Fiche N° 0056

Auteur D. Barbier

19/11/2008

visage

Marie de MONTAUBAN

Ascendant ¤

 Allié ¡

Condamnée à être "enclose et emmurée" en 1471

 

  Image:Armoiries Rohan-Montauban2.png

 

Son sceau est écartelé au 1 et 4 de Rohan et au 2 et 3 de Milan

 

Marie, dame héritière de Montauban, Landal, Romilly, Marigny et dame de la Gacilly (achetée en 1466 à Françoise d’Amboise sa cousine) était la nièce d’Arthur de Montauban, qui avait causé la mort de Gilles, frère duc de Bretagne [1].

Elle n’était guère plus recommandable que lui, puisqu’elle aurait épousé clandestinement Alain de Plumaugat [2], entretenu des relations adultères avec Ambrois Roichelle [3], et empoisonné son premier mari, Louis de Rohan, mort le 15 décembre 1457 en son château de Mortiercrolles en Mayenne et qui avait une piètre opinion de sa femme puisqu’il lui refusait dans son testament la tutelle de ses enfants !

Elle échappa à la justice mais, remariée le 8 novembre 1464 à Georges de la Trémouille (fils de notre ancêtre du même nom), elle récidiva et essaya de faire subir le même sort au premier chambellan du Roi. Mais cette fois elle fut « atteincte, convaivue et emmurée » et resta prisonnière jusqu’à sa mort en 1476. Quelques uns de ses complices furent pendus ou décapités à Tours. Le duc confisqua Landal et les seigneuries bretonnes de Marie de Montauban, ne voulant pas qu’elles restent aux mains d’un mari dévoué à Louis XI et un des chefs de l’armée royale.

 

 

 

Lettres patentes datées à Amboise le 25 août 1471,

autorisant le sire de Craon à tenir sa femme, Marie de Montauban, close et emmurée :

 

 

Loys, par la grâce de Dieu, roy de France, à toux ceulx qui ce présentes lettres verront, salut.

Comme, par procès deuement fait par nostre comission et ordonnace, nous soions applain informez que Marie, dame de Montauban, felle espouse de nostre très chier et féal cousin, conseiller et premier chambellan, le sire de Craon [Georges de la Trémouille], se soit forfaite et à plusieurs personnes, et par diverses foys ait commis adultère, fait faire certains veux, carathères et autres choses contre les termes de nostre foy, et en outre ait voulu pourchasser de le fair mourir par poisons et sur ce traicté et appoincté avecques feu Ambroys Roichelle, qui la connaissoit charnellement et maintenoit en adultère, de bailler et faire user desdiz poisons audit sire de Craon, son mari, au quel Ambroys Roichelle elle avoit promis s’en aller avecques luy et l’espouser et prandre à mary après que ledit sire de Craon seroit mort ; lequel Ambroys Roichelle, pour ces causes et par sa confession, en laquelle il a persévéré jusqu’à sa mort, ait par sentance donnée esté condempné à mourir et ait été exécuté et descapité publicquement en nostre ville de Tours, et à l’eure de sa mort encore dit et confessa, de son propre mouvement ; que ladicte femme le luy faisoit faire. Par quoy notredit cousin, conseiller et premier chambellan, le sire de Craon, et ses parens et amys, voyans la vie et la conversacion de sa dicte femme, et que s’il n’y donnoit provision et qu’elle demeurast en sa liberté, il pourrait être en dangier qu’elle le feist mourir par poisons ou autrement ; aussi pourroit avenir que, par ses adultères, elle pourroit succiter audit sire de Craon ung héritier qui ne seroit point sien et néantmoins se voudroit porter héritier et donner trouble en sa succession qui seroit chose bien pernicieuse, veu qu’il est extraict de grande et noble maison et a de belles et grandes seigneuries qui, par ce moyen pourroit sortir hors de la ligne à qui naturellement et par raison elles appartiennent, nous ont les dictes chose remonstrées, en nous humblement requérant que, sur ce, luy veillons donner et octroyer provision.

