Croÿ

Jean de Croÿ, deuxième du nom, seigneur de Thou-sur-Marne, né vers 1380, est le troisième fils de Jean de Croÿ, seigneur de Croÿ, comte d'Araines et baron de Renty, grand bouteiller de France, conseiller et chambellan des ducs de Bourgogne Philippe le Hardi et Jean sans Peur, tué à Azincourt en 1415 avec deux de ses fils, et de Marie de Craon, dame de Thou-sur-Marne, mère de 17 enfants. Il était surnommé à la houzette car il portait ordinairement des bottes ou bottines, se délectant à la chasse et fauconnerie.

Il se mit, ainsi que son frère Antoine, au service de Philippe le Bon, dont ils conduiront toutes ses affaires en sa vieillesse. En 1429 il est nommé gouverneur du comté de Namur nouvellement intégré aux Pays-Bas Bourguignons. L'année suivante il est créé chevalier de la Toison d'Or, par brevet n°23 donné à Bruges. En 1433 il a l'honneur d'être le parrain de Charles de Valois, dit Charles le Téméraire, plus tard duc de Bourgogne. En 1434 il obtient la charge de Grand-Bailli du Hainaut, qu'il conservera jusqu'en 1456. En 1435, il est un des négociateurs des pourparlers de paix qui aboutirent au traité d'Arras mettant fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Il est alors chargé de soumettre Amiens à l'autorité bourguignonne. En 1436 il commande l'armée de miliciens flamands au siège de Calais.

Lors de la Révolte de Gand (1449-1453) il libére la garnison d'Audenarne assiégée par les Gantois. En 1453, il défait Guillaume de Brunswick près de Thionville et assure ainsi la mainmise ce Philippe le Bon sur le duché de Luxembourg. Le 17 février 1454, il prend part au vœu du faisan (jamais tenu) formulé par Philipe le Bon et sa cour pour aller délivrer Constantinople prise par les Turcs.

Il devint l'un des meilleurs amis du dauphin Louis, futur Louis XI, durant son exil en Brabant de 1457 à 1461 ; il fut notamment le parrain de son fils Joachim de France le 5 août 1459. Quand Charles le Téméraire devint duc de Bourgogne en 1467, il accusa -à juste titre- Jean de Croÿ et son frère Antoine d'avoir été la cause principale de sa longue brouille avec son père, et d'avoir favorisé les intérêts du roi de France au détriment de ceux de Philippe le Bon. L'ordre de la Toison d'Or examina leur cas et ils durent quitter le chapitre de Bruges de 1468, le duc leur ayant fait savoir que s'ils ne jugeaient pas à propos de comparaitre devant sa justice il voulait bien permettre qu'ils se retirassent où bon leur semblerait jusqu'à ce qu'ils fussent mieux conseillés.

L'année suivante, Jean de Croÿ et son fils Philippe, se réconcilèrent avec le duc, qui leur rendit ses bonnes grâces et leur restitua leurs biens (lettres du 3 mai 1469 et 4 septembre 1470). Au mois de janvier 1473, en présence de toute sa cour réunie à Bruges, le duc Charles érigea en comté la seigneurie de Chimay que Jean de Croÿ avait achetée à Thibaut de Soissons, seigneur de Moreuil, et qu'il avait agrandie au moyen de l'échange fait avec Philippe le Bon de neuf villages dits les Neuf villes lez-Chimay. Les lettres patentes qu'il fit expédier à cet effet rendent témoignage des "foy, loyaulté, grand sens, louable expérience, preux et valeureux fais" de Jean et de Philippe.

Lors du chapitre de la Toison d'Or du 5 mai 1473 à Valenciennes Antoine de Croÿ se présenta devant le duc pour reconquérir sa bienveillance. Celui-ci lui répondit que s'il avait rendu ses bonnes grâces au seigneur de Chimay (Jean), c'est que la conduite qu'il avait tenue dans son exil, et le dévouement avec lequel il l'avait servi ensuite, l'en avait rendu digne, mais que le seigneur de Croÿ (Antoine), au lieu de suivre cet exemple, était constamment resté attaché au parti ennemi, manquant ainsi de gratitude pour tous les bienfaits qu'il avouait avoir reçus de la maison de Bourgogne (Notice des archives de M. le duc de Caraman).

Jean mourut à Valenciennes le 25 mars 1473 et fut inhumé dans la collégiale de Chimay. Il avait amassé d'immenses richesses, autant par ses emplois que par ses alliances. Il avait épousé Marie de Lalaing qui lui donna 5 enfants, dont Philippe (1437-1482), 2e comte de Chimay, dont nous descendons.