et autre lieux, sise rue du Sentier, au bout de la rue du Gros Chenet, paroisse Saint-Eustache, où étant et parlant audit sieur Rivié, ledit seigneur premier Président après s'être mis en devoir de Vassal a fait et porté audit sieur Rivié la foi, hommage et serment de fidélité que la dit seigneur premier président est tenu de lui faire et porter à cause dudit fief de Sailly anciennement dit de Dampont, situé au village de Bréançon, mouvant dudit sieur Rivié à cause de ses terre et seigneurie de Bréançon en plein fief foi et hommage droit de relief quand le cas eschet (...) Reconnaissant ledit sieur Rivié avoir reçu du seigneur premier président qui lui a payé en louis d'or, d'argent et de monnaie ayant cours, la somme de 450 livres pour le droit de relief à lui dû à cause du dit fief de Sailly. (Arch du Vexin, Fonds de Sailly). Le fief tombant avec la mort de son possesseur, son héritier devait le relever et payer le "droit de relief" qui correspondait souvent au revenu d'une année.

Le 7 mai 1732 il vendit au duc de Berwick qui les joignit à son duché de Fitzjames, les terres d'Etouy, Lilz, Rue-Saint-Pierre, Cohen, etc., qu'il avait acquises en 1706 des héritiers de Pierre Rioult

Thomas Rivié est mort à 79 ans, le 6 juillet 1732, dans sa maison de la rue du sentier, à Paris. Il fut inhumé à Saint-Eustache. Son testament, rédigé le 22 juin précédent, dans sa maison parisienne de la rue du sentier, où il était allité car très malade, nous montre qu'il avait à son service une nombreuse maisonnée : un valet de chambre, deux cochers, un laquais, un postillon, un palfrenier, un portier, un froteur, un maître d'hôtel, une femme de charge de sa maison, un régisseur à Marines, un parent Rivié, vivant à Ricquebourg et sans doute le régisseur, etc. (11).

