Xavier O'Mahony
Xavier
Marie Ange Ignace Paul "Xavier" O'Mahony est né le 12 août 1837 à Fribourg (Suisse) de l'union du comte Arsène O'Mahony,
qualifié sur l'acte de baptême "noble irlandais et de Versailles en France" et de sa deuxième épouse
Augustine Pasquier de Franclieu. Il a été baptisé le lendemain ; son parrain est son frère Paul, et sa marraine sa sœur Monique.
Dans la famille on le disait
assureur, mais cette activité ne fut, en fait, qu'une parenthèse dans sa vie professionnelle. Il semble qu'il travailla sur
la ligne de chemin de fer de Lyon à Genève jusqu'à la guerre de 1870 (son frère Louis y fut employé de 57 à 62) , qu'il quitta son emploi pour s'engager, comme son frère Maurice, comme volontaire le 29 novembre 1870 dans
le bataillon des Vendéens commandé par le général de Cathelineau.
Xavier, chasseur vendéen pendant la guerre de 1870
Revenu à la vie civile suite au licenciement de
ce bataillon en mars 1871, il trouva un emploi dans une société d'assurance, sans doute dans l'attente
d'un autre, nouveau et certainement plus intéressant. Dans un
courrier adressé au ministre du commerce et des travaux public, Xavier sollicite, le 1er décembre 1872, l'emploi
de "Commissaire de surveillance administrative près d'une compagnie de chemin de fer".
Il a 35 ans, habite 31 rue Saint-Joseph à Lyon, est en bonne santé et célibataire.
Lettre au ministre du commerce
-cliquer sur l'image pour voir la lettre-
Le 30 décembre, le ministère demande au préfet du Rhône le lui "donner tous les renseignements que vous pouvez recueillir sur l'âge,
la position et les antécédents de ce candidat". La réponse de la préfecture, le 3 février 1873, précise : Il a reçu une bonne
instruction et on le dit intelligent. Il a été employé, il y a 12 ans environ, sur la ligne du chemin de fer de Genève, et il occupe actuellement
un emploi dans une compagnie d'assurances. M. O'Mahony père est remarié en troisièmes noces ; il aurait, dit-on, vingt enfants,
qui seraient tous sans fortune. Les antécédents de M. O'Mahony sont irréprochables ; il jouit d'une excellente réputation. Il habite depuis plusieurs mois rue saint-Joseph, 31, à Lyon,
chez son cousin, M. Des Garets, rentier. Je crois devoir ajouter, pour le cas où ce renseignement serait utile, que M. O'Mahony est petit et bossu.
Cette dernière remarque est soulignée, ainsi que les vingt enfants, prouvant ainsi l'attention portée sur ces deux points.
Le cousin Des Garets, doit être Adrien Garnier des Garets, fils de Joséphine Pasquier de Franclieu, sœur de sa mère.
Lettre de la préfecture du Rhône
-cliquer sur l'image pour voir la lettre-
Xavier n'obtient pas satisfaction tout de suite car "le nombre des candidats déjà inscrits pour les emplois de cette nature
est tellement hors de proportion." Il relance donc le ministère le 11 juillet 1873, faisant état des "services rendus au pays par mon grand-père, comme général de division, et par mon père,
comme colonel d'état-major", en ayant pris soin auparavant de se faire recommander par trois députés : le marquis de
Franclieu, le comte de Tréville [Herman de Calouin] et M. Desbons, auxquels le ministre répond qu'il a fait prendre note de l'intérêt qu'ils lui
expriment en sa faveur.
En marge d'une autre relance datée du 21 décembre 1873, on peut lire "recommandé à M. le baron de
Larcy, ministre des travaux publics, par ses deux compatriotes et amis A. de Pontmartin et L. de Guillot".
Persévérant, Xavier fait envoyer au ministère plus de recommandations. On peut citer celles du comte de Buissaret, de la marquise de Courtavel,
de cinq autres députés : le vicomte de Rainneville (Somme), Gabriel de Saint-Victor (Rhône), le marquis de Partz de Pressy (Pas-de-Calais)
, Lucien Brun (Ain), et Edouard de Cazenove de Pradine (Lot-et-Garonne), et du conseiller d'état Jean-Michel de Bellomayre.
