Challant

La maison de Challant est une famille noble, apparue au XIIe siècle, originaire de la vallée d'Aoste et qui a porté le titre de vicomte d'Aoste jusqu'au XVIe siècle, où le titre passe par mariage à la famille de Madrus. Cette famille de seigneurs aurait reçu son nom au XIIIe siècle par le comte de Savoie Thomas 1er, qui donna le château de la Villa de Challant à cette famille qui en portera le nom. On trouve plusieurs façons d'écrire le nom de cette illustre famille. Si l'article retient le patronyme "Challant", on peut trouver dans certaines anciennes éditions d'ouvrages consacrés à l'histoire de la vallée d'Aoste les patronymes suivant : Challan, Challand, Chalant.

Jacques de Challant, né en 1414, était le fils d'Amédée, conseiller du duc de Savoie, et son ambassadeur, et de Louise de Miolans.

A la suite d'une longue querelle de succession, le titre comtal de son oncle François de Challant, les fiefs liés et la pairie d'Aoste sont assignés à Jacques par lettres patentes du duc de Savoie datées du 30 juin 1456 : « François, 1er comte de Challant, mort en 1442, n'ayant pas eu de descendance masculine, et contrevenant à la loi salique collatérale, s'était fait autoriser par la Maison de Savoie en 1435 à tester en faveur de ses filles. L'une d'elles, Catherine était donc héritière du comté avec notamment le château de Châtillon, mais les autres membres de la famille firent intervenir le duc de Savoie qui nomma héritier Jacques et déclara rebelles Catherine et son mari Pierre d'Introd. Les deux se mirent alors à fortifier le château mais peu de temps après, ils durent capituler sous les attaques de l'armée de Jacques qui démolit l'enceinte du château et endommagea sérieusement les bâtiments. C'est son fils Louis, qui restaura le château. »
17 décembre 1456 « Donation faite par la Dame Catherine de Challant au Comte Iaques de Challant son Cousin, et à ses Enfans mâles de dégré en dégré des Chateaux de S.t Martin de Grane, de Chatillon, de Ville de Challant, et de tous les droits qu'elle pouvoit avoir à Andorn, et Verrés, et du Rachat d'Issogne, jurisdictions, biens, et revenus qui en dépendent, et genéralem.t de tous les biens paternels, maternels, et acquis par elle, et par Pierre Sarriod son Mari dans la Vallée d'Aoste, et Diocese de Verceil, et Ivrée, dans les Paroisses d'Ayaz, Bruzon, Gressoney, Ville de Challant, Chatillon, Verrés, Issogne, Andorn, Ivrée, mandement de Montjouet, et Comté de Challant, à elle parvenus tant par les divisions avec Marguerite sa Soeur, que par les Cessions par cette derniére à elle faites, sous les pacts, et Conditions portées par un autre Contract à part. » (Archives de Turin).

Jacques était le chef de la branche dite de Challant-Aymavilles, du nom de la seigneurie en Piémont dont il fut investi le 4 septembre 1430. Il possédait également dans la vallée d'Aoste les seigneuries de Greines, (avec Saint-Martin, Ayas, Brusson, Gressoney et sa vallée), de Surpierre, Issogne, Châtillon et Verrès, fiefs dont il prit solennellement possession le 14 octobre 1456 ; il reçut en outre du Pape Nicolas V la seigneurie d'Andorno.

Jacques fut créé Chevalier de l'Ordre du collier de Savoie (futur Ordre de la Très Sainte Annonciade), en 1440 (brevet n° 61).

Durant la période 1423-1457, il était Châtelain des châteaux de Chillon, Saint-Brancher, Entremont, Monthey, Châtillon, Cluses, Châtel-Argent, Aoste et Roué. On le trouve présent à l'Audience Générale des vassaux du duc d'Aoste de 1430 et en 1434, il est écuyer du duc de Savoie.

Capitaine des armées du roi Louis XI de France depuis 1442, il fut gouverneur [balivo] de la Vallée d'Aoste de 1442 à 1444, et de Faucigny de 1442 à 1457.

Il fut envoyé par le duc de Savoie en diverses missions, notamment en 1444 auprès du duc de Bourgogne pour des négociations secrètes, en octobre 1448 auprès des envoyés du duc de Bourbon pour la démarcation des frontières du bailliage de la Bresse et en 1449 auprès de Francesco Sforza.

Il portait les titres de Conseiller du duc de Savoie de 1449 et de Conseiller et chambellan du duc de Savoie en 1451.

Commissaire du Duc dans le Val Chiusella contre Tuchini en 1450, il fut nommé Podestat [premier magistrat de la ville] de Verceil [Vercelli] en Piémont par lettres patentes du 21 février 1450, puis Châtelain et gouverneur de cette ville par lettres patentes du 22 août 1450. Il démissionna de ces charges le 28 juin 1451 en échange de la grâce de sa condamnation à l'exil prononcée à son encontre pour avoir conspiré contre l'entourage de la duchesse de Savoie Anne de Lusignan (affaire Compey, un des favoris, considéré comme un traite par les Savoyards, grièvement blessé au cours d'une chasse le 29 août 1447, victime d'un attentat).
« Les conjurés ayant refusé de se présenter devant le duc Louis au Pont-de-Beauvoisin, il les fit bannir à jamais des états de Savoie et demanda aux accusés de rendre le collier, insigne de leur appartenance à l'ordre. Les bannis se réfugièrent à Macon, chez le duc de Bourgogne. Ils écrivirent au pape Nicolas V et au roi de France, comme roi très chrétien, chef de toute la noblesse et protecteur de l'Église. Charles VII n'attendait que cette occasion pour se mêler du gouvernement de la Savoie. Louis devait casser la sentence de Pont-de-Beauvoisin, rappeler les gentilshommes bannis et les remettre dans leurs charges. Bien plus tard, en 1454, l'affaire trouva son dévouement à Chambéry . » [Anne de Chypre, duchesse de Savoie 1418-1462, par Michèle Brocard]

Il a remporté un tournoi lancé par le duc de Bourgogne en 1442, combattu pour le duc de Savoie contre Fribourg en Janvier 1448, a été fait prisonnier par un Borgomanero Bartolomeo Colleoni en 1449 (et la réparation de cette situation, le duc de Savoie a donné les 750 florins par un acte du 14 août 1449), a accompagné l'antipape Felice V de Savoie à Turin en Septembre 1449, a accompagné la comtesse de Fribourg à Rome, en Février 1450.

Il fut témoin du contrat de mariage entre Charlotte de Savoie et le roi Louis XI de France en Février 1451.

Il fit son testament le 5 août 1458 et mourut, moins d'un an après, âgé de seulement 45 ans le 14 juin 1459 à Aymavilles et il est inhumé dans le couvent des Cordeliers d'Aoste. Il avait épousé Jeanne Andrevet fille de Philibert Andrevet seigneur de Corsan et de Beaurepaire et d'Antoinette de Coligny, dame de la cour de Savoie.