Une rare reliure en broderie
1695
A gauche, le plat supérieur portant les armoiries d'Eléonore du Puy Murinais
A droite, le plat inférieur, portant celles de Charles-Marie Huchet de la Bédoyère
Ce luxueux livre Imitation
de Jésus-Christ, traduction nouvelle par le père Brignon, 1695, qui a figuré
à l'exposition consacrée aux très rares reliures en tissu brodé, qui se tint
à la Bibliothèque de l'Arsenal en 1995-1996 ne peut avoir appartenu qu'à un couple
fortuné. L'identification des armoiries a permis d'identifier celui-ci comme étant
nos ancêtres Charles-Marie Huchet de la Bédoyère et Eléonore du Puy Murinais.
Les reliures en broderie réalisées pour des ouvrages de dévotion avaient habituellement pour
brodeuse une religieuse d'un couvent proche de la résidence de son propriétaire. Il est donc
probable que celle-ci a été faite à Rennes ou dans les environs et,
comme le signale M. Paul Hamon,
qu'elle soit la seule existante pouvant être qualifiée de Bretonne.
Le 24 août 1677 en la cathédrale Saint-Pierre de Rennes était célébré le mariage de Charles Marie Huchet, comte de la Bédoyère, procureur général au parlement de Bretagne,
et Eléonore du Puy, dame de Murinais par Monseigneur de Coëtlogon évèque de Quimper.
Archives municipales de Rennes, paroisse Saint-Etienne, BMS 1674-1686, vue 91/398
-cliquer sur l'image pour l'agrandir-
Aucun lien familial ou amical n'existant entre les Murinais et les Huchet, on peut se demander comment une orpheline grenobloise, ayant ses deux sœurs religieuses au couvent de
Montfleury, près de Grenoble, avait été amenée à épouser un Breton !
La réponse se trouve dans la liste des témoins au mariage et plus précisément de
"Monseigneur Charles d'Ailly, duc de Chaulnes, pair de France, vidame d'Amiens, chevalier des ordres du roi, gouverneur pour Sa Majesté de ses pays et duché de Bretagne
et des camps et armées de Sa Majesté, époux de très haute et très puissante dame
Elisabeth de Le Féron, dame duchesse de Chaulnes".
Le duc de Chaulnes (1625-1698)
-par Robert Nanteuil, 1676-
En effet l'instigatrice de ce mariage semble bien être la duchesse de Chaulnes !
En tant que gouverneur de la Bretagne, son mari était un proche du procureur général.
De plus,
non seulement le père de la mariée, Antoine de Murinais, avait été attiré à Paris
par son oncle Abel Servien, mais il se trouvait être par lui cousin issu de germains
de la duchesse, fille de Barbe Servien.
Abel Servien, surintendant (ministre) des Finances et chancelier des ordres du Roi, musée du Louvre
Lorsqu'il a épousé Eléonore, Charles Marie était procureur général depuis trois ans.
Grâce à l'importance de l'office de l'un et à la parenté de l'autre avec la duchesse
de Chaulnes, le ménage jouissait d'une grande considération auprès des Rennais.
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