Cette obstination est finalement payante, puisqu'il
est nommé, le 15 mai 1874, au poste de Commissaire de surveillance administrative des Chemins de fer. Sa première affectation
est à Montbard, avec un traitement de 1 500 francs. Le ministre annonça
la bonne nouvelle aux amis de Xavier, qui l'avaient recommandé.
Une fois en possession de sa nomination, Xavier dut faire, sans tarder, des cartes de visite indiquant sa nouvelle
qualité et la résidence assignée,
et commander son uniforme. Le costume officiel des commissaires de surveillance administrative se composait de deux tenues, la grande et la petite :
la grande tenue de service comportait un habit bleu avec collet et parements brodés d'argent et boutons argentés, un gilet blanc,
un pantalon bleu, un chapeau à la française avec ganse de soie noire brochée d'argent, une épée à poignée noire avec garde argentée et enfin, l'écharpe tricolore
avec frange pareille. Beaucoup de commissaires faisaient placer sur leur pantalon des bandes en argent qui rendent le costume
encore plus brillant et qui étaient tolérées.
La petite tenue se composait d'une capote en drap bleu brodé d'argent au collet seulement, d'un pantalon bleu sans bandes, et d'une casquette avec trois galons d'argent.
. Il dut ensuite rendre visite
au président du tribunal civil et s'entendre avec lui sur la date de sa prestation de serment, ainsi qu'au procureur de la république
qui sera son chef en tant qu'officier de police judiciaire.
Tout ceci, ainsi que le métier, est décrit de manière très plaisante dans le livre édité par Henri Charles-Lavauzelle
: "
Conseils à un jeune commissaire de surveillance administrative des chemins de fer, par un ancien".
Divers courriers
-cliquer sur une vignette pour voir la lettre correspondante-
Dans une lettre (communiquée en 2005 par Michel de Laportalière) un certain Henry de La Motte écrit à sa sœur le 8 septembre 1875 :" A la gare de Montbard où le train stationne cinq minutes, nous avons pu voir O'Mahony et lui serrer la main.
Il nous a chargé de beaucoup de compliments pour vous. Il m'a paru bien portant, engraissé même. Néanmoins il paraît qu'il s'ennuie ici et demande à venir à Voiron où il espère remplacer le commissaire actuel
qui doit prochainement se retirer. Il nous a donné des nouvelles de son frère qui voyage dans le midi et se trouve fort bien d'une saison d'eaux qu'il y a faîte".
Dans le dossier de Xavier, conservé aux Archives Nationales (cote F/14/2810), se trouvent divers courriers tels que demande de congé pour son mariage, demandes d'avancement,
demandes de mutation etc., ainsi que ses appréciations annuelles.
On constate que le conseiller d'état de Bellamayre, suit sa carrière avec intérêt. On voit ainsi qu'il est élevé à la 3è classe
en 1877 avec son traitement porté à 4 000 f., à la 2è classe en 1880. Il venait d'être élevé à la 1ère classe quand il
décéda le 16 avril 1884 à la suite d'une "bronchite capillaire", à Bourgoin où il avait été nommé en 1879.
Xavier aurait surement fait une très belle carrière, car il était bien noté par ses supérieurs : en 1877 il est ainsi apprécié par son supérieur :
M. O'Mahony est un de nos meilleurs commissaires de l'arrondissement. Il s'acquitte de ses fonctions avec beaucoup d'intelligen,ce
et d'activité. Il vient d'être élevé à la 3e classe. Nous le proposons pour une indemnité de 200 f. On retrouve ces
commentaires élogieux
pour ainsi dire chaque année.
Feuille de notation (recto et verso) pour l'année 1877.
-cliquer sur une vignette pour voir agrandir-
Le contrôle et la surveillance des chemins de fer appartenait, dans chaque gare importante, à des commissaires et sous-commissaires
de surveillance administrative sous la haute direction d'un ingénieur en chef placé en tête de chaque grande ligne, et avec la coopération
d'ingénieurs ordinaires des ponts et chaussées et des mines et d'inspecteurs de l'exploitation commerciale. Ce personnel de
commissaires et sous-commissaires, composé, selon le voeu de la loi, d'anciens officiers et sous-officiers, étaient
fonctionnaires du ministère des Travaux publics et investis du caractère d'officiers de police judiciaire.
