Ajout page 201



Compléments sur Xavier O'Mahony.



portrait



Marie Ange Ignace Paul "Xavier" O'Mahony est né le 12 août 1837 à Fribourg (Suisse) de l'union du comte Arsène O'Mahony, qualifié sur l'acte de bapème "noble irlandais et de Versailles en France" et de sa deuxième épouse Augustine Pasquier de Franclieu. Il a été baptisé le lendemain ; son parrain est son frère Paul, et sa marraine sa soeur Monique. Il est décédé à 47 ans, le 16 avril 1884, à Bourgoin, où il demeurait au Champ de Mars et est enterré, sans sa femme semble t-il, dans le cimetierre de Saint-Geoire-en-Valdaine, où se trouve le château de Longpra appartenant à la famille de sa mère. Il s'était marié le 23 novembre 1876 à Marie de la Follye de Lorcy, née à Besançon (25) le 5 juillet 1836, dont il n'eut pas d'enfant.

Dans la famille on le disait assureur, mais cette activité ne fut, en fait, qu'une parenthèse dans sa vie professionnelle. Il semble qu'il travailla sur la ligne de chemin de fer de Genève jusqu'à la guerre de 1870, qu'il quitta son emploi pour s'engager comme volontaire le 29 novembre 1870 dans le bataillon des Vendéens commandé par le général de Cathelineau. Revenu à la vie civile suite au licenciement de ce bataillon en mars 1871, il trouva un emploi dans une société d'assurance, sans doute dans l'attente d'un autre, nouveau et certainement plus intéressante. Dans un courrier adressé au ministre du commerce et des travaux public, Xavier sollicite, le 1er décembre 1872, l'emploi de "Commissaire de surveillance administrative près d'une compagnie de chemin de fer". Il a 35 ans, habite 31 rue Saint-Joseph à Lyon, est en bonne santé et célibataire.



lettre au ministre

Lettre au ministre du commerce
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Le 30 décembre, le ministère demande au préfet du Rhône le lui "donner tous les renseignements que vous pouvez recueillir sur l'âge, la position et les antécédents de ce candidat". La réponse de la préfecture, le 3 février 1873, précise : Il a reçu une bonne instruction et on le dit intelligent. Il a été employé, il y a 12 ans environ, sur la ligne du chemin de fer de Genève, et il occupe actuellement un emploi dans une compagnie d'assurances. M. O'Mahony père est remarié en troisièmes noces ; il aurait, dit-on, vingt enfants, qui seraient tous sans fortune. Les antécédents de M. O'Mahony sont irréprochables ; il jouit d'une excellente réputation. Il habite depuis plusieurs mois rue saint-Joseph, 31, à Lyon, chez son cousin, M. Des Garets, rentier. Je crois devoir ajouter, pour le cas où ce renseignement serait utile, que M. O'Mahony est petit et bossu. Cette dernière remarque est soulignée, ainsi que les vingt enfants, prouvant ainsi l'attention portée sur ces deux points. Le cousin Des Garets, doit être Adrien Garnier des Garets, fils de Joséphine Pasquier de Franclieu, soeur de sa mère.



lettre au ministre

Lettre de la préfecture du Rhône
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Xavier n'obtient pas satisfaction tout de suite car "le nombre des candidats déjà inscrits pour les emplois de cette nature est tellement hors de proportion." Il relance donc le ministère le 11 juillet 1873, faisant état des "services rendus au pays par mon grand-père, comme général de division, et par mon père, comme colonel d'état-major", en ayant pris soin auparavant de se faire recommander par trois députés : le marquis de Franclieu, le comte de Tréville et M. Desbons, auxquels le ministre répond qu'il a fait prendre note de l'intérêt qu'ils lui expriment en sa faveur. En marge d'une autre relance datée du 21 décembre 1873, on peut lire "recommandé à M. le baron de Larcy, ministre des travaux publics, par ses deux compatriotes et amis A. de Pontmartin et L. de Guillot". Persévérant, Xavier fait envoyer au ministère plus de recommandations. On peut citer celles du comte de Buissaret, de la marquise de Courtavel, de cinq autres députés : le vicomte de Rainneville (Somme), Gabriel de Saint-Victor (Rhône), le marquis de Partz de Pressy (Pas-de-Calais) , Lucien Brun (Ain), et Edouard de Cazenove de Pradine (Lot-et-Garonne), et du conseiller d'état Jean-Michel de Bellomayre. Cette obstination est finalement payante, puisqu'il est nommé, le 15 mai 1874, au poste de Commissaire de surveillance administrative des Chemins de fer. Sa première affectation est à Montbard, avec un traitement de 1.500 francs. Le ministre annonça la bonne nouvelle aux amis de Xavier, qui l'avaient recommandé.

Une fois en possession de sa nomination, Xavier dut faire, sans tarder, des cartes de visite indiquant sa nouvelle qualité et la résidence assignée, et commander son uniforme. Le costume officiel des commissaires de surveillance administrative se composait de deux tenues, la grande et la petite : la grande tenue de service comportait un habit bleu avec collet et parements brodés d'argent et boutons argentés, un gilet blanc, un pantalon bleu, un chapeau à la française avec ganse de soie noire brochée d'argent, une épée à poignée noire avec garde argentée et enfin, l'écharpe tricolore avec frange pareille. Beaucoup de commissaires faisaient placer sur leur pantalon des bandes en argent qui rendent le costume encore plus brillant et qui étaient tolérées. La petite tenue se composait d'une capote en drap bleu brodé d'argent au collet seulement, d'un pantalon bleu sans bandes, et d'une casquette avec trois galons d'argent. . Il dut ensuite rendre visite au président du tribunal civil et s'entendre avec lui sur la date de sa prestation de serment, ainsi qu'au procureur de la république qui sera son chef en tant qu'officier de police judiciaire. Tout ceci, ainsi que le métier, est décrit de manière très plaisante dans le livre édité par Henri Charles-Lavauzelle : "Conseils à un jeune commissaire de surveillance administrative des chemins de fer, par un ancien".