" Fut présent Thomas Rivié, écuyer, baron de Chars, seigneur de Marines, Ricquebourg, Ressons, La Neuville et autres lieux, demeurant à Paris en sa maison rue du sentier au bout de la rue du gros chenet, paroisse St-Eustache, trouvé malade de corps en une chambre où il couche au rez-de-chaussée ayant vue sur la cour, assis dans un fauteuil, touttefois sain d'esprit, mémoire et entendement ainsy qu'il a paru aux notaires soussignés, par ses discours et entretiens. Lequel après avoir fait le signe de la croix et demandé pardon à Dieu de ses pêchés, prié sa divine majesté de luy faire miséricorde, et imploré avec effet les prières de saint Thomas et des autres saints et saintes, a fait, dicté et nommé aux notaires soussignés son testament et ordonnance de dernière volonté ainsy qu'il ensuit : Premièrement, à l'égard de son enterrement, s'en rapportera à ses exécuteurs testamentaires, les priant seullement qu'il se fasse enterrer simplement et avec modestie, se raporte aussy à eux de faire dire pour le repos de son âme, la quantité de messes et services qu'ils jugeront à propos. Donne et lègue 4.000 £ une fois payées, qu'il veut estre manuellement distribuées par sesdits exécuteurs testamentaires aux pauvres les plus nécessiteux de ses terres. Donne et lègue à Bourguignon son vallet de Chambre 3.000 £ une fois payé. Donne et lègue aux nommés Pierre et Claude ses deux cochers, à Charles son laquais, au petit Lafrance son postillon, et à Dubois son palfrenier, à chacun 1.000 £ une fois payé, ce qui fait pour les cinq, 5.000 £. Item donne et lègue à Persy son portier et à Georges son froteur chacun 300 £ de pension viagère qui commenceront à courir du jour du déceds dudit sieur testateur (...) Tous lesdits legs cy-dessus faits à ses domestiques susnommés à condition qu'ils soient à son service au jour de son déceds, et outre lesquels legs, les gages qui leur seront deus leur seront payés. Item donne et lègue à chacun de tous les autres domestiques qui se trouveront à son service le jour de son déceds, une année de leurs gages outre ce qui leur en sera deub. Item donne et lègue à Vallée, cy-devant son maître d'hôtel, la somme de 4.000 £ une fois payé. Item donne et lègue à la dame de Lestrée, femme de charge de sa maison, et à Mazure qui fait ses affaires à Marines, chacun 500 £ de rente au principal de 20.000 £ sur les aydes et gabelles de France (...) Veut qu'il soit remis es mains de monsieur le curé de St-Eustache à Paris 3.000 £ une fois payé, pour estre par luy distribuées aux pauvres honteux les plus nécessiteux de sa paroisse. Item donne et lègue à l'hôpital général de cette ville 3.000 £ une fois payé (...) Item donne et lègue à la demoiselle Rivié sa nièce, soeur du sieur Rivié son neveu Grand maître des Eaux et Forêts et qui est encore fille, 1.500 £ de rente au principal de 60.000 £ au denier quarante qui luy seront constituées par son légataire universel (...) Donne et lègue à chacun des enfants de deffunte Marie Rivié sa soeur 500 £ de rente au principal de 20.000 £ à prendre sur les aydes et gabelles (...) Donne et lègue à monsieur l'abbé Salomon son neveu, sa maison de Versailles, et le chantier qui est séparé, rue de l'orangerie, au parc aux boeufs, et toutes leurs appartenances et dépendances (...) Donne et lègue à Thomas Salomon aussy son neveu 1.000 £ de rente au principal de 40.000 £ sur les aydes et gabelles (...) donne et lègue audit Thomas Salomon 2.000 £ de pension viagère qui luy seront payées par son légataire universel de trois mois en trois mois à compter du jour du déceds dudit sieur testateur. Donne et lègue au sieur Fouqueras de la Neuville son petit-neveu, 1.200 £ de pension viagère et alimentaire non saisissable par chacun an (...) Donne et lègue au sieur Sauveplane, curé de Chars, 500 £ de pension viagère sa vie durant. Donne et lègue à dame Charlotte Rivié sa fille, épouse de monsieur le marquis de Fresnoy, 6.000 £ une fois payé, deux lits bleus brodés qui ne sont encore qu'en pièces, avec deux couchettes et les garnitures convenables à choisir dans ceux dudit sieur testateur, plus les lits, meubles, tapisseries, miroirs, armoires, chaises, fauteuils, bureaux, et généralement tous les autres meubles (...) qui sont dans l'appartement qu'occupent chez luy lesdits sieur et dame de Fresnoy sans exception (...) Donne et lègue à son petit-fils, fils desdits sieur et dame de Fresnoy, 200 marcs de vaisselle d'argent à choisir dans celle dudit sieur testateur par ledit sieur de Fresnoy père, qui s'en chargera de les remettre audit sieur son fils quand il sera parvenu en age de majorité. Donne et lègue à la demoiselle de Plaisance, qui est aux filles de St-Magloire, rue St-Denis, de laquelle ledit sieur testateur a toujours pris soin, 1.200 £ de rente au principal de 60.000 £ qui sont deus audit sieur testateur par les Etats de Bretagne (...) à condition que ladite demoiselle ne se marie point, ou que se mariant elle décède sans enfant, ou ses enfants après elle en minorité sans enfant (...) Donne et lègue au sieur Rivié son parent lieutenant dans le régiment de Fuillant, et au sieur Rivié aussy son parent qui est actuellement à Ricquebourg, chacun 1.000 £ de rente au principal de 40.000 £ sur lesdites aydes et gabelles (...) Donne et lègue au sieur Azevedo son médecin 1.500 £, au sieur Guérin chirurgien 3.000 £ et au sieur Dast, aussy chirurgien, pareil 3.000 £, le tout une fois payé, en reconnaissance des peines et soins qu'ils ont pris de sa personne pendant ses maladies. Donne et lègue à Thomas le Chantre, baptisé en l'église St-Roch le 25 aoust 1716, 1.500 £ de pension viagère et alimentaire sa vie durant (...) Prie ledit sieur testateur, le sieur abbé Boizot son confesseur d'agréer le petit legs qu'il luy fait de 20 pistolles une fois payé, pour avoir des livres. Et quant au surplus de tous les biens dudit sieur testateur, y compris les fonds des pensions viagères cy-dessus léguées, mesme les legs particuliers qui pourroient devenir caducs par le prédéceds des légataires, ledit sieur testateur les donne et lègue à messire Estienne Rivié son neveu, Grand maître des Eaux et Forêts de France, qu'il fait et institue son légataire universel (...) Ledit legs universel fait à condition que les terres de Chars et Marines et toutes les autres terres et biens tant en fief qu'en roture appartenant audit sieur testateur dans le Vexin François, ainsy que les terres de Resson, Ricquebourg, La Neuville, Bayencourt, le Haut et Bas Matz, et toutes les autres terres en fief et roture situées aux environs desdites terres en Picardie demeureront substituées comme ledit sieur testateur les substitue, au fils aîné masle dudit sieur Estienne Rivié, et aux descendants dudit fils aîné, d'aîné masle en aîné masle, tant que substitution pourra s'étendre, l'aîné excluant les cadets, pourvu que ledit aîné ne soit point engagé dans l'état ecclésiastique. Car si ledit aîné en quelque degré que ce soit se trouve engagé dans ledit état, il en sera privé et ladite substitution passera au masle qui suivra ledit aîné (...) Veut et entend ledit sieur testateur que si ledit sieur Estienne Rivié son légataire universel décède avant madame de la Rivière son épouse, soit qu'il laisse ou ne laisse point d'enfant, laditte dame Rivié de la Rivière, outre son douaire (...) jouisse encore de 6.000 £ de pension par chacun an (...) à prendre sur les revenus des terres de Chars et Marines et autres terres au Vexin le François (...) Et pour exécuter le présent testament, ledit sieur testateur nomme ledit sieur de Fresnoy son gendre et monsieur Dutartre, notaire, son ancien et bon amy, qu'il prie de se donner la peine et de luy donner en cela des marques de la continuation de leur bonne amitié, les priant d'agréer, scavoir ledit sieur de Fresnoy, le legs qu'il luy fait d'une pendulle, qu'il le prie de conserver en mémoire de luy, et ledit sieur Dutartre, le legs qu'il luy fait d'un diamant de valleur de 10.000 £. Donne et lègue à la dame épouse dudit sieur Dutartre sa commère, son grand soufflet ou chaise de campagne qui est actuellement chez luy dans sa cour, et aux deux fils dudit sieur Dutartre, chacun un cheval à choisir dans l'écurie dudit sieur testateur (...) Ce fut ainsy fait, dicté et nommé par ledit sieur testateur auxdits notaires soussignés et à luy par l'un d'eux, l'autre présent, leu et releu, qu'il a dit avoir bien entendu et y a persisté. A Paris en laditte chambre susdésignée, l'année 1732, le 22 juin, après avoir vacqué depuis quatre heures de relevée jusqu'à sept, et a signé. (...) Lequel par codicile au testament qu'il vient de faire (...) déclare (...) qu'il donne et lègue par ces présentes (...) 1.500 £ à madame de Mianne (...) 1.000 £ à madame la marquise d'Isigny la vie durant de chacune de ces dames. Confirme au surplus sondit testament en tout son contenu (..) A Paris en la chambre susdésignée, l'an 1732, le 22 juin sur les sept heures et demye de relevée, et a signé ".


