Dans le registre des baptèmes, mariages, sépultures de la paroisse Notre-Dame de Vire pour les années 1604 à 1687, se trouve un bien curieux document sur deux pages : à gauche la Généalogie prétentue par le sieur Lambert vicomte de Vire et à droite la Généalogie véritable du sieur Lambert roturier vicomte de Vire. Le sieur Lambert vicomte de Vire est Guillaume, n°4 ci-dessous. Si nous remontons les générations à partir de ce Guillaume, seules les trois premières sont communes aux deux versions. Nous ne tiendrons donc pas compte des degrés supérieurs.

1. Gilles LAMBERT
aurait épousé une demoiselle Catherine de Saint-Germain. Il était bourgeois de Vire et peut-être boucher et fils de boucher comme le prétend la "véritable" généalogie !

2. Guillaume LAMBERT
lequel a dérogé à la noblesse pour avoir pris à ferme le greffe de la vicomté de Vire et a donc été imposé aux rolles des tailles.

3. Gilles LAMBERT
a aussi dérogé pour avoir exercé la charge d'avocat et procureur pour raison de quoi il a été, ainsi que son père, imposé aux rolles de taille. Bourgeois de Vire, il fut marié à honnête femme Jeanne Bourdon dont il eut Guillaume, qui suit.

4. Guillaume LAMBERT
seigneur de Vengeons (ancienne commune aujourd'hui au sein de la commune de Sourdeval), Manche, il exerça pendant 45 ans la charge de conseiller, vicomte, maire perpétuel et juge politique de Vire. Il était qualifié dans un acte de 1630 écuyer, sieur de Montramey, conseiller du roi, vicomte, maire et juge politique de Vire et dans un autre de 1647 écuyer,conseiller du roi, vicomte et juge politique de Vire, sieur et patron de Vengeons (c'est probablement lui qui fit l'acquisition de la seigneurie de Vengeons) ; lorsque M. de Matignon vint loger à Vire le 16 janvier 1649, son fils coucha chez Guillaume. Par contrat passé devant notaires, le 13 juin 1654, il fit engagement à Messire Gabriel d'Amphernet seigneur du Quesney, d'un héritage nommé des Acres, par le prix de 1 400 livres payées comptant par le dit seigneur du Quesney. A cette époque il dut engager des procédures

• pour justifier de sa noblesse et obtenir des lettres de relief de dérogeances pour ses père et aïeul qui ne pouvaient être reconnus nobles l'un exerçant la profession d'avocat et l'autre ayant pris à ferme le greffe de la vicomté de Vire ;
• pour ne pas être considéré comme usurpateur de titres de de noblesse lors de la recherche de Chamillart et échapper à la condamnation comme faux noble ; lire ici cet intéressant article paru dans la revue Au pays Virois 1936). ;
• pour faire cesser les poursuites contre lui faites à cause de son fief de Vengeons (qu'il venait d'acquérir) en réglant la liquidation de la taxe sur les francs fiefs (terre noble possédée par un roturier) décidée en 1655 avec la mise en place à Rouen d'une cour des francs fiefs.

voir ici le document explicatif dans le Nouveau d'Hozier (vue 282/448).
Les démarches s'entremélèrent et les arrêts se contredirent. Déclaré noble un jour, roturier le lendemain ! Ainsi reçut-il des lettres datées du 15 juin 1655 le relevant et dispensant des dérogeances de Gilles et Guillaume, ses père et aïeul qui avaient été imposés, l'un et l'autre au rolle (rôle) la taille (impôt dont les nobles sont exempts). Un arrêt de la Chambre des francs-fiefs rendu le 16 mai 1659 le déchargeait comme noble d'extraction du paiement de la taxe du droit des francs fiefs. Il fut déclaré roturier par arrêt du Conseil du Roi du 17 juin 1669 (AD 14, III C), etc. Son fils Jacques réglera une fois pour toutes le problème en 1712. Guy Chamillart écrivait : " Guillaume Lambert, de la ville de Vire, condamné le 29 septembre 1666, à 2,000 livres d'amende. Ses père, aïeul et bisaïeul ont été continuellement imposés aux rôles à taille de Vire. A été condamné par arrêt de la Cour des Aides, en 1646".
Il fut marié en premières noces le 2 janvier 1632 à Rouen, paroisse Saint-Martin-sur-Renelle, avec Damoiselle Jeanne du Val et en secondes noces le 3 février 1659 avec Antoinette de la Goupilière. Il eut trois fils : Charles, qui suit, Jacques et Guillaume

