Ancêtres Grands Maîtres des Eaux et Forêts d'Ile-de-France



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François de Gouy d'Arsy,(1610-1688) dit "sieur de Cartigny", eut la charge de Grand maître alternatif (avec son beau frère Jean de Brodeau de Candé) et triennal des Eaux et Forêts d'"Ile de France, Brie, Perche, Picardie et pays reconquis (Calais et l'Artois)" le 28 août 1651, et la conserva jusqu'en 1668. Il a donné son nom à la route de Cartigny, dans la forêt de Fontainebleau.
Leur administration ne fut pas des plus exceptionelle si l'on en croit le jugement suivant :
Par jugement de M. Paul Barillon d'Amoncourt, commissaire départi par le Roi pour la réformation générale des Eaux et Forêts au départements d'Ile de France, Brie etc., à la requête du procureur du Roi en ladite réformation, contre les sieurs Jean Brodeau de Candé, François de Gouy de Cartigny, conseillers du roi, grands maîtres et ci-devant contrôleurs généraux des Eaux et Forêts au même département, et Léonard Hugot, receveur du domaine de Senlis, commis dudit sieur de Cartigny, défendeurs et accusés d'abus, négligences, malversations et exactions commis par lesdits grands maîtres, faits pour lesquels ils ont été condamnés chacun à 10,000 livres tournois d'amende et à 70,000 livres tournois de restitution aussi chacun, envers le Roi, pour les droits de chauffage et deniers par eux induments pris et perçus, avec injonction de se défaire de leurs charges dans les six mois.

Etienne Rivié (1678-1748) s'est vu récompensé de ses services auprès de Louis XIV, par une charge de Grand Maître des Eaux et Forêts, au département de Valois, Senlis et Soissons, en 1712, payée par son oncle Thomas, qui était certainement intervenu en sa faveur :
" Louis, par la grâce de Dieu roy de France et de Navarre, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Scavoir faisons que pour la pleine et entière confiance que nous avons en la personne de nostre cher et bien amé Estienne Rivié, seigneur de Bayancourt, et en ses sens, capacité, prudhomie, expérience, fidélité et affection à nôtre service ; pour ces causes, et mettant en considération les services qui nous ont esté rendus dans nos armées par notre amé et féal [fidèle] conseiller secrétaire du Roy, maison et couronne de France et de nos finances, Thomas Rivié, et par ledit sieur Rivié de Bayancourt commandant les équipages corps de réserve de nos armées, nous luy avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes l'office ancien de notre conseiller en nos Conseils, Grand Maistre des Eaux et Forets de France au département de Vallois, Senlis et Soissons, créé par nôtre édit du mois de février 1689, auquel moitié de celuy de Triennal créé depuis, a esté réuni, que tenoit et exerçoit notre amé et féal conseiller, maistre ordinaire en nôtre Chambre des Comptes de Paris, Charles Paul Payen, dernier paisible possesseur d'iceluy, lequel au moyen du rachat par luy fait du droit annuel ordonné par nôtre édit du mois de décembre 1709 et déclarations données en conséquence, s'en seroit volontairement démis en faveur dudit Estienne Rivié, qui auroit payé en nos revenus casuels la finance pour jouir dudit office à titre de survivance (.) pour ledit office avoir, tenir, et doresnavant exercer, en jouir et user par ledit Rivié audit titre de survivance, et aux honneurs, autorités, prérogatives, prééminences, privilèges, exemptions, franchises, libertés, pouvoirs, fonctions, gages effectifs de 8.000 livres pour trois quartiers de 10.666 £ 13 s 4 d, 400 livres de chauffage, 800 livres pour les appointemens de son secrétaire, et 2.000 £ pour droits de journée, dont sera fait fonds et employ dans les états des ventes de nos bois dudit département (.) Car tel est nostre plaisir, en témoin de quoy nous avons fait mettre nôtre scel à ces présentes. Donné à Fontainebleau le 4e jour de septembre, l'an de grâce 1712, et de nôtre règne le soixante-dixième. Signé sur le reply par le Roy, Noblet, et scellé du grand sceau de cire jaune. "
Etienne Rivié a été reçu à cet office le 13 septembre 1712, jour où il a prêté le serment accoutumé à la Chambre des Comptes, et installé par M. de Vienne, conseiller en la Chambre des Eaux et Forêts (dite de la Table de Marbre) à Paris. Une route de la forêt de Compiègne porte son nom.
En tant que grand maître il possédait le titre de chevalier (mais la charge n'anoblissait pas) et pouvait s'intituler "conseiller du Roi en ses conseils". De plus il était du corps du parlement, sans toutefois participer à tous les privilèges dont jouissaient les parlementaires. Ses revenus étaient importants et comprenaient des revenus fixes et variables.

Son fils Charles-Jean-Madeleine lui succéda en 1748. Il était encore mineur à la mort de son père et fut émancipé, sous la curatelle toutefois d'un avocat au parlement, son tuteur à ses actions immobilières. Il fut brièvement Grand Maître des Eaux et Forêts, car il fut contraint de vendre cet office car les créanciers de son père avaient formé des oppositions sur la transmission de cet office de grande valeur. La transaction eut lieu le 21 avril 1750 et les créanciers engloutirent directement les 330 000 livres payées comptant par Joseph Marin Masson de Courcelles.

Le comte Masson de Courcelles résigna le 22 décembre 1760 en faveur de Nicolas Judde de Grainville, mort en charge le 22 juillet 1772, sans alliance. Charles Desjobert acheta la charge pour son fils Louis, qui en fut pourvu le 13 juillet 1774 avec dispense d'âge.

C'est grâce à ce fils que nous savons, par ses nombreuses notes, ce qu'était un Grand maître des Eaux et Forêts d'Ile de France. Voir ici "LA VIE QUOTIDIENNE D'UN GRAND-MAITRE DES EAUX ET FORÊTS AU XVIIIe SIÈCLE" par R.VINEY