Jean Le Mercier
Trésorier des guerres (1369-1373)
Général conseiller sur le fait des Aides (1373-1388)
Grand maître d'hôtel du roi Charles VI (1388-1392)
Membre du conseil du roi



blasons
Armoiries décrites dans un armorial colorié du XVe siècle
(cependant en 1360 et 1361, son sceau était un écu écartelé, aux 1 et 4, 3 étoiles ; au 2 et 3, 3 hures)




Seigneur de Nouvion-le-Comte (Aisne), Rugles et Bailly dans l'Eure, Fontenay-en-Brie (Seine-et-Marne), Pimprez-les-Noyon (Oise)

Connu sous le nom de "Sire de Noviant" (Nouvion-le-Comte) il est un marmouset comme on nomma les conseillers de Charles VI qui prétèrent serment en 1388 de rester unis et solidaires et qui accédèrent aux plus hautes fonctions de l'Etat. Les plus connus sont Jean Le Mercier, Bureau de La Rivière, Jean de Montagu et Pierre (le Bègue) de Villaines, qui administrèrent le pays, sous l'inspection du connétable Olivier de Clisson, suite à l'administration des oncles du roi.

Charles VI le qualifiait "son grand maistre d'hôtel", ce qui fait que Jean Jouvenel des Ursins, André du Chesne, Moreri, du Tillet et d'autres l'ont mis au rang des Grands-Maîtres de France alors appelés Souverains maistres de l'hôtel du roi. Anselme le place aussi dans les Grands maîtres de France en précisant toutefois qu'il ne fut sans doute que maître d'hôtel, ce qui semble exact si l'on en juge par les quittances qu'il faisait comme étant "Jean Le Mercier, chevalier, conseiller et maistre d'ostel du Roy nostre sire".


On ne sait rien de précis sur la naissance de Jean Le Mercier et, si plusieurs opinions ont été avancées, elles doivent être acceuillies avec la plus grande prudence. Nous savons cependant avec certitude qu'il avait un frère, Pierre, notaire du roi, qui épousa Jeanne de Saint-Riquier. En 1348 il n'était encore que maître des garnisons des grains. Ce n'est qu'à partir de 1358 que nous trouvons des pièces émanées de la chancellerie royale, contresignées par Jean Le Mercier, notaire et secrétaire du roi. C'est d'ailleurs comme clerc et secrétaire du roi qu'il traita, le 26 janvier 1360, la reddition de la ville de Creil (Oise) occupée par les Anglo-Navarrais.

Louis d'Harcourt, vicomte de Châtellerault, était à Rouen, chargé d'opérer "la vuidange des forteresches Anglesches de Normandie", à savoir Saint-Vaast-sur-Seule, Lingèvre et Honfleur. L'homme de guerre s'entendait peu aux questions financières et le régent tenait à mettre en sa compagnie quelqu'un qui put lui rendre un compte exact de la partie financière de l'opération. C'est Jean Le Mercier qui fut choisi pour cette mission. Il était déjà à Rouen le 22 mai 1360 et quitta la Normandie à la fin de l'année suivante.

Nous savons peu de choses sur Jean jusqu'au 27 mars 1369, sinon qu'il avait été nommé par le roi, sergent d'armes, puis huissier d'armes. A cette date Charles V le désigna pour succéder à Nicolas Odde dans l'exercice de la charge de trésorier des guerres. Pour s'occuper du payement des troupes, il était obligé à des déplacements si fréquents et si lointains, il avait des comptes si compliqués à tenir, des écritures si nombreuses à faire exécuter, qu'il eut des lieutenants et plusieurs clercs ou secrétaires.. L'un d'eux fut son frère Pierre qui semble-t-il lui donna infiniment d'ennuis. Depuis sa nomination jusqu'au moment où il quitta la trésorerie des guerres, Jean n'a pas cessé de faire prêt et payement aux gens de guerre.

