Les armoiries primitives de la famille Chifflet "de gueules, au serpent d'or, ployé en cercle" se chargèrent d'un "sautoir d'argent" en l'honneur de Laurent. Le cimier, "un dragon vigilant" et les supports "deux béliers d'or" seront accordés à Jean-Jacques par le roi Ferdinand II.
Jean-Jacques CHIFFLET
Petit-fils de Laurent, seigneur de Palente, juriste, recteur de l'université de Dôle en 1536, désigné comme l'un des quatre notables représentant la "bannière" de Battant en 1540 et en 1541., "avocat fiscal" en 1542, "juge de la gardienneté" au nom du roi d'Espagne en 1546, au service de l'archevêque en 1550 comme "avocat fiscal de l'officialité", chargé de mission auprès du Parlement de Dole en 1553 puis de la cour de Spire en 1554, conseillé au Parlement de Dole en 1560, inhumé en 1575 à Saint-Pierre de Besançon.
Anobli
par l'empereur à Thionville le 5 novembre 1552, il se voit conférer par ce
même Charles Quint les titres honorifiques de "Conseiller
aulique" et "Comte palatin" le 4 janvier 1555. A cette époque,
Charles Quint était, entre autres, Comte de Bourgogne et de Charolais.
Fils de Jean, seigneur de Palente, né en 1550,
"philosophe et médecin" qui refuse la première chaire de médecine
de l'université de Padoue par amour de Besançon dont il est 4 fois co-gouverneur
de 1587 à 1599, inhumé en 1602 à Saint-Pierre de Besançon.
Jean Jacques voit le jour le 21 janvier 1588 à Besançon où il est baptisé dans l'église Saint-Pierre. Son enfance se déroule entre l'hôtel familial de la rue des Granges, le domaine de Palente et le collège confié depuis 1597 aux jésuites.
Il perd ses parents dès l'adolescence et entreprend, comme son défunt père, des études de médecine, d'abord à Dole, puis à Paris de 1605 à 1607.
Il se rend ensuite près de Berne en Suisse où il observe le cas d'une jeune fille qui ne se nourrissait plus depuis cinq ans. C'est l'occasion pour lui de réaliser sa première publication à Besançon.
Puis il va suivre des cours à Padoue, tout en s'intéressant simultanément aux monuments antiques. Il y soutient plusieurs thèses imprimées qui lui valent, le 6 août 1609 l'anneau d'or, le bonnet, ainsi que diplôme armorié et enluminé, signé de dix maîtres et représentants de diverses nation. Il se livre alors à un long périple italien consacré à la recherche d'antiquités. Il passe par Avignon, Vienne et Lyon et séjourne quelques temps en Allemagne avant de regagner Besançon en 1610.
A Besançon, il se spécialise dans l'étude des plantes médicinales et reçoit pour la comté le titre de "Medicus botanagraphus" des archiducs Albert et Isabelle. L'année suivante il dédie à Jean de Watteville deux livres de Daedalmata édités à Paris. Il publie également les observations médicales rédigées par son père.
En 1613 il épouse Jeanne Baptiste de Maubouhan.
En 1614 il est nommé premier médecin de la ville puis élu notable par la bannière de Saint-Pierre.
En 1615 naît son second fils, Jules, futur chancelier de la Toison d'Or.
En 1616 il est désigné comme gouverneur au titre de la bannière de Charmont (il le sera onze fois de 1616 à 1629).
En 1618 naît sa fille Marie et parait le fameux "Vesontio" auquel s'intéresse immédiatement tout ce que l'Europe compte d'érudits.
En 1621 il se voit décerner par "le sénat et le peuple de Rome" un diplôme de "citoyen romain pour lui et les siens à l'infini". Cet honneur très particulier est enregistré au "papier journal de la cité" de Besançon à la séance du 18 février 1622 par les gouverneurs qui s'empressent alors de le charger d'une mission diplomatique auprès de la cour de Bruxelles.
En 1622, naissance de sa fille, à qui il donna le prénom de l'infante Isabelle.
En 1623, naissance d'André. La cité de Besançon confie à nouveau à son médecin d'aller négocier à Bruxelles le renouvellement du traité de gardienneté avec l'archiduchesse Isabelle. Elle apprécie les brillantes qualités de Jean Jacques et de son frère Philippe qu'elle nomme chapelain de son oratoire. En 1625 elle s'attache Jean Jacques en lui conférant le titre de médecin de sa chambre. Il y fait venir sa famille.
En 1626 l'infante Isabelle l'envoie en mission en Espagne auprès du roi Philippe IV dont il reçoit le titre de médecin de sa chambre. Il y reste six mois et trouve le loisir d'y faire imprimer son "Portus iccius".
En 1628 est imprimé son "Unitas fortis" et par la suite, presque chaque année jusqu'en 1671, un ou deux ouvrages signés du nom de Chifflet sortent des presses de la célèbre imprimerie de Balthasar Moretus.
En 1629 il est pour la première fois élu gouverneur de Besançon.
En 1630 Philippe Eugène naît à Bruxelles. C'est le seul de ses enfants qui laissera une postérité. Il a pour parrain le roi Philippe IV et pour marraine l'infante Isabelle.
Les honneurs continuent de pleuvoir sur Jean Jacques qui est choisi en cette année 1631 pour accompagner à Anvers la reine mère Marie de Médicis et l'infante. C'est également cette année qu'est publiée une traduction française de son ouvrage sur le Saint-Suaire de Besançon.
Le 15 juin 1632 Rodolphe II accorde à Jean Jacques des lettres patentes de chevalier et lui demande de publier une histoire de la Toison d'or qui sort dans l'année.
Le 27 mai 1635 s'éteint Jeanne Baptiste, son épouse et en 1641 c'est le tour de son éditeur Balthasar Moretus.
A partir de 1643 il se fait plus polémiste "Sous les auspices du gouvernement espagnol", il devient selon Castan, "l'antagoniste attitré des érudits français chargés par Richelieu de ravaler la maison d'Autriche et de trouver des aïeux supplémentaires à la maison de Bourbon". Il publie un livre dans lequel il explique que les capétiens ne descendent pas en ligne masculine de Charlemagne mais seulement par les femmes.
En 1645 parait son "Vindiciae Hispanicae", qui, sur le même sujet, provoque une autre polémique. Il répond à ses détracteurs au travers de "Ad vincidias lumina nava" en 1647 et de "Alsatia jure proprietatis" en 1650.
En 1651 il publie "De ampoula remensi" dans lequel il traite de fable l'histoire de la Sainte Ampoule.
En 1655 sort "Anastasis Childerici I", le plus curieux et le plus recherché de ses livres, qui relate la découverte du tombeau de Childéric Ier. Il y soutient que les lys n'ont jamais été le symbole des rois de France, provoquant encore une vive polémique avec Jean Tristan, seigneur de Saint Amand.
Rappelé à Anvers pour y soigner le prince gouverneur Jean Jacques retourne un temps à la médecine mais, trois ans plus tard, il répond au sieur Tristan au travers de "Lillium franciscum"
En 1659 il fait imprimer son dernier ouvrage ... d'où une nouvelle polémique, avec Claude Fabride Pereise cette fois-ci.
En 1660 il célèbre au château de Noironte le mariage de son fils Philippe Eugène avec la fille du seigneur des lieux.
Il meurt à Bruxelles le 20 avril 1673.
Source : « Postérité de Jean-Jacques Chifflet » publiée par l’Association Chifflet