Le château de Marines, petite ville située au coeur du Vexin français, à mi-chemin entre Pontoise et Gisors, fut construit vers 1560, par un proche de François 1er, Adrien Tiercelin, qui fut son chambellan, gouverneur des enfants de France,
grand sénéchal du Ponthieu et des deux Vexins. Henri IV y séjourna en août 1589. La seigneurie fut vendue en 1603 à Nicolas Brulart, garde des Sceaux en 1604 et Chancelier de France en 1606. En
1659 Louis Brûlart, son petit-fils, la vendit au marquis de Créquy, plus tard maréchal de France, auquel on doit la réalisation du parc du château sur des plans de Le Nôtre.
Le château est entré dans la famille le 19 mai 1714, lorsque Thomas Rivié, secrétaire du Roi, munitionnaire, maître de poste à la Cour,
capitaine major de l'Artillerie de Versailles etc.,
racheta la seigneurie de Marines à la veuve du maréchal de Créquy. Ami de Louvois, auquel il dut sa fortune, il lui rendit hommage en faisant mettre dans
les cheminées du château des plaques aux armoiries de son protecteur.
Son neveu et héritier, Etienne Rivié de Ricquebourg, notre ancêtre, grand maître des eaux et forêts de France au département de l’Isle de France,
duché de Valois, comté de Senlis,
Soissonnais, Vermandois, Beauvaisis, baillage de Montdidier, Peronne et Rixe, modifia profondément le centre de Marines par le nouveau tracé de la route
royale adopté en 1745 ; son fils, Charles-Madeleine, lui succéda en 1748 et fit mettre ses armoiries dans la chapelle Saint-Roch (baptisée au 19e siècle du Sacré-Coeur) qu'il
avait fait réparer en 1750 dans l'église Saint-Rémy ; mort au château d'Ennery à 25 ans, tué en duel pour les uns, enlevé par la petite vérole pour les autres, il fut inhumé le 26 octobre 1753 dans le caveau de
la chapelle
de l'enfance de cette église, après avoir été présenté
aux limites de cette paroisse par M. le vicaire d'Ennery.
Sa sœur Anne Yvonette, dame d'accompagnement de Madame Adélaïde, dont on pouvait voir le portrait en habit de chasse à basques, tenant un fusil de la main gauche
et son chapeau à cornes de la main droite en hérita et son mari, notre ancêtre Louis, marquis de Gouy d'Arsy,
lieutenant général des armées du Roi et lieutenant général au gouvernement de l'Ile de France pour le Vexin français, devint ainsi seigneur de Marines
(entre autres !). Quand il n'était pas à Paris, et que ses devoirs ne l'appelaient pas à Arsy, le marquis habitait Marines et s'était pris d'affection
pour l'Hôtel-Dieu de Chars dont il présida toutes les assemblées hebdomadaires du bureau de direction, de 1758 à 1786, dont les procès verbaux portent sa signature. En procès avec les oratiens de Marines, il allait
tous les dimanches à la messe de Chars (dont il était baron) et faisait un détour pour passer en grand équipage devant leur couvent pour les narguer.
Il mourut en 1790, sans avoir pu achever la création des nombreuses voies rectilignes bordée d'arbres.
Son fils Louis-Marthe, marquis de Gouy d'Arsy,
député à
l'Assemblée constituante guillotiné
en 1794, délaissa Marines au profit d'Arsy. Son fils aîné, Ange Emmanuel, marquis de Gouy, lui succéda et fut maire de Marines de 1818 à 1825. Ayant épousé la fille du châtelain
de Villiers-sur-Marne (aujourd'hui Villiers-Saint-Denis), il délaissa Marines au profit
de cette ville et "passa la main"
à son frère Athanase, comte de Gouy d'Arsy, conseiller général de Seine-et-Oise élu en 1833, maire de Marines
(1825-1849), commandant le garde nationale de la ville, chevalier de la Légion d'honneur, décédé en 1849 puis Alfred, son fils, comte de Gouy d'Arsy,
chevalier de la Légion d'honneur, de Malte et de Saint-Sylvestre, chef de bataillon de la garde nationale de Marines, conseiller général de Seine-et-Oise en 1849, légitimiste rallié au coup d'état du 2 décembre 1852,
député gouvernemental (1852-1859),
décédé en 1859. Son fils et successeur, autre Alfred, conseiller général de Seine et Oise (1871-1874) et maire de Marines (1869-1877), mourut en 1890, ne laissant que des filles.
Ses frères étant morts avant lui, il vendit Marines le 19 janvier 1882, pour 225.000 francs, à son oncle, Théodoric, marquis de Gouy d'Arsy, maire et propriétaire
du château de Villiers-Saint-Denis, diplomate passant généralement ses étés à Marines. Ses enfants étant morts avant lui, ce sont ses deux petits enfants qui héritèrent alors de Marines. L'aîné, Emmanuel,
qui vivait à Marines dont il fut conseiller municipal en 1896 et candidat malheureux au poste de maire en 1898, décéda l'année suivante à 29 ans sans alliance ni
descendance. Son frère Jean, qui habitait au 127 Champs-Elysées avec sa mère remariée au marquis de Beauvoir, hérita de ses biens mais aussi de ses dettes considérables
et dut mettre le château aux anchères au profit des créanciers. Le domaine trouva acquéreur en la personne de M. Batardy, notaire de Marines, qui entreprit d'importants travaux
pour remettre en état une propriété mal entretenue. Trois ans plus tard, en 1885, le marquis vendit aux enchères publiques l'étalon et le poulinières de son hara de Marines...
Marines a rendu hommage à la famille de Gouy en donnant son nom à l'une de ses rues.
Le tableau de Cezanne représentant le château de Marines, peint vers 1889. La tour de justice dans laquelle les seigneurs de Marines exerçaient leur droit "de bâton et de sang" était située un peu plus loin et est également disparue. Les dits seigneurs étaient en charge de tous les chemins du domaine et ils avaient la responsabilite de juger tous les méfaits qui s'y accomplissaient. Ces méfaits étaient sanctionnés par des coups de bâton ou par des flagellations qui devaient être infligés sur la place publique. Les condamnés sortaient directement de la tourelle sur la place pour y subir leur châtiment.
Les membres de la famille de Gouy d'Arsy qui ne sont pas enterrés à Arsy ou à Picpus, sont inhumés dans la chapelle souterraine d'un enclos privé en bout du cimetière de Marines, créé en 1849 par Alfred de Gouy, pour son père et les siens.
Dans ce caveau sont inhumés les comtes de Gouy d'Arsy, à savoir le fils cadet de Louis-Marthe, Marie Yves "Athanase" François (1849) ; son fils unique "Alfred" Amable Marie (1859) ; ses enfants Marie Barthélemy Daniel "Alfred" (1890), Marie Mathilde Augustine "Emma" (1858), Marie Yves François "Emmanuel" (1853), Marie Laure Camille "Mathilde" (1872) et Louis Marie "Eugène" Napoléon (1890) ; Marie Anne Françoise "Marguerite", fille d'Alfred (1869). Théodoric, marquis de Gouy, ne pouvant être enterré au cimetière de Picpus comme il le souhaitait, celui-ci étant fermé, fut inhumé à Marines.
Sources :
Bulletin de l'Association de Amis du Vexin Français n° 51 (2002)
L'église de Marines, dans Réunion des Sociétés des Beaux-Arts des Départements n° 34 (octobre 1911)
Epitaphes relevées sur le site http://www.ghcaraibe.org/