4. Charles LAMBERT
Ecuyer, il naquit le 10 mars 1639 à Mesnil-Clinchamps, mourut à Vire le 19 août 1687 et fut inhumé le lendemain à Vengeons. Le 13 septembre suivant furent élus les tuteurs de ses enfants mineurs. Il fut d'abord volontaire dans la compagnie du sieur de Flavacourt, capitaine dans le régiment royal ainsi qu'il apparait par les certificats tant du sieur de Flavacourt que du feu sieur de Turenne, maréchal des camps et armées. Il fut pourvu de la même charge de conseiller du roi, vicomte, maire et juge politique de Vire, dont il a rempli les fonctions tant judiciaires que de police.
Il épousa Michelle Turgis, fille du receveur des tailles en l'élection de Vire et Condé, morte et inhumée à Vengeons, le 28 décembre 1693. Leurs enfants furent entre autres :

• Jacques, seigneur de Vengeons et de Graverie, qui obtint du Roi des "lettres de confirmation de noblesse et d'anoblissement" données à Fontainebleau au mois d'août 1712 (voir ici et ici). Ces lettres mettaient un terme définitif aux actions de ses père et aïeul à l'encontre des jugements précédents notamment celui du 17 juin 1669 ! Lui-même avait dû payer 75 livres 14 sols pour la taille de Vengeons, comme on peut le lire dans le Rôle des sommes qui doivent être payées par les propriétaires d'héritages situés dans la paroisse de Vengeons, élection de Mortain, pour le dixième de leurs revenus pour l'année 1712 en exécution de la déclaration du roi du 14 octobre 1710.
  Jacques avait épousé Marie-Jeanne de Barberie qui lui donna plusieurs enfants, dont Jacques, marié à Tirepieds le 8 juillet 1743 avec Anne d'Argennes, Emmanuel, Marie Catherine, mariée le 6 décembre 1746 avec François de La Bigne.
• Marie, qui suit ;
• Bertranne, baptisée à Vire le 10 février 1675 (BMS Vire Notre-Dame et Saint-Thomas 1604-1687 vue 141/458, mariée le 28 novembre 1696 à Vire, à Etienne de Torquetil, sieur de Beaulieu ;
• Antoinette, morte le 3 juin 1676 à Vengeons ;
• Bertrande, baptisée le 1er mai 1681 (BMS Vire Notre-Dame 1604-1687 vue 207/458 ;
• Marie-Anne, baptisée le 25 décembre 1685 et morte quatre jours plus tard. (BMS Vire Notre-Dame 1604-1687 vue 453/458
• Georges, mort enfant le 17 septembre 1684, inhumé le lendemain dans le chœur de l'église Saint-Germain de Vengeons.

5. Marie LAMBERT
naquit vers 1679 et mourut en 1702. Son corps fut inhumée le 13 septembre dans l'église de Vire et son cœur le lendemain dans l'église de Pontbellanger. Elle avait épousé le 26 juin 1690 ou le 4 août 1691 selon les auteurs (les BMS de ND de Vire sont en lacunes pour les années 1688 à 1693) René d'Amphernet de Pontbellanger, 3e du nom, marquis de Pontbellanger, seigneur et patron de Bures, de Pontbellanger et de Bosmorel. Le couple fit construire à Vire une maison, en 1699, par dom Flotard, le célèbre moine architecte qui dressa les plans de constructions importantes à Vire et Mortain. Marie l'avait invité à dîner le 9 mars, le priant d'obliger son mari à l'occasion "d'un bastiment qui vast se refère icy". Sur les d'Amphernet de Pontbellanger, voir ici.