Ajout
Le
Marquisat de La Roche-Helgomarch et la baronnie de Laz
Le
marquisat de La Roche et de Coatarmoal
est d’origine toute artificielle. Il fut créé par Henri III en faveur de l’un
de ses courtisans Troïlus de MESGOUEZ, dont la famille possédait depuis longtemps les
terres de la Roche Helgomarch et de Laz, suivant lettres du 8 mars 1576
publiées au Parlement le 5 octobre suivant, et formé de l’union des seigneuries
de Coatarmoal (en Plouzévédé, évêché de Léon), de la Roche Helgomarc’h (en
Saint-Thois, évêché de Quimper), de Laz et de Botiguigneau (en
Châteauneuf-du-Faou). Ces trois dernières terres étaient contigües et leur union forma jusqu’à la Révolution l’une
des juridictions seigneuriales les plus importantes de la Cornouailles.
Très
vite le siège de ce marquisat se porta du château de Laz au manoir de Trévaré (devenu
Trévarez, quoique incorrect). Ce n’était pas un simple manoir, mais une petite
cité au fond des bois. Les descriptions montrent qu’outre le château qui renfermait
une bibliothèque choisie, et ses dépendances immédiates, on y trouvait boulangerie, four avec fournil, pavillon pour
le carrosse, écurie, volières, maison à pressoir, étables et autres bâtiments
de la métairie, jardin, puits, vivier etc. S’élevait depuis 1501 une chapelle
sous le vocable de Notre-Dame, reconstruite en 1700 avec un clocher œuvre de
Vauban, et dédiée à Saint-Hubert au 19è
siècle.
Le
manoir de Trevarez, chef lieu du marquisat de la Roche
Le marquisat de La Roche appartint successivement
aux familles MESGOUEZ, COATANEZRE, KERNEZNE (écrit KNEZNE dans
les documents anciens), HUCHET
de LA BEDOYERE,
BOT du GREGO et AMPHERNET
de PONTBELLANGER.
Succession de marquis de La Roche (en rose, nos ancêtres) :
1°. 2°. 3°. 4°. 5°. 6°. 7°. 8°. 9°. 10°. 11°. 12°. 13°. |
1576-1606 1606-1624 1624-1677 1677-1679 1679-1687 1687-1699 1699-1736 1736-1759 1759-1767 1767-1812 1812-1826 1826-1827 1827-1886 |
Troïlus de MESGOUEZ Anne de COATANEZRE, sa petite-nièce, épouse de Charles de KERNEZNE Charles de KERNEZNE, son fils Charles-Robert de KERNEZNE, son fils aîné, sans descendance Charles-Louis de KERNEZNE, son neveu, fils du 2è fils de
Charles, sans descendance Luc de KERNEZNE, 3è fils de Charles Joseph-Luc de KERNEZNE, son fils, sans descendance Anne-Thérèse de KERNEZNE, sa sœur, sans descendance Marie-Aude-Jacquette du CHASTEL, arrière petite fille de Charles de K. (3°), épouse de Hugues-Humbert HUCHET de LA BEDOYERE Charles-François-Jules du BOT du GREGO, son petit-fils Louise-Exupère du BOT du GREGO, sa fille Charles-Félix d’AMPHERNET de PONTBELLANGER, son fils Michel-Adrien d’AMPHERNET de PONTBELLANGER, son fils. |
|
Le grand des biens de la succession collatérale
de la marquise de la Roche (Anne-Thérèse de Kernezne), établi le 19 mai 1760,
donne liste les immeubles du marquisat :
-
La baronnie de Laz de laquelle dépendent le château
de Trévaré, la métairie de la Porte, le moulin du Pré, le moulin du Bois, le
moulin St Gouéré, le moulin Duster, le moulin de Hervel, le moulin à papier, la
maison de la baronnie de Laz, l’auberge de Laz, une maison au bourg de Laz, les
métairies de St Salaen, de Croix en Pennec, de St Forc’h, de Coatboc’h, de
Cosquerou, de St Verger, de l’Infernu, de St Dru, de Penhout Laz, de la Ville
neuve, de Prat Gouanou, du Solé, des Salles, le lieu de Rosalinis, l’auberge de
St Goazec, les métairie de Quilien Huela et de St Anogat.
-
Le marquisat de la Roche duquel dépendent la
métairie du Merdy, la maison du bourg de Briec, le moulin neuf, le moulin de la
Roche.
-
Le marquisat de Coatarmoal comprenant le château de
Coatarmoal, le moulin et la métairie de Coatarmoal, les lieux de Perscoter, de
Poularzal, du Picard.
A ces
biens dépendant du marquisat, s’ajoutaient ceux dépendant principalement des comté
de Gournois, vicomté de Curru, seigneuries de Coatanezre et de l’Escot.
Dans son
testament du 19 juillet 1826, signé en sa maison de La Barre à Redon, le
vicomte de Pontbellanger donnait à son épouse l’usufruit de tous ses biens,
meubles et immeubles, à la charge de
nourrir, élever, entretenir et éduquer leurs enfants [respectivement 7 ans et 5
ans à la mort de leur père] selon leur rang et fortune et de les doter en cas
de mariage, et léguait à son fils Michel Adrien, la terre de Trévarez avec
ses titres, et hors part, la terre de Pontbellanger, pour en jouir après la
cessation de l’usufruit.
Michel-Adrien
hérita donc de ce qui subsistait après la Révolution du marquisat, et revendit
les terres de Trévarez.
Troïlus de MESGOUEZ, 1er marquis de La
Roche.