décembre 1373 à décembre 1377
Le 6 décembre 1373 le roi établit Jean dans les fonctions de "général conseiller sur le fait des aides de la guerre". A cette époque les généraux conseillers étaient réunis en une Chambre réunissant les généraux conseillers sur le fait des finances et les généraux conseillers sur le fait de la justice des aides. Ils ne pouvaient pas faire le commerce, ils avaient autorité absolue sur tout le personnel des aides et examinaient chaque mois l'état du receveur général, ils ne pouvaient pas faire délivrance de deniers qu'après délibération faite en Chambre, ils assistent aux séances du conseil royal et à celles de la Chambre des comptes, etc.
Jean fut envoyé en Normandie et en Bretagne. De retour à Paris au mois de décembre 1374, il fut anobli. Les habitants de Basse-Normandie voulant lui laisser un souvenir de leur reconnaissance, mirent à sa disposition une somme de 6 000 francs que le roi, par lettre du 15 juillet 1375, l'autorisa à accepter. Il fut également nommé capitaine de la châtellenie de Creil, qualité avec laquelle nous le rencontrons pour le première fois le 31 août. Il touchait pour cette charge 600 livres tournois et pour celle de général conseiller 600 livres parisis (livre un quart plus forte que la livre tournoi). Il touchait en plus 5 francs or par jour chaque fois qu'il chevauchait. L'auteur de l'étude a calculé que pour l'année 1375 il avait touché au minimum 26 000 francs (du 19e siècle), ce qui équivaut à près de 85 000 €.
En 1376 Charles V le chargea d'une mission à Avignon dont il revint en mai à Paris où il vérifia les comptes de Raoul Campion pour l'évacuation de Saint-Sauveur. Il est permit de croire que pendant la seconde moitié de l'année il partagea son temps entre l'hôtel Saint-Pol, le palais de Saint-Louis, siège de la Chambre des généraux conseillers, et la surveillance des travaux de construction du château de Creil.
Dans le courant de l'année 1377, le roi l'autorisa à fonder une chapellenie dans l'église Notre-Dame de Boulogne-sur-Seine, songeant là à y faire son lieu de sépulture. Au mois d'avril il ordonna de mettre des réserves de froment dans le château de Caen. Au mois de mai il accompagna Charles V dans son voyage à Rouen. Il y était encore en juin. L'année suivante, en juillet 1378, le roi l'envoya à Harfleur pour la troisième fois "pour nos besoignes touchant le fait de nostre armée de la mer". Le 24 juillet il lui accorda 2 000 francs d'or "au fait de nostre armée en laquelle il a eu très grant paine et travail". Aussitôt après avoir procédé au ravitaillement de la flotte, Jean rejoignit Olivier de Clisson qui venait de mettre le siège devant Auray en Bretagne. Aussitôt après la prise du château, il dut aller, avec Clisson, rejoindre les troupes qui étaient autour de Calais et où il fit envoyer de Rouen un convoi d'outils et d'armes. Il s'en alla ensuite à Amiens rejoindre le duc de Bourgogne qu'il accompagna devant Ardres où ils arrivèrent le 4 septembre. La pluie empéchant la poursuite des opérations, Jean était de retour à Paris le 24 septembre, après une absence de 68 jours. Le 13 octobre le roi l'envoya à Duras (Lot-et-Garonne) assiégée par le duc d'Anjou, aidé par Du Guesclin, pour voir au paiement des gens d'armes. Il revint à Paris le 10 novembre.