Savoir faisons que nous, voulant obvier à l’inconvénient qui à cause de ce pourroit avenir, et ne souffrir ne premettre telz et si détestables cas et crimes estre faiz et traictez par les femmes contre leurs maris, dès tantoust après que lesdiz cas furent venus à connoissance, octroiasmes et permismes audit sire de Craon, et encores à présent, de nostre certaine science, plaine puissance et auctorité royale, avons voulu et ordonné, octroyé et permis, voulons et ordonnons, octroyons et permettons que ledit seigneur de Craon tienne et puisse tenir le corps et la personne de sadicte femme enclose et emmurée en quelque lieu seur, en manière qu’elle ne puisse converser avecques personnes, afin que les adulterres, cas, crimes et inconvéniens dessusdiz ne puissent avenir ; et de ce faire, dès tantoust après la congnoissance desdiz cas, donnasmes et encoures de présent avons audit sire de Craon donné et donnons plain pouvoir et auctorité, sans ce que par justice ne par autrement il en puisse estre repris, ne que par aucuns de noz officiers, par les parens et amis de ladicte femme ne autres quelxconques, luy en puisse estre faicte question ne demande, en pourvoiant toutesfoy ladicte femme de vivre et alimens, vesteures et chaussures convenablement, selon sa neccessité.

Si donnons en mandement à nos amez et féaux gens de nostre grant conseil, gens de nostre court de Parlement et à tous noz autres justiciers et officiers, que nostre présent octroy et permission et de tout le contenu en ces présentes ilz facent, seuffrent et laissent ledit sire de Craon joïr et user plainement et paisiblement, sans luy faire ne donner aucun destorbier ou empeschement au contraire ne pour ce souffrir aucune demande luy estre faicte par aucuns de noz officiers, procureurs, par les parens et amys de ladicte femme ne autres personnes quelxconques, auxquels quand ad ce nous avons imposé et imposons silence perpétuel, sans que eulx ne aucun d’eulx en puisse chose demander audit sire de Craon ne aux siens, en quelque action qu’ilz en voudroient ou pourroient prétendre, Nous, de nostre certaine science, plaine puissance et auctorité royal, avons estainct et aboly, estaignons et abolyssons par cesdictes présentes ; vcar ainsi nous plaist-il et voulons estre fait. En tesmoing de ce, nous avons fait mectre nostre séel à ces dictes présentes.

Donné à Amboise, le XXVe jour d’aougst, l’an de grâce mil cccc soixante unze, et de nostre règne le XIe.

Par le Roy en son conseil : J. DE MOULINS.

 

Marie de Montauban était la fille de Jean, sire de Montauban-en-Bretagne, seigneur de Romilly, de Marilly, et de Landal et de Crespon, chevalier, conseiller et chambellan du Roi, maréchal de Bretagne, puis amiral de France et Grand Maître des Eaux et Forêts de France (1461).

 

Jean de Montauban : Il suivit le duc de Bretagne lorsqu’il alla se joindre aux troupes du Roi pour la conquête de la Normandie ; il se trouva à la prise des villes de Caen, de Cherbourg et de toutes les autres de cette province qu’occupaient les Anglais, et y rendit des services considérables ; en reconnaissance desquels le Roi l’établit bailli de Cotentin à la place de son frère le 19 février 1450.

Il fit hommage le 2 juillet de la même année des terres de Romilly, de Marigny et de Crespon, en rendit aveu en 1457 et obtint du Roi le don de la haute justice dans ces baronnies, étant amiral le 8 octobre 1461.