Il laissait plusieurs enfants naturels, dont sans doute Thomas Le Chantre et demoiselle de Plaisance, cités dans son testament, mais seule une fille qu'il eut de Charlotte de Trenat fut légitimée. Il s'agit de Charlotte Rivié, qui épousa le 10 octobre 1730, Marie, 4ème marquis de Fresnoy, fils de Nicolas, qui quitta l'habit clérical pour se marier à 60 ans avec Louise-Alexandrine de Coligny

Le Mercure de France annonça ainsi sa mort : Monsieur Thomas Rivié, baron de Chars, seigneur de Marines, Ressons, Regnebours etc., Secrétaire du Roi honoraire et administrateur de l'Hôpital Général, fort connu par les grandes entreprises et fournitures de chevaux, de fourrages etc., pour les armées du Roi, mourut le 6 de ce mois, âgé de 79 ans, sans laisser de postérité. Il avait amassé de grands biens et il est mort avec la réputation d'un honnête homme.





L'hôtel de Rivié où est mort Thomas avait été construit pour lui par Nicolas Orbay. Notre ancêtre Etienne de Rivié, qui en hérita, y mourut également en 1748.
Au XIXe siècle, l'hôtel appartient à des négociant en textile qui font surélever l'hôtel et construire des bâtiments dans la cour.
En 2017 il devient le Hoxton Paris, hôtel 5 étoiles de 171 chambres avec le restaurant "le Rivié".



Sans descendance, c'est donc son neveu Etienne qui reçut son héritage, hormis la maison de Versailles léguée à son neveu l'abbé Salomon, un des chapelains du Roi à Versailles. Etienne était fils de son frère Jean, chirurgien, et d'Elisabeth de Combettes, tous deux décédés avant Thomas. Connu sous le nom de RIVIÉ de RICQUEBOURG, Etienne est né le 12 septembre 1678 à Saint-Geniez en Rouerge cité plus haut. On dit qu'il commença par être maréchal-ferrant, mais cela parait peu crédible. Son oncle le fit venir à Paris et lui laissa sa charge d' "entrepreneur des équipages et chevaux du roi", autrement dit "commandant les équipages et corps de réserve des armées". Il fut blessé à la guerre et reçu secrétaire du roi, le 12 janvier 1720, au lieu de son oncle qui lui abandonna cette charge à l'occasion de son mariage, charge qu'il conservera jusqu'à sa mort le 19 octobre 1748. Après la mort de son oncle, Etienne, devint seigneur de Marine, Ricquebourg, Liancourt, Bayancourt, Chars, Ressons etc. Il était grand maître des eaux et forêts aux départements de Valois, Senlis et Soisson (reçu le 4 septembre 1712) et mourut en charge, dans la maison de la rue du sentier, où était décédé son oncle Thomas..

