La maison, LE SÉNÉCHAL qui est particulièrement connue sous le nom de CARCADO-MOLAC, alias de
KERCADO, est sans contredit l'une des plus anciennes et des plus illustres de la province de
Bretagne. Il n'y a pas de preuve que la maison de Kercado soit issue de celle de Rohan, mais il y a
des conjectures qui rendent cette opinion probable, à commencer par la ressemblance entre les
armoiries de ces deux familles.
Cette maison tire son nom de la charge importante de grand Sénéchal de Rohan, qu'elle occupait
héréditairement dès les temps les plus reculés. Les fonctions de grand sénéchal, telles qu'on les
voit énoncées dans un acte de 1228, étaient de commander la noblesse et les armées, de veiller sur
l'administration de la justice et des finances.
René-Alexis LE SÉNÉCHAL, dit le comte de Kercado, fils de René LE SÉNÉCHAL, comte de
KERCADO, colonel d'un régiment de son nom, tué à la bataille de Sénef, à 44 ans, étant brigadier et
gouverneur de Dinan, et de Marie-Anne, fille du marquis de Rosmadec, est né en 1659 et a été baptisé à Rennes, paroisse Saint-Etienne.
Il était page de la Grande Ecurie en 1677 (avec son cousin Sébastien-Hyacinthe) et,
comme de nombreux jeunes nobles qui faisaient là leurs premières armes, il entra aux
Mousquetaires en 1681, année où sa mère lui fit don de toutes les rentes de la seigneurie de Botblay en Sulniac.
Il passa lieutenant au régiment du Roi le 19 octobre 1682 et servit en 1683 au siège de Courtrai
(où les mousquetaires emportèrent la contrescape de cette ville le 6 novembre), à la prise de
Dixmude (10 novembre), et au bombardement d'Oudenarde.
Passé capitaine le 10 mars 1684, il se trouva au siège de Luxembourg (avril à juin) et quand le
régiment de Bresse-infanterie fut formé en septembre de la même année, il en fut fait colonel
commandant (mestre de camp).
Il fit la campagne d'Allemagne (1691), passa en juin 1695 à l'armée du Roussillon, et marcha au
secours de Palamos, sous le duc de Vendôme.
Brigadier depuis le 3 janvier 1696, il servit au siège de Valence qu'on leva le 8 octobre, puis à
l'armée de Flandre, sous le maréchal de Villeroy, jusqu'au traité de Ryswick, qui mit fin à la guerre
des neuf ans le 20 septembre 1697.
Employé à l'armée d'Italie le 26 septembre 1700, il prit part à la première bataille de la guerre de
succession d'Espagne à Carpi le 9 juillet 1701 et combattit à Chiari où le maréchal de Villeroy fut
défait, le 1er septembre suivant, par le prince Eugène de Savoie et perdit 3000 hommes. Il
commanda les 20 compagnies de grenadiers, le 26 juillet 1702, au combat de Santa-Vittoria où le général Visconti
fut défait par le duc de Vendôme, et contribua à la prise de Borgo-Forte (novembre 1702), de
Nago et d'Arco dans le Trentin (août 1703), et d'Asti (novembre 1703).
Promu maréchal de camp le 10 février 1704, il passa à l'armée d'Espagne le 4 avril 1707, où il
combattit à Almansa (25 avril). Étant de tranchée à Lerida, il emporta d'assaut, le 11 octobre
1707, la première enceinte de la place, sous les yeux du duc d'Orléans, qui lui en témoigna
publiquement sa satisfaction.
Il fut promu lieutenant général le 9 juin 1708 et continua à servir en Espagne jusqu'en 1710.
S'étant marié en janvier 1709, il s'est alors établi au château de Molac où sont nés ses enfants entre le 1er octobre 1710 et le 21 janvier 1722 pour le 10e, à
l'exception de l'aîné né à Quimper (ou à Saint-Malo). Sur les registres il est qualifié "comte de Carcado" et "marquis de Rosmadec Mollac Pontecroix" au début et
"marquis de Pontcroix, baron de Molac" par la suite. Le titre "comte des Chapelles" est toujours présent ; il s'agit du comté dont il avait hérité, composé de La Chapelle-en-Ploërmel,
Quintin et Serent, réunies en comté en 1576 (Il faisait aveu en 1704 des féages de Quintin et de Molac sous Vannes). Les seigneuries citées varient mais on retrouve toujours
Boblay (Botbleiz, Bobelay) possédée avec ses dépendances dans les paroisses de Questembert, Berric et Noyalo, y compris la seigneurie de Cranhac, pour laquelle il rendit aveu sous
la juridiction royale de Vannes.
En janvier 1714, le marquisat de Rosmadec (Pont-Croix) et la seigneurie de Quéménet, dont sa mère déjà veuve avait hérité de son neveu Sébastien de Rosmadec, mort
en 1700 sans laisser d'enfants, furent vendus à Noël Danycan, riche armateur d'origine malouine. René-Alexis fit alors valoir son droit de prémesse, remboursa le prix de vente,
et devint, le 1er octobre 1714, marquis de Rosmadec. Il jouait un rôle important dans les réunions des Etats de Bretagne dont il fut élu président de la Noblesse en 1715
(et le sera encore en 1728). Il obtint la continuation du marquisat sous le nom de Pont-Croix, par lettres de février 1719, enregistrées au parlement et à la Cour des Comptes les 28 juin et 5 juillet 1719. Le marquisat de Pontcroix s'étendait sur 20 paroisses.