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Divers courriers
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Dans le dossier de Xavier, conservé aux Archives Nationales (cote F/14/2810), se trouvent divers courriers tels que demande de congé pour son mariage, demandes d'avancement, demandes de mutation etc., ainsi que ses appréciations annuelles. On constate que le conseiller d'état de Bellamayre, suit sa carrière avec intérêt. On voit ainsi qu'il est élevé à la 3è classe en 1877 avec son traitement porté à 4.000 f., à la 2è classe en 1880. Il venait d'être élevé à la 1ère classe quand il décéda le 16 avril 1884 à la suite d'une "bronchite capillaire", à Bourgoin où il avait été nommé en 1879. Xavier aurait surement fait une très belle carrière, car il était bien noté par ses supérieurs : en 1877 il est ainsi apprécié par son supérieur : M. O'Mahony est un de nos meilleurs commissaires de l'arrondissement. Il s'acquitte de ses fonctions avec beaucoup d'intelligen,ce et d'activité. Il vient d'être élevé à la 3e classe. Nous le proposons pour une indemnité de 200 f. On retrouve ces commentaires élogieux pour ainsi dire chaque année.



notes   notes

Feuille de notation (recto et verso) pour l'année 1877.
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Le contrôle et la surveillance des chemins de fer appartenait, dans chaque gare importante, à des commissaires et sous-commissaires de surveillance administrative sous la haute direction d'un ingénieur en chef placé en tête de chaque grande ligne, et avec la coopération d'ingénieurs ordinaires des ponts et chaussées et des mines et d'inspecteurs de l'exploitation commerciale. Ce personnel de commissaires et sous-commissaires, composé, selon le voeu de la loi, d'anciens officiers et sous-officiers, étaient fonctionnaires du ministère des Travaux publics et investis du caractère d'officiers de police judiciaire. Comme nous l'avons vu, ils portaient l'uniforme : petite et grande tenue (la petite tenue était obligatoire pour les commissaires, qui pouvaient, les jours ordinaires, ne prendre ni l'écharpe ni l'épée). D'après le décret de 1848, les commissaires étaient chargés de la surveillance journalière du service en ce qui concerne :
1° L'entrée, le stationnement et la circulation des voitures, publiques et particulières, dans les cours dépendant des stations ;
2° L'admission du public dans les salles d'attente et sur les quais d'embarquement;
3° La manouvre des aiguilles, la garde et l'éclairage des passages à niveau, la présence des agents préposés à la surveillance des voies, l'éclairage des stations et de leurs abords;
4° Les mesures d'ordre relatives aux machines et voitures, comme : application des noms et numéros, indication du nombre des places, éclairage des voitures;
5° La composition, le départ, l'arrivée et le stationnement des convois, la tenue des registres de retards;
6° Les mesures d'ordre relatives à l'admission des voyageurs dans les voitures;
7° L'exécution des signaux;
8° La présence des machines de réserve et des waggons de secours aux lieux désignés à cet effet;
9° L'apposition dans chaque station des affiches et tableaux indiquant les heures de départ et d'arrivée;
10° La perception.des taxes, l'apposition des tableaux indiquant les taxes approuvées, l'enregistrement et l'expédition des marchandises, la tenue des registres qui sont prescrits à cet effet;
11° L'entretien, aux stations désignées, des médicaments et moyens de secours nécessaires en cas d'accident.



C'est à Xavier qu'on doit, selon les érudits locaux, la Tour des O'Mahony, située sur le chemin allant du Grand Velanne au Buisson. Cette dernière se trouve sur la gauche de la route en montant vers le hameau, à une altitude de 639 m, dominant ainsi le bourg d'une centaine de mètres. Il s'agissait là d'un pavillon de chasse construit au XIXème siècle qui servit à abriter un petit détachement de soldats pendant la Première Guerre mondiale.[voir article Wikipedia]

Concernant son épouse, Marie de la Follye de Lorcy, le mystère reste entier. Elle n'apparait pas sur le faire-part de décès de son mari, contrairement à sa mère la comtesse de Lorcy. Elle survécut néanmoins 35 ans à son mari et déceda le 7 septembre 1919 à Franois (25). Autre mystère, sa belle mère la fit inhumer à Sampans et non pas dans la tombe de Xavier, à Saint Geoire, où sa place était cependant préparée.



Tour O'Mahony

La tour O'Mahony à Saint-Geoire-en-Valdaine
-carte postale découverte chez un bouquiniste par Françoise Jourdain-



Tour O'Mahony

La tour O'Mahony à Saint-Geoire-en-Valdaine
-photo prise en août 2010 par Yves Dal Bello-



Tour O'Mahony

Registre des décès de Bourgoin (38)
-1883.1887 vue 151



Fair part O'Mahony

Faire-part du décès de Xavier
On remarquera l'absence de son épouse ...
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