Comme nous l'avons vu, ils portaient l'uniforme : petite et grande tenue (la petite tenue était
obligatoire pour les commissaires, qui pouvaient, les jours ordinaires, ne prendre ni l'écharpe ni l'épée).
D'après le décret de 1848, les commissaires étaient chargés de la surveillance journalière du service en ce qui concerne :
1° L'entrée, le stationnement et la circulation des voitures, publiques et particulières, dans les cours dépendant des stations ;
2° L'admission du public dans les salles d'attente et sur les quais d'embarquement;
3° La manouvre des aiguilles, la garde et l'éclairage des passages à niveau, la présence des agents préposés à la surveillance des voies, l'éclairage des stations et de leurs abords;
4° Les mesures d'ordre relatives aux machines et voitures, comme : application des noms et numéros, indication du nombre des places, éclairage des voitures;
5° La composition, le départ, l'arrivée et le stationnement des convois, la tenue des registres de retards;
6° Les mesures d'ordre relatives à l'admission des voyageurs dans les voitures;
7° L'exécution des signaux;
8° La présence des machines de réserve et des waggons de secours aux lieux désignés à cet effet;
9° L'apposition dans chaque station des affiches et tableaux indiquant les heures de départ et d'arrivée;
10° La perception.des taxes, l'apposition des tableaux indiquant les taxes approuvées, l'enregistrement et l'expédition des marchandises, la tenue des registres qui sont prescrits à cet effet;
11° L'entretien, aux stations désignées, des médicaments et moyens de secours nécessaires en cas d'accident.
Xavier était musicien, comme le montre cette partition écrite pour la comtesse R de M.
La tour O'Mahony servit à abriter un petit détachement de
soldats pendant la Première Guerre mondiale
-carte postale découverte chez un bouquiniste par Françoise Jourdain-
Xavier fit construire un petit pavillon de chasse connu sous le nom de "Tour des O'Mahony", situé au lieu-dit Mont de Velanne, sur le chemin allant du Grand Velanne au Buisson.
Il se trouve sur
la gauche de la route en montant vers le hameau, à une altitude de 639 m, dominant ainsi le bourg d'une centaine de mètres. Ce n'est pas vestige du Moyen âge comme
certains articles l'affirment !
La tour O'Mahony servit à abriter un petit détachement de
soldats pendant la Première Guerre mondiale
-carte postale découverte chez un bouquiniste par Françoise Jourdain-
La tour O'Mahony à Saint-Geoire-en-Valdaine
-photo prise en août 2010 par Yves Dal Bello-
Xavier est décédé à 47 ans, le 16 avril 1884, à Bourgoin, où il demeurait au Champ de Mars et est enterré dans le cimetière de
Saint-Geoire-en-Valdaine, où se trouve le château de Longpra appartenant à la famille de sa mère.
Il avait épousé le 23 novembre 1876 à Migné-Auxances (Vienne) Marie de la
Follye de Lorcy, née à Besançon (25) le 5 juillet 1836, fille d'Albert de Laffolly de Lorcy et
Marie Antoinette Labbey de Prabey. Leur contrat de mariage était passé par devant Genestein, notaire à Poitiers.
Le couple n'eut pas d'enfant.
Registre des mariages de Migné-Auxances
mariages 1873-1882 vue 57/128
-cliquer sur l'image pour l'agrandir-
Registre des décès de Bourgoin (38)
-1883.1887 vue 151
C'est Emilien de Franclieu qui fit constuire en 1884 le caveau de son cousin germain Xavier, dont il était très proche.
Depuis lors les Franclieu entretiennent cette tombe, située près de celles de leur famille.
On peut lire sur la stèle "Semper et ubique fidelis" (toujours et partout fidèle),
devise donnée par le Roi aux 4 derniers régiments de la brigade irlandaise, dont celui de Berwick commandé par Barthélemy, son grand-père
La tombe avait été préparée pour recevoir le corps de son épouse Marie de la Follye de Lorcy, dont les armoiries sont gravées sur la stèle.
Elle survécut 35 ans à son mari et déceda le 7 septembre 1919 à Franois (25) ; Sa belle mère la fit inhumer dans le caveau familial à Sampans.
Image mortuaire et faire-part du décès de Xavier
Il est surpernant de ne pas voir figurer son épouse sur le faire-part !
-Cliquer sur l'image pour l'agrandir-