Cousinage entre les O'Mahony et les d'Héricourt
A l'évidence, les d'Héricourt et les O'Mahony étaient très liés. Pour preuve le fait que Maurice O'Mahony ait été le principal héritier de Léonce d'Héricourt, dernier rejeton
de cette famille. On trouve également les O'Mahony, mentionnés
comme cousins, sur divers faire-parts, parmi lesquels celui du décès du dernier marquis d'Héricourt. Des courriers font allusion à un
cousinage entre ces deux familles, notamment celui adressé au marquis d'Ivry le 23 octobre 1878
: "Le marquis et la marquise d'Héricourt de Valincourt, parents du comte O'Mahony, ont l'honneur d'adresser à monsieur le Marquis d'Ivry leurs compliments les plus sincères à
l'occasion du succès obtenu par les Amants de Véronne et des ovations dont cette œuvre est l'objet depuis qu'elle a paru sur la scène". Paul O'Mahony débutait ses lettres à Léonce par "Mon cher cousin". Les d'Aboville écrivaient que les O'Mahony étaient "cousins plus éloignés qu'eux" des d'Héricourt. Léonce a établi une liste de "personnes, parents ou connaissances, qui peuvent donner des renseignements sur Madame d'Héricourt mère et sur ses enfants le marquis et la marquise d'Héricourt". Dans cette liste se trouvent à Paris le comte O'Mahony, cousin, 3 rue du centre, le baron de Breda, cousin, 11 rue de Verneuil, monsieur et madame de Fresnois, cousins, 11 rue de Verneuil, comte F de Beda-Béthune, cousin,
26 rue de Las Cases, comtesse A de Breda, cousine, 91 rue de l'université,
marquise de Noé, cousine, 126 rue du bac, comtesse de Luppé, cousine, 126 rue du bac, comtesses du Bouzet, cousines, 5 rue de Copenhague, colonel et madame Petit, cousins, comte de la Forest Divonne, cousin, 33 rue des petits champs etc .. Et en province le vicomte O'Mahony, cousin, à Montbard (côte d'or), madame la vicomtesse de Douhet, cousine, La Sauvetart (Puy de Dôme) etc.
Il ne semble pas y avoir de lien direct entre les deux familles, comme c'est le cas pour les d'Aboville, Butler, Ruffo de Bonneval, qui descendaient directement des d'Héricourt
par les femmes, mais on trouve aisément plusieurs liens de parenté, certes beaucoup moins proches. Sans aller jusqu'à considérer Gerald FITZGERALD, 8ème comte de KILDARE (1478),
chevalier de la Jarretière en 1505, lord deputy of Ireland en 1496, ancêtre commun des O'Mahony et les d'Héricourt (par les Butler), on peut par contre retenir la parenté qui
s'est créée le 11 avril 1774 quand le général Marie Joseph Gilbert MOTIER, marquis de LAFAYETTE, cousin issu de germains de Monique de GOUY d'ARSY épousa Marie-Adrienne de NOAILLES,
laquelle cousinait au 5e degré avec le général d'Héricourt, père de Léonce !
Mais, plus vraisemblablement, c'est par les Breda qu'il faut trouver le lien le plus proche. Augustine Pasquier de Franclieu, épouse d'Arsène O'Mahony, était la nièce du comte de
Franclieu, époux en 1788 de Marie-Jacques de Breda. On sait par ailleurs qu'Adrienne de Breda avait épousé en 1721 Louis du Trousset d'Héricourt. Dans ses mémoires, le comte
de Franclieu (Jean- François-Anselme) écrit à propos de son fils Louis Henri Camille : l'aîné, Capitaine de Dragons, était en âge de s'établir. Il choisit avec notre agrément
Mademoiselle de Breda, parente des Belleval, dotée par son grand oncle, Mr de Breda de Guisbert,
ancien capitaine de vaisseau qui lui donna cent mille écus, de notre côté, nous lui avons cédé La Chapelle, en avancement d'hoirie, avec une pension de mille écus. Dans un
autre passage de ses mémoires, il cite Jacques François de Breda de Trossy, cousin germain paternel, dans la liste des témoins à son mariage et précise : la noce se fit avec
la dernière simplicité et Mr de Breda de Trossy, chanoine de St Frambourg à Senlis nous donna la bénédiction. Ces précisions permettent de dire qu'Augustine O'Mahony,
née Pasquier de Franclieu, était la nièce de Marie-Jacques Pasquier de Franclieu, née de Breda, petite-fille de Jacques-François de Breda, cousin germain d'Elisabeth
Adrienne Perrine du Trousset d'Héricourt.