Décembre 1377 à septembre 1380
Sur ces entrefaits l'empereur Charles IV annonça à son neveu Charles V son intention de venir le visiter. Le roi envoya à Cambrai, au-devant de son oncle, une ambassade dont Jean faisait partie, et qui reçut l'empereur le 22 décembre. Ils arrivèrent à Paris le 3 janvier. Le roi chargea la même ambassade de raccompagner son oncle jusqu'à sa sortie de France à Mouzon (Ardennes). Jean était de retour à Paris deux jours avant la mort de la reine (6 février) aux obsèques de laquelle il assista (14 au 18 février). Le roi envoya de nouveau Jean en Normandie (7 mars), à Rouen, Dieppe et Harfleur pour préparer la flotte et garnir d'armes et de vivres les châteaux et les villes du pays de façon à pouvoir résister en cas de descente des Anglais. Il se rendit ensuite à Honfleur, Caen, Bayeux, Saint-Lô et Saint-Sauveur afin d'inspecter les forteresses et les faire également garnir de toutes les choses nécessaires. Puis il revint à Senlis auprès du roi, qui l'avait mandé à cause de la venue de Charles de Navarre, auquel le roi exigea le serment de faire remettre au duc de Bourgogne les places navarraises de la Normandie. Jean accompagna alors les ducs de Bourgogne et de Bourbon qui commencèrent par prendre possession d'Evreux, Breteuil, Pacy, Anet, Bréval, Régnéville et Bernay. Après une attaque infructueuse contre Cherbourg, ils prirent Gavray et Pont-Audemer. Le 22 mai, Jean Le Mercier revint à Paris. A part Cherbourg et Mortain, il ne restait plus une place de Normandie aux mains de Charles le Mauvais. Mortain tomba peu après et le siège de Cherbourg fut alors décidé. Chargé de la direction administrative et financière de l'opération, il arriva à Montivilliers le 27 octobre. Du Guesclin ne réussit pas à prendre la ville. Jean revint à Paris au commencement de janvier 1379. Le 22 janvier Charles V étant à Vincennes modifia son testament de 1374 et plusieurs de ses exécuteurs testamentaires étant morts, il en ajouta de nouveaux, parmi lesquels Jean Le Mercier. Le 3 février, le roi envoya Jean dans les domaines de Jean de Coucy, qu'il voulait visiter, pour en voir l'état. Puis Jean revint à Paris le 13 février et y resta jusqu'au 9 mars. A cette date, sur ordre du roi, il se rendit en Anjou, en Touraine, dans le Maine et en Normandie pour inspecter les comptes des receveurs et des grenetiers de ces provinces. Il ne revint à Paris que le 3 avril suivant.
Les affaires de Bretagne s'étant aggravées, Jean partit le 13 avril avec le maréchal de Sancerre pour se rendre auprès de Clisson afin d'essayer de prendre possession des places que ce dernier gardait. En même temps il était chargé d'étudier l'opinion publique en Bretagne et de rapporter au roi "l'estat et la voulenté des gens dudit pays de Bretaingne". Il mena des négociacions qui durèrent jusqu'à la fin de mai et le 6 juin il arriva auprès du roi qui, aussitôt, le renvoya à Compiègne "et ailleurs pour ses besongnes". Enfin Jean fut de retour à Paris le 21 juin et y resta jusqu'au 12 juillet. Dans l'intervalle, le 9 juillet, qualifié pour la première fois de seigneur de Nouvion (le-Comte), il avait assisté à l'ouverture des coffres contenant les joyaux de Charles V.
Le 12 juillet il quitta encore Paris pour aller en Normandie, en particulier à Montebourg, dire certaines choses à Jean de Vienne, capitaine général du roi dans le Cotentin. Il revint à Paris le 13 août et en repartit le 16 visiter les châteaux et autres forteresses de Normandie. Il revint à Montargis où se trouvait le roi vers le 20 août et lui fit son rapport. Charles V le fit aussitôt partir pour la Flandre avec l'évêque de Beauvais, le sire de Coucy et Bureau de La Rivière, "pour faire certaines choses à euls enchargiés". Jean revint à Paris le 28 septembre, alla passer quelques jours à Creil, d'où il partit le 4 octobre pour Arras, accompgné des mêmes. Là ils eurent une entrevue avec Mme d'Artois et le comte de Flandre, au cours de laquelle on discuta encore de la question du duché de Bretagne. Après avoir exposé au roi l'état de la question, Jean était de retour à Paris le 29 janvier 1380.
Il fut l'un des signataires, le 1er février, d'une convention avec le roi de Castille, promettant d'envoyer à La Rochelle 20 galées (galères) castillannes. En attendant leur arrivée, il dirigea avec Du Guesclin l'occupation des îles de Jersey et Guernesey puis alla ravager les côtes de l'Angleterre. La flotte rentra à Carentan le 10 juin. Le 13 juin il était envoyé par le roi en Normandie pour dire à Jean de Vienne "certaines choses secrètes". De là il s'en alla à La Rochelle recevoir les galées du roi de Castille. Après avoir procédé à la réception, il s'en alla à Nantes trouver Clisson, qui l'emmena à Vannes, auprès de plusieurs barons de Bretagne, afin de s'occuper de conclure un traité avec le duc. Jean Le Mercier avait à peine fait son rapport au roi, que celui-ci l'envoya le 2 août en Picardie auprès du duc de Bourgogne et de Bureau de la Rivière, leur dire certaines choses secrètes et confidentielles. Il revint à Paris le 15 août et le 4 septembre, le roi le nomma capitaine du château de Viviers-en-Brie, charge devenue vacante.
Charles V, qui voyait ses forces décliner, voulait en finir avec la question de Bretagne, y envoya Jean le 9 septembre. Celui-ci quitta son maître pour ne plus le revoir. Charles V mourut le 16 septembre au châteu de Beauté.