Le Roi lui donna le gouvernement des ville et château de Quimper le 10 mai 1719, qu'il conservera jusqu'à sa mort, son fils aîné, qui avait été désigné pour lui succéder "en survivance", étant mort avant lui. Le Rolle de capitation de la noblesse de l'éveché de Vannes se montait pour Saint-Gonnery à 250 livres en 1720 et 163 livres en 1740 pour le comte de Carcado, et respectivement 27 et 30 livres pour les domestiques (Molac). Il était parrain le 15 mai 1735 lors de la bénédiction par l'évêque de Quimper de la grosse cloche de la cathédrale, nommée Renée-Mauricette. Il rendit aveu au Roi le 30 octobre 1730 pour son marquisat (plus de 800 pages divisées en 2384 articles). Il est mort le 29 août 1743 âgé de 85 ans et a été inhumé dans l'église des Petits-Augustins, à Paris, où l'on voyait avant la Révolution son épitaphe à la gauche de la balustrade du chour. Il était chevalier de Saint-Louis (1697) et chevalier du Saint-Esprit. Son portrait et celui de son épouse ont été peints par Hyacinthe Rigaud en 1710.
Il était depuis 1694 le curateur de son neveu Claude-Hyacinthe qui avait été émancipé sous son autorité pour pouvoir user des biens de l'héritage de son père.
Il était venu le voir à l'académie de Lompré se rendre compte de l'instruction du jeune homme avant son entrée aux Mousquetaires.
Il avait épousé en premières noces, par contrat du 8 janvier 1709 au manoir Magon, Jeanne Magon, morte en son château de Molac le 2 novembre (17 juillet) 1724 âgée de 37 ans, et en secondes noces Marie Hollande de Koenigsmark, des comtes de ce nom en Suède, qu'il a laissé veuve sans enfants et qui est décédée le 3 décembre 1747 (son corps a été transporté en l'église des petits Augustins lieu de sépulture de Messieurs de Molac). Du premier mariage, il eut :
- René-Alexis II, né en 1709 à Quimper ou à Saint-Malo (les archives de cette ville comportent des lacunes suite aux bombardements de la guerre ; l'année 1709 en fait partie), marquis de Pont-Croix, appelé marquis de Molac. "Filleul" de la ville de Quimper, il en était nommé gouverneur en survivance de son père,
fit sa réception officielle en février 1730 et apparait donc dans la liste des
gouverneurs de cette ville, bien qu'il n'ait jamais exercé cette charge, étant mort avant son père.
Capitaine dans le régiment de la Reine, cavalerie puis colonel du régiment de Berri en mai 1735, tué à Prague à la sortie du 22 août 1742 à la tête des grenadiers de l'armée : "percé
de sept coups de fusils, il dit en tombant à son aide-major Menars, faites marcher tous les grenadiers à gauche, les ennemis se portent de ce côté là". Il fut enterré dans l'église
des Capucins de Prague ;
- Yolande-Adélaïde et Françoise-Jeanne, jumelles nées au château de Molac en 1710 ;
- Céleste-Françoise, née au château de Molac en 1711 ;
- Louise-Marguerite, née au château de Molac en 1713, qui fut mariée le 14 janvier 1740 à Anne-Louis de Beauvau, marquis de Tigny, dont elle eut un enfant unique, Charles-Louis-Jean-Vincent de Beauvau-Tigny, né en 1740 ;
- Louise-Françoise, née le 2 décembre 1715, a été baptisée le 5 août 1717 (voir acte).
Elle épousa le 23 février 1745 à Vannes Hyacinthe Thomas, seigneur et comte de la Caunelaye, Seigneur de la Ribaudière, de Vaudequip, du Plessis-Beaublé et autres lieux. Leur fille épousa le marquis du Bot du Grégo.
Elle hérita de Botblay (Sulniac) pour laquelle Corentin avait fait aveu au Roi.
Les origines de Botblay (anciennement Botbleiz) se confondent avec celles de Kerdavy-Quintin. Les deux domaines étaient des démembrements de Quintin. ;
- Jeanne-Marie, née au château de Molac en 1717 ;
- Marie-Lucrèce, née à Saint-Malo en 1718 ;
- Corentin-Joseph, marquis de Molac (de Ponte-Croix), né au château de Molac en 1720, ayant été d'abord dans l'état écclesiastique comme abbé de Bitaine en Franche-Comté, le quitta
après le décès son frère aîné. Il est entré Mousquetaire du Roi le 21 septembre 1743, lieutenant au régiment du Roi, infanterie le 25 novembre 1744, a été blessé au siège de Tournay en 1745, s'est trouvé aux batailles de Fontenoy, de Raucoux, de Lawfeldt et a été
fait colonel du régiment du Périgord le 1er janvier 1748, brigadier le 20 février 1761, maréchal de camp le 25 juillet 1762.
Il succéda à son frère au gouvernement de Quimper. Il était chevalier (1758) puis commandeur (1779) de Saint-Louis. Il fut présenté à la Cour le 1er janvier 1772 (Gazette du 6),
obtint les entrées de la Chambre du Roi (Gazette du 8 novembre 1773), monta dans les carosses du Roi et le suivit à la chasse le 3 avril 1782 (Gazette du 16).
Il
partageait
son temps entre Paris, dont il appréciait la vie fastueuse, et les camps. Il vendit le marquisat de Rosmadec-Molac aux Brancas-Forcalquier en 1756.
Il épousa le 9 octobre 1751 sa cousine Marie-Anne, fille de Louis-Alexandre, marquis de Kercado, chef de nom et armes de cette Maison.
Par ce mariage, pour réunir les deux branches de la même maison et y conserver les biens, la terre de Kercado est rentrée dans la branche du marquis de Molac ;
- Marie-Anne, née au château de Molac en 1722.