Une autre possibilité réside dans la thèse, si toutefois elle était partagée par les deux familles, selon laquelle le père du général comte de Narbonne Lara, ministre de la guerre de Louis XVI puis aide de camp de Napoléon, serait Claude-Ignace Garnier de Falletans, frère aîné de Pierre-Ferdinand, lui-même grand-père de Marie-Eugénie, comtesse O'Mahony.
On peut penser également que Saint-Domingue, île dans laquelle les deux familles avaient de grands intérêts et dont certains membres y vivaient même, a favorisé la
relation entre celles-ci. Bathélémy O'Mahony, alors capitaine au régiment irlandais de Clare, faisait campagne aux îles de France et de Bourbon (1771 et 72) puis aux
îles du Vent et sous le vent avec le régiment de Walsh dont il était colonel (1780 et 81). Son futur beau-frère Louis Marthe, marquis de Gouy d'Arsy, qui y possédait de grands
biens par son mariage en 1780 avec la jeune et belle créole Anne Amable Hux de Bayeux, fut même député de l'île à la Constituante.
Côté d'Héricourt, on retrouve à Saint Domingue les ayants droits du baron de Breda, dans l'habitation duquel
est né le célèbre Toussaint Louverture et qui portent les noms de Noé, Butler, Trousset d'Héricourt, Deux-Ponts, Polastron.
Parlant des O'Mahony, on notera que la marraine du général d'Héricourt était Anne-Charlotte, le Tonnellier de Breteuil, petite-fille du comte de Clare et de Charlotte de Bulkeley, et que cette dernière avait épousé en secondes noces Daniel O'Mahony, le brave de Crémone, futur lieutenant-général au service du roi de France puis du roi d'Espagne, fait comte en Castille
("Conde de Mahony").
Quoiqu'il en soit, il est certain que Monique O'Mahony, née de Gouy d'Arsy, connaissait bien Serène de Narbonne comme en témoigne ces deux lettres anonymes datées de 1796.
Brunswick le 29 juin 1796
Nous avons ici une de vos anciennes connaissances et amies, madame de Mahony, qui m'a beaucoup parlé de vous et avec un véritable intérêt. Elle est toute différente de ce qu'elle
était avec son premier mari et elle me semble qu'elle a beaucoup changé à son avantage en conservant sa gaîté et sa tournure d'esprit.
Sa santé est fort dérangée et je la crois menacée de fistule. J'ai renouvelé connaissance avec elle et je la vois assez souvent. Son mari est un homme estimé, de sens, et de bonne
compagnie.
Brunswick le 22 juillet 1796
Je crois vous avoir parlé de madame de Mahony qui me parle toujours de vous avec
beaucoup d'intérêt et le ton de l'amitié qui vous unissait autrefois quoique vous ne vous soyez pas vues depuis bien des années. Elle réussit fort bien dans la société où elle est vue avec plaisir, mais elle ne veut point aller à la cour à cause de sa santé qui n'est pas bonne car elle est menacée de la fistule. Dites moi quelque chose pour elle pour que vous ne soyez point en reste et que je ne demeure pas court vis à vis d'elle.
Mais Serène et Monique se savaient-elles cousines ? Savaient-elles qu'elles avaient pour ancêtre commune Berthe de Bretagne, fille du duc Conan III (1095-1148) ?