Troïlus de
Mesgouez, aurait pu, avant Champlain, jouer un rôle décisif dans la
colonisation de la Nouvelle-France (Canada) s’il n’avait pas été poursuivi par
la malchance dans toutes ses entreprises.
Baptisé
à Landerneau le 30 juin 1536, page de Catherine de Médicis en 1550, il en
devint rapidement l’un de ses favoris. La protection de cette reine lui vaut
tous les honneurs ; de son côté il ne lui ménage pas son dévouement. En
1568, le poste de gouverneur de Morlaix est créé pour lui. Chevalier de l’Ordre
du Roi, il préside la noblesse aux États de Nantes en 1574. Deux ans plus tard
le marquisat de La Roche est créé en sa faveur. En 1577, la Reine lui fit
donner commission pour s’appatrier aux
Terres-Neuves de l’Amérique du Nord, et faire
siennes toutes et chacune des terres dont il pourra se rendre maitre. Le 3
mars 1578, le titre de vice-roi ès Terres-Neuves lui est conféré. Sa
juridiction devait s’étendre sur toutes les côtes, ou presque, de l’atlantique
du nord. Une première expédition échoue, son navire étant capturé par les
Anglais. Il renouvela son entreprise en 1584 mais son navire échoua non loin du
Brouage. Les guerres de religion l’empêchent d’en entreprendre d’autres. Il échange
en 1589 son poste de gouverneur de Morlaix pour celui de Fougères et accourait
au secours de cette place menacée par Mercoeur, quand il fut fait prisonnier à
Sablé. Retenu au château de Nantes, il ne recouvra sa liberté qu’en 1596 contre
rançon et en profita pour essayer de s’empare de l’île d’Ouessant, mais il
échoua. Gouverneur de Saint-Lô et de Carentan en 1597, il obtint l’année
suivante de Henri IV, le titre de Lieutenant général de la Nouvelle France. Il
embarqua début 1599 avec une quarantaine de colons sur deux navire et il les
installa sur l’Ile du Sable qu’il baptisa Ile de Bourbon et d’où il pensait
commander les vastes territoires de
Canada, Hochelaga, Terre Neuve, La Grande Baie, Labrador et pays adjacents qui
lui étaient échus comme gouverneur et lieutenant
pour Sa Majesté. Cette tentative de
créer la Nouvelle France échoua avec la révolte des colons en 1603 et le
rapatriement en France des survivants. Il mourut vers 1606 sans enfants de
Claude du Juch, sa première femme, ni de Marguerite de Tournemine, sa seconde.
Blason : d’or au chevron d’azur accompagné de 3 trèfles de
gueules, 2 en chef et 1 en pointe. Troïlus de Mesgouez portait ce blason
sur un écartelé : aux 1 et 4 d’azur au dextrochère ganté d’argent, soutenant
un épervier de même, longé et grilleté d’or, qui est de la Roche ; aux 2 et 3
d’azur à 2 épées d’argent garnies d’or, posées en sautoir, les pointes en bas,
qui est de Coëtarmoal.
Joseph-Luc de KERNEZNE, 7eme marquis de La
Roche.
Né en
1692, il fit ses études à Paris puis vint se fixer à Trevarez, d’où il prit
part à la conjuration de la noblesse bretonne. En janvier 1720 il se rendit à
Paris pour solliciter, déclara t’il plus tard, au sujet du procès relatif au
prééminences de l’église de Briec, alors pendant au conseil du Roi. Ses
démarches n’aboutirent pas ; il apprit bientôt une nouvelle qui y coupa
court : la Chambre royale établie à Nantes depuis quelques mois, venait de
rendre contre lui, le 12 janvier 1720, un décret de prise de corps. Il gagna
donc Nantes et fut arrêté le 21 février sur
le bon plaisir du Roi et confié à la garde du sieur du Clos, major du
château. Le même jour, le conseiller Midorge lui fit subir un interrogatoire. A
l’en croire, son voyage à Paris n’avait d’autre but que ses affaires : il
y était resté quinze jours seulement, passant tout son temps chez les prêtres
de l’Oratoire, où il logeait avec son oncle le président Marbeuf venu à Paris
pour consulter des médecins. Il n’ignorait point que la noblesse de Bretagne
avait formé une association, mais il n’en connaissait ni le but ni l’organisation.
Midorge s’étonne fort de cette ignorance, l’accusant précisément d’être un des
trois commissaires de l’évêché de Quimper chargés de correspondre avec la Cour
d’Espagne et de soutenir le zèle des conjurés. Le jeune marquis dela Roche
répondit n’avoir jamais rempli ces fonctions et nia avoir jamais assisté aux
réunions tenues dans les forêts de Lanouée, Lanveaux et Pontcallec. Cet
interrogatoire ne fournit aucune charge sérieuse contre le marquis de la Roche
qui vit les portes de sa prison s’ouvrir devant lui au lendemain de l’exécution
des conjurés. Il se retira à Trevarez où il mourut en 1736
Sa
veuve Françoise du Lescouet, beaucoup plus jeune que lui, lui survécut de
longues années. Fidèle à sa mémoire, elle se mêle activement à l’affaire de
Bretagne qui divisa le Parlement et souleva la Province et lutte contre le
pouvoir royal. Comme elle entretenait de Paris une correspondance suivie avec
Rennes, on l’emprisonna le 25 juin 1765 pour la faire cesser. Le 10 septembre
elle fut prévenue qu’elle allait être exilée à Moulins et y fut conduite le 19.
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