Octobre 1380 à février 1384
Charles VI fut couronné le 4 novembre 1380 ; il avait 12 ans et sa garde fut confiée aux ducs de Berry et de Bourbon. S'ouvre alors une période où Jean chercha sans doute à se faire oublier, car on en perd sa trace. De plus, le conseil ayant supprimé les aides, les généraux conseillers devinrent inutile et dès lors, Jean fut moins en vue encore.
Après la ratification du traité avec la Bretagne, 5 commissaires, dont Jean Le Mercier, furent envoyés à Guérande pour recevoir le serment de fidélité du duc le 4 avril 1381. Il figure aussi parmi les témoins du serment d'hommage à Charles VI par Jean de Montfort, le 27 septembre suivant. Il fut élevé au rang de chevalier en 1382. Les aides ayant été rétablies, il fallut également rétablir la Chambre des généraux conseillers sur le fait des aides, ce qui fut fait par ordonnance du 26 janvier 1383. Le roi nomma cinq généraux conseillers, dont Jean Le Mercier. Ayant l'affection du roi et l'expérience des affaires, il fut le plus en vue parmi les nouveaux membres. Il ne quitta pas Paris, ayant fort à faire pour rétablir les anciens services.
Lorsque Rouen se révolta, le conseil du roi décida qu'il fallait infliger à cette ville un châtiment exemplaire et choisit pour commissaires "maître Jean Pastourel, président de la Chambre des comptes, qui l'emportait sur les autres membres du conseil par l'éloquence et la sagesse, et monseigneur Jean de Noviant (Jean Le Mercier, du nom de sa terre de Nouvion ou Noviant) chevalier, issu de la plèbe, et que le feu roi avait élévé au premier rang des officiers royaux, en raison de sa dextérité dans le maniement des affaires". Cette mission fut un succès, ce qui explique la rentrée de Jean Le Mercier sur le terrain politique. Il est même possible que ce soit à la suite de ces évènements qu'il ait été fait maître d'hôtel du roi, titre qu'il porte pour la première fois le 5 mai 1383. Arrivé à Rouen peu avant Pâques (22 mars) il resta en Normandie pour achever de régler les questions relatives au rétablissemen des aides. Il est alors désigné sous le titre de "général commissaire député par le roi sur le fait de la générale réformation qui, en cette présente année (1383) a été faite dans le duché et pays de Normandie". En même temps qu'il s'occupait de cela, il était chargé avec Etienne du Moustier, le 5 mai, de veiller à l'armement d'une flotte qui devait être mise sous le commandement du connétable de Clisson. Ils étaient à Harfleur le 7 juin.
Préparant leur départ pour la Flandre, le roi et le duc de Bourgogne commandèrent à Jean de revenir par devers eux. Au commencement du mois d'août, Charles VI partit et revint à Paris fin septembre, la campagne étant terminée. Quant à Jean, il était rentré un peu avant car le 11 septembre il demandait à Guillaume Charnel de veni à Paris avec Guillaume d'Amphernet, trésorier des guerres, pour lui apporter les deniers de sa recette. Ce Guillaume d'Amphernet est notre ancêtre ; il était bailli du Cotentin, commis par Charles V en 1380 pour abattre le château de Tinchebrai, trésorier des aides de Rouen en 1381 et 1382 ; il devint seigneur de Tracy et obtint de son suzerain de faire directement hommage au roi.
Des négociations se tinrent pendant plus d'un mois à Leulinghem, entre Calais et Boulogne, en vue d'une trève avec les Anglais. Jean Le Mercier faisait partie de plénipotentiaires. Le seul résultat des négociations fut la prolongation des trêves jusqu'à la Saint-Michel 1384.
De retour à Paris, il se remaria dans le courant de février 1384 "par ordenance et volonté" de Charles VI. Il avait épousé en premières noces Jeanne de Saint-Dizier, dont il était déjà veuf quelques années avant 1383. Jean faisait de son mieux pour égayer son veuvage mais le roi, soit pour mettre fin aux galanteries de Jean, soit pour le faire entrer dans une très noble famille, lui fit épouser en secondes noces Jeanne de Vendôme, fille de Robert, seigneur de la Chartre-sur-Loir, et de Jeanne, dame du vidamé de Chartres. En "accroissement et avancement de son dit mariage", le roi lui donna, le 8 février, une somme de 3 000 francs or.