Toutes ses seigneuries et baronnies sont énumérés dans un acte de foi et hommage, conservé aux archives de Chars : ce sont celles de Chars, de Marines, du Ressons, du Bellay, de Bercagny, de Brignancourt, de Santeuil, de Frémécourt, de Génicourt, de Gerocourt, de Livilliers, de Bréançon, du Rosoel, du Ruel, du Fay, du Heaume, de Liancourt, de Ricquebourg, de la Neuville, de Bayaumont, de la Rivière, et de Neuilly-en-Chars.

De son mariage célébré à Marines le 8 février 1720 avec Françoise de la Rivière de Paulmy, il eut quatre enfants :
- Notre ancêtre, Anne Yvonette Esther, épouse du marquis de Gouy d'Arsy, héritière de son frère mort sans enfants ;
- Thomasse Céleste Esther, née en 1722 et morte en 1744, à 22 ans, vraisemblablement en couches, quelques mois après son mariage avec Emmanuel Louis de Coëtlogon, brigadier des armées du roi :
- Thomas-Etienne, tenu sur les fonts par Thomas Rivié, son grand-oncle, le 30 septembre 1727 et mort à 10 ans le 26 janvier 1737 ;
- Charles Jean Madeleine, né le 1er juin 1729, commis grand maître des eaux et forêts à Soisson depuis 1748. Il a du mourir peu après.


Louvois   buste   Chamillart

Thomas Rivié entouré de ses amis Louvois et Chamillart.





Sources :
Chars, son histoire, ses hauts barons, son vieux château, son hôtel-Dieu ..., par le docteur Bonnejoy, paru dans Mémoires de la Société des Sciences morales, des lettres et des arts de Seine-et-Oise. (1873)
Ressons sur Matz par A. Tassin (1887)
Histoire d'une famille bourgeoise par Jules Janin (1853)
Les secrétaires du roi de la grande chancellerie de France : dictionnaire biographique et généalogique : 1672-1789 par C. Favre-Lajeune
Marines et son histoire par José Gilles (2009)
Annuaire de la noblesse de France, année 1906, page 296
Sites des communes de Santeuil, de Brignancourt, de Chars, de Saint-Geniez d’Olt



(1) Selon un acte de baptème trouvé à Séverac par M. Pezeu, auteur d’un article paru dans la revue du Rouergue en 1963 (source José Gilles)

(2) Pour être anobli par cette charge, il fallait soit l’exercer pendant 20 ans, soit mourir pendant cet exercice.

(3) Les hôtels particuliers de Saint Geniez d’Olt (http://www.aurelle-verlac.com/stgeniez/stgenie2.htm)

(4) Il s’agit de l’hôtel Glandy-Pezeu, également connu comme hôtel de Rivié, construit en 1680, et dont l’escalier en pierre est classé monument historique.

(5) Notes de M l’abbé Lecointe.

(6) Une autre version, peut-être plus réaliste, dit que Thomas s’était engagé dans l’armée. Il aurait soigné le cheval de Louvois qui l’aurait fait entrer dans les haras de l’armée où il a fait la carrière que l’on sait.

(7) Registre où sont consignés l’étendue et les revenus des terres, les limites et les droits d’un ou plusieurs fiefs appartenant à un seigneur. Le terrier de Brignancourt est toujours intact dans les archives de la mairie et dans son état initial. Il comprend 130 censitaires.

(8) Les Secrétaires du roi de la grande chancellerie de France : dictionnaire biographique et généalogique : 1672-1789

(9) En 1668 Louvois avait racheté la charge de l’intendant général des postes et relais et réorganisé le service.

(10) Création de Louis XIV en 1656, l'hôpital général n'est pas un bâtiment particulier; il regroupe en fait une série d'institutions préexistantes mais leur donne un nouveau statut et une nouvelle affectation, à savoir regrouper tous les pauvres de Paris, quelle que soit la cause de cette pauvreté. On entre ainsi dans l'ère de "l'enfermement généralisé", à la fois hôpital, prison, asile d'aliénés, maison de rééducation pour délinquants et d'éducation pour jeunes filles sans le sou, atelier de travaux forcés. Ce nouveau concept aura du succès en France puisque, toujours sous le règne de Louis XIV, on en verra s'ouvrir dans de nombreuses villes de France.

(11) Source : généalogie aweng.








Lien de Parenté

Jean RIVIE, frère de Thomas
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Etienne RIVIE de RICQUEBOURG
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Anne Yvonnette Marguerite Esther RIVIE de RICQUEBOURG
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Monique de GOUY d'ARSY
¦
Arsène, comte O'MAHONY
¦
Maurice, comte O'MAHONY