Le duc de Bretagne lui avait donné le commandement de ses troupes qu’il mena en Guyenne pour la réduction de cette province en 1453, et le roi Louis XI, à son avènement à la couronne, le créa grand maître des Eaux et Forêts, par lettres du 3 août 1461, et amiral de France à la place du comte de Sancerre ; ce prince le fit payer en 1462 de ce qu’il avait avancé pour certains navires pris à Honfleur pour le passage de la reine d’Angleterre.

Dans une quittance qu’il donna le 9 avril 1461, il prend la qualité d’amiral et dans une autre du 28 juin 1462, il y joint celle de Grand maître des Eaux et Forêts du Royaume de France.

Il était à Milan en 1464 et fut présent à la ratification que fit le duc du traité de paix et d’alliance qu’il avait conclu avec le roi Louis XI, qui lui accorda 6430 livres de gratification par lettres données à Poitiers le 22 février 1464.

Il obtint en 1465 droit de justice pour ses terres de Normandie ; et il est employé pour la somme de 7137 livres pour l’entretien de son état au compte de Pierre Jobert, receveur général des finances de l’année 1466.

Il mourut au mois de mai de la même année en la ville de Tours, ayant fait son testament le 29 avril précédent.

 

http://blog.pecia.fr/public/00Montauban_New_York.jpg

               Livre d’Heures [4] de Jean de Montauban

 

 

 

 

http://www.casteland.com/images/chateau/landal/landal.jpg

Château de Landal

C’est Mahaut d’Aubigné qui apporte Landal à la famille des Montauban, en épousant Olivier, compagnon d’armes de Du Guesclin, grand-père de Jean.

 

http://pagesperso-orange.fr/lagacilly.fr/images/chateau/1.jpg

Château de la Gacilly, dont il ne reste plus aujourd’hui que l’emplacement.

 

 

Sources : =================================================

RP Anselme VII page 856 et RP Anselme VIII page 898

Archives d’un serviteur de Louis XI, documents et lettres : 1451-1481, publiés d’après les originaux par Louis de la Trémoille (1888)

Site la Gacilly

 

Lien de parenté : =============================================

Marie de Montauban

Louis de Rohan

Catherine de Rohan

Anne de Malestroit

Simonne d’Avaugour

Guillaume le Séneschal de Kercado

Robert le Séneschal de Kercado

François le Séneschal de Kercado

François II le Séneschal de Kercado

René le Séneschal de Kercado

Louise le Séneschal de Kercado

Jeann-Vincente Thomas

Louise du Bot du Grégo

Charles-Félix d’Amphernet de Pontbellanger

Michel d’Amphernet de Pontbellanger

Marthe Lafreté d’Amphernet de Pontbellanger

Maurice O’Mahony

 

 

 

 



[1]Arthur de Montauban, conseiller et intime du duc de Bretagne était amoureux de la ravissante et riche Françoise de Dinan, promise à Gilles, frère du duc. Arthur, par une dénonciation truquée, obtint du duc la mise à mort de son frère, dans des conditions atroces. Le duc apprenant qu'il avait été trompé, voua à Montauban une haine compréhensible. Ce dernier  se vit alors retiré sa charge de bailli du Cotentin. Il se fit moine par la suite et par l’entremise de son frère Jean, obtint l’archevêché de Bordeaux en 1463.

[2] Par une lettre datée de Rome le 7 mai 1475, le pape Sixte IV charge l’archevêque de Tours de s’enquérir de la validité d’un mariage clandestin fait entre Alain de Plumaugat et Marie de Montauban, felle de Georges de la Trémoille. Il semble que beaucoup de recherches pour éclaircir cette histoire soient restées vaines.

[3] Il fut décapité à Tours pour avoir tenté d’empoisonner le sire de Craon, deuxième époux de Maris.

[4] Un livre d'heures est le type le plus courant d'ouvrage médiéval enluminé. Chaque livre d'heures est unique, mais tous contiennent une collection de textes, de prières et de psaumes avec les illustrations correspondantes et constituant un recueil de base pour la pratique de la religion catholique.