Février 1384 à Novembre 1388
La guerre s'annonçant inévitable les préparatifs militaires commencèrent fin 1384. Tout le commencement de 1385 fut employé à préparer l'expédition maritime que Jean de Vienne devait entreprendre en Ecosse. La flotte put enfin partir le 20 mai 1385, libérant ainsi Jean Le Mercier. Il ne put assister au mariage de Charles VI (17 juillet 1385 à Amiens) étant en mission dans la province de Rouen pour traiter des questions financières et maritimes. Car les armements faits précédemment n'avaient pas pour seul objectif l'expédition d'Ecosse, laquelle ne devait être qu'une diversion. Une grande flotte destinée à opérer un débarquement sur les côtes d'Angleterre devait partir le 1er août. Une des conséquences de la prise de Damme (27 août) fut de compromettre cette expédition. Aussi Charles VI, ayant besoin "prestement très grosse finance" ordonna de faire rentrer sans délai le terme des aides à échoir en octobre et envoya Jean Le Mercier à Rouen "pour faire avancer ladite finance".
Peu après le 19 octobre, Charles VI donna à son maître d'hôtel les terres, héritages et rentes que possédait Simon Le Drouays dans les sergenteries de Laigle et de Breteuil et qui avaient été confisqués à la suite de l'exécution de ce personnage. Au mois d'août 1386 le roi tint un conseil à l'Ecluse, auquel était présent Jean et au cours duquel il fut décidé d'abandonner l'expédition d'Angleterre. L'hiver se passa sans évènement en France puisque les Anglais portèrent leurs efforts sur la Castille. On se borna à faire des préparatifs pour une nouvelle expédition maritime, préparatifs poussés avec plus de vigueur en mai 1387. L'expédition devait être scindée en deux : une partie commandée par Clisson s'embarquerait de Tréguier (Bretagne) et l'autre commandée par le comte de Saint-Pol partirait de Harfleur. Jean Le Mercier, qui, le 12 avril, avait fait montre à Arras de 17 écuyers et un archer, fut chargé de surveiller l'embarquement à Harfleur. L'arrestation de Clisson en Bretagne entraina des difficultées avec le duc. Pendant que le conseil se débattait au milieu de celles-ci, Jean Le Mercier demanda à être relevé de ses fonctions de général conseiller, ne pouvant continuer à s'occuper suffisamment des aides au moment où il prenait une part de plus en plus grande à la politique générale. Au mois de juillet il repartit en Normandie avec un des nouveaux généraux conseillers pour surveiller l'armement d'une flotte.
C'est alors que Jean, qui avait acquis la terre de Fontenay-en-Brie (Fontenay-Trésigny, Seine-et-Marne), obtint du roi l'autorisation d'y élever un château fort. Ce château, alors clos de murs et de fossés autour d'une cour intérieure, avec deux pont-levis, fut reconstruit en 1538 par Guillaume Prudhomme.
Il était retrouva le duc de Bourgogne à Melun, qui l'emmena avec lui à Montreuil où il était le 18 août et où il retrouva le roi, les ducs de Berry et de Bourgogne, et le conseil. Il les suivit le surlendemain à Montereau puis revint à Paris où le 13 septembre il tint sur les fonts un enfant de Jean Jouvenel, le prévôt, son neveu par alliance. Il se rendit à Reims où le roi tint un conseil le 3 novembre.

Novembre 1388 à 1397
Sur un ordre du roi, les ducs de Berri et de Bourgogne furent renvoyés dans leurs provinces. Charles VI conserva auprès de lui le duc de Bourbon que chacun respectait, et les anciens conseillers de son père rentrèrent en triomphe à la cour. Ils faisaient tous partie d'un conseil de douze personne qui fut dès lors mis à la tête des affaires. Les deux principaux membres du nouveau gouvernement, Bureau de La Rivière et Jean Le Mercier "qu'il fit son grand maître d'hôtel", entreprirent aussitôt des réformes destinées à capter le bon vouloir du peuple, appuyés du crédit et de l'autorité du connétable de Clisson. Ils diminuèrent les impôts et destituèrent tous les officiers royaux institués par les ducs. Ils cherchèrent aussi à rétablir un peu d'ordre dans l'administration. Ils réorganisèrent la Chambre des comptes, les Eaux et forêts, la voirie de Paris, l'administration des aides, les Universités, etc. "Le peuple fut surtout bien joyeux de ce changement" écrit Barante dans son Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois.Jean Le Mercier semble être resté à Paris la plus grande partie de 1389, où il assistait au conseil du roi. Le 25 juin, il obtint du roi la concession du droit de haute justice dans sa seigneurie de Fontenay-en-Brie. Au mois d'août naquit son premier fils, Charles, tenu sur les fonts de l'église Saint-Jean-de-Grève par le roi, le duc d'Orléans et la comtesse de Namur. Le 17 août suivant il assista au mariage de Louis duc de Touraine avec Valentine de Milan, fille de Jean Galeas Visconti (cousin germain de notre ancêtre Taddea Visconti) avec lequel Jean fut chargé de trouver un accord touchant la dot de l'épouse. Le 15 septembre il était présent à l'inventaire des joyaux de Valentine de Milan.
Jean n'accompagna pas le roi au voyage qu'il fit en Languedoc en octobre mais c'est lui qui avait négocié un traité avec le comte de Foix qui fit hommage au roi à toulouse (29 novembre). Les princes et la cour ne revinrent à Paris que dans la seconde moitié de 1390. Le 23 mars 1390, Jean achetait à Guillaume de Craon 200 livres de rentes sur Châteaudun. Les pourparlers avec l'Angleterre se poursuivaient et le roi envoya Jean négocier avec eux. Celui-ci se mit en route "malgré ses maladies qu'il a souvent" accompagné de quelques membres du conseil. Il était tellement souffrant à ce moment qu'il alla à Boulogne en litière car "bonnement ne pouvoit chevauchier" et qu'il dut se faire accompagner de médecins. Il revint à Paris au commencement du mois d'août et le roi, pour le récompenser, lui donna le 11 la somme de 4 000 francs or pour l'aider à payer "certains ouvrages de son hostel de Paris". Cet hôtel était rue de Paradis (une partie de l'actuelle rue des Francs-Bourgeois), paroisse Saint-Jean-de-Grève.
La France étant alors dans l'obédience du pape Clément d'Avignon, Jean Le Mercier et Bureau de la Rivière suggérèrent au roi l'idée d'une guerre avec le pape Boniface. Charles VI approuva cette proposition et l'ouverture de la campagne fut fixée au mois de mars 1391. Il fut un des hauts personnages envoyés à l'entrée du palais du Louvre en février accueillir les ambassadeurs du roi d'Angleterre.
Pour mettre un terme aux contestations du duc de Bretagne, le roi et son conseil le reçurent à Tours en Novembre et les négociations durèrent bien trois mois pendant lesquels Jean revint plusieurs fois à Paris. Vers le milieu du carême 1392 des négociations se tinrent à Amiens avec les Anglais. Jean Le Mercier y était présent.
En 1392, lors d'une expédition en Bretagne, le roi fut victime d'une première crise de démence au cours de laquelle il tua plusieurs de ses gardes. Cette catastrophe marqua le terme du pouvoir des fidèles du roi, principalement de Jean Le Mercier, Bureau de La Rivière et Jean de Montagu, que les ducs de Berry et de Bourgnogne détestaient et dont ils voulaient la perte. Après le 15 août Jean cessa de recevoir toute dépêche royale alors que des chevaucheurs lui en apportait régulièrement auparavant. Bureau de La Rivière comprit le danger et s'en alla à son château d'Anneau. Jean de Montagu réalisa autant d'argent qu'il put et s'enfuit à Avignon. Jean Le Mercier resta à Paris et s'occupa de mettre en lieu sûr ce qu'il put de sa fortune. Mais il eut l'imprudence de se montrer au palais. Le duc de Bourgogne le rencontra et lui demanda de lui prêter 30 000 écus sur le trésor du roi, ce que Jean refusa de faire sans ordre du roi. Le duc lui dit alors "Vous ne me voulez pas faire ce plaisir ? Je vous asseure que en bref je vous detruiray". Peu de jours après Bureau de La Rivière fut arrêté à Anneau et l'hôtel de Nouvion fut cerné de façon à empêcher Jean d'en sortir. Il dut se constituer prisonnier et fut enfermé au Louvre puis à la Bastille. Ses biens furent confisqués et ses terre furent données à différents personnages. Sa seigneurie de Nouvion-le-Comte fut donnée au sire de Coucy. Cependant les amis des prisonniers ne demeurèrent pas inactifs et après un an et quelques mois de prison ils furent relachés, le 31 janvier 1394. Le roi leur rendit leurs biens meubles et immeubles, à charge de quitter le royaume avant la prochaine mi-carême. Il aurait été exilé à Saint-Georges-d'Espérance, en Isère. A partir de sa délivrance on ne rencontre plus que de rares mentions de Jean Le Mercier.

Dans l'église paroissiale de Boulogne-sur-Seine se trouvent deux dalles tumulaires. La première est celle de Jean Le Mercier, mort le 3 juillet 1397 et la seconde est celle de sa première épouse, Jeanne de Saint-Dizier.



tombe
Dalles funéraires de Jean Le Mercier et de sa première épouse
Eglise Notre-Dame-des-Menus à Boulogne-sur-Seine (Boulogne-Billancourt)




Source : Etude sur la vie de Jean Le Mercier par H. Moranvillé publiée en 1883 par l'Académie des inscriptions & belles-